BD-ÉDITION Courrier des bulles

Des engins futuristes, des paysages tourmentés, des personnages bardés d’armures... tout un univers qui semble sorti de la Guerre des étoiles mais qui fut créé bien avant : ce sont Les univers de Druillet, un ouvrage présentant 40 ans de création de Philippe Druillet. Hors BD, ces affiches et peintures de l’auteur de Lone Sloane et Delirius – acryliques privilégiant bleus et rouges agressifs – plongent dans son monde barbare et torturé rempli de guerriers se prenant pour des dieux. (Albin Michel, 80 pages, 35 euros), Le vol d’Icare. Un dictateur mégalomane, un architecte génial mais aliéné, un jeune homme perturbé en quête de liberté : Étienne Schréder reprend la légende du Labyrinthe crétois et le mythe de Dédale et Icare pour les transposer à notre époque. C’est une fable politique sur les dérives de l’Est et de l’Ouest européens, sur le totalitarisme, l’abus de pouvoir mais aussi la décadence. Le vol d’Icare est publié dans la collection Carrément BD à grand format carré des Éditions Glénat et l’auteur a joué dessus : cadrages carrés pour des images d’univers carcéral à la Piranèse. (56 pages couleurs, 14,99 euros), Retour de flammes. L’écrivain Daniel Picouly et le dessinateur argentin José Munoz se sont associés pour Retour de flammes, une politique-fiction où un homme, au faîte de son ascension sociale, à la veille de la consécration de ses ambitions – devenir Premier ministre – est rattrapé par son passé.Texte lisse et dessin tourmenté, jouant sur la lumière du noir et blanc. (Casterman, 80 pages, 11,50 euros), Gong. Laurent Astier, 26 ans, revisite les États-Unis de la fin des années 40 et le monde de la boxe. Il raconte la pègre, les bas-fonds, la mafia, un combat truqué et la vengeance réussie (peut-être) du boxeur floué. Mise en scène très cinéma à la Scorsese ou à la Nicholas Ray. (Vents d’Ouest, 112 pages noir et blanc, 17,99 euros), Magie noire. L’Ivoirien Gilbert G. Groud fait découvrir le côté «noir» de l’Afrique, la sorcellerie et ces confréries d’initiés qui tuent en s’appropriant l’âme de leurs victimes. Pour sa première BD publiée en France, Graud livre un récit fantastique, couleurs sombres et mise en page déstructurée, où l’on ne sait si les sacrifices humains et la magie noire sont réalité ou fantasme, si les sorciers ont un réel pouvoir ou si les victimes se laissent mourir de peur. (Albin Michel, 80 pages, 21,50 euros), Impasse et rouge. Sera, un Franco-Cambodgien dont le père a été assassiné par les Khmers rouges, raconte la période 1970-1975 et son pays mis à feu et à sang, par la voix de Snoul, un soldat perdu. Sera avait réalisé cette histoire-témoignage en 1987 (publiée chez Rackham). Il l’a reprise, retravaillée, passant du noir et blanc au sepia. Rééditée chez Albin Michel, elle s’accompagne d’une préface de l’auteur et d’un dossier historique sur les conflits au Cambodge. (104 pages, 19 euros), Vincent Van Gogh. Peintre, caricaturiste et copiste professionnel d’œuvres d’art, Gradimir Smudja, Yougoslave passé en Suisse puis en Italie, se lance dans la BD. Son Vincent Van Gogh dessiné à la manière de... n’est en rien une biographie, encore moins une hagiographie. C’est une pochade racontant comment Van Gogh, homme sans talent, avait un chat nommé Vincent, qui réalisa tous ses tableaux. En passant, il « dévoile » d’autres escroqueries comme les peintures de Gauguin, œuvres de son perroquet, ou celles de Picasso qui lui aussi avait un chat...