Les Palestiniens redoutent plus de violences

Des responsables de l’Autorité palestinienne et des mouvements radicaux islamistes ont averti que la victoire hier du Likoud aux législatives risquait de provoquer un regain de violence en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. « Les choses vont aller de mal en pis, le processus de paix sera gelé et la situation va se détériorer de plus en plus », a affirmé le principal négociateur et ministre des Collectivités locales Saëb Erakat. « Sharon a réoccupé la Cisjordanie durant son premier mandat et il va maintenant réoccuper la bande de Gaza », a estimé le responsable palestinien. Toutes les villes de Cisjordanie ont été réoccupées depuis juin 2002 par l’armée israélienne à l’exception de Jéricho en vue de tenter de démanteler les cellules d’activistes armés. M. Erakat a toutefois affirmé que « les Palestiniens respectent le choix démocratique des Israéliens et le président (de l’Autorité) Yasser Arafat invite le gouvernement israélien à reprendre les négociations à partir du point où elles ont été stoppées à Taba (Égypte) », en janvier 2001. S’exprimant sur la chaîne satellitaire al-Jazira, le ministre de la Coopération internationale Nabil Chaath a de son côté estimé que « les prochains jours seront très difficiles ». « Nous devons nous y préparer, travailler avec intelligence, unifier nos rangs et agir avec sagesse pour faire face au nouveau gouvernement », a-t-il dit. Nabil Abou Roudeina, principal conseiller du président de l’Autorité palestinienne, a pour sa part affirmé que « le résultat des législatives ne nous a pas surpris, c’est le choix du peuple israélien ». « L’important toutefois est de savoir si le gouvernement (israélien) va poursuivre l’occupation des territoires ou s’il va accepter de reprendre les négociations », a ajouté M. Abou Roudeina en appelant la communauté internationale à faire pression sur M. Sharon pour qu’il opte pour la paix. M. Sharon a appelé à écarter Yasser Arafat et souhaite l’apparition d’une nouvelle direction palestinienne, comme l’ont également fait dans une large mesure les États-Unis. Un dirigeant du mouvement islamiste radical Hamas a exprimé la crainte que la reconduction d’Ariel Sharon ne replonge la région dans la violence. « La victoire de Sharon signifie qu’il va accélérer l’escalade de la violence et de la guerre et augmenter les crimes contre les Palestiniens », a déclaré Abdelaziz al-Rantissi. Il a prédit également une « recrudescence de la résistance armée palestinienne » car il n’y a, selon lui, « aucun autre choix que la résistance ». « Tous ceux qui pensent encore au processus de paix doivent maintenant reprendre les armes. Il n’y aura aucune paix avec lui (Sharon) », a-t-il souligné. Mohammed al-Hindi, dirigeant du Jihad islamique, estime que le seul choix pour les Palestiniens est « la poursuite et le renforcement de l’intifada ». « Sharon n’a pas de programme politique. Son seul programme est un programme de guerre. Pour y faire face, nous devons resserrer nos rangs et poursuivre la résistance », a-t-il dit. M. Raanan Gissin, porte-parole de M. Sharon, avait indiqué dimanche que l’armée israélienne pourrait reprendre le contrôle de la bande de Gaza au cas où les tirs de roquettes par des Palestiniens se poursuivraient de cette région vers Israël. « L’armée israélienne prendra toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à ces attaques terroristes », a souligné M. Gissin à la suite d’un raid israélien mené samedi au cœur de la ville de Gaza, au cours duquel douze Palestiniens ont été tués.