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Téléphonie mobile - La polémique continue d’échapper au cadre institutionnel Le cellulaire entre réalité comptable et combats politiciens

On s’interroge, dans les milieux politiques et économiques, sur les raisons qui empêchent que la ridicule polémique en cours sur la téléphonie mobile ne soit tranchée dans le cadre des institutions de l’État, avant que cette affaire n’ait des répercussions négatives sur la réputation du Liban, et par conséquent, sur la capacité du pays à attirer les investissements. Un certain nombre de députés ont appelé à la tenue d’une séance extraordinaire du Conseil des ministres qui serait consacrée à l’examen du contentieux autour du volume des recettes du cellulaire. L’un d’eux, Abbas Hachem, a proposé la formation d’une commission ministérielle sous l’égide du vice-président du Conseil, Issam Farès, qui serait chargée, avec le concours d’experts indépendants, d’établir un rapport détaillé faisant la lumière sur la réalité du secteur de la téléphonie mobile depuis l’installation des réseaux au Liban, en 1994. Au cas où, en dépit de cette initiative, la polémique continuerait, le même député propose que le gouvernement accepte soit la formation d’une commission parlementaire, soit le recours au parquet financier. M. Hachem, qui représente à la Chambre la région de Jbeil, c’est-à-dire celle du ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, souhaite que ce dernier prenne l’initiative de faire cesser la polémique en cours en transférant tous les documents et dossiers en sa possession aux instances de contrôle financières et judiciaires. Celles-ci seraient alors en mesure de donner leur avis loin de toute considération étroitement politicienne, d’autant que la guerre des chiffres qui oppose le ministre aux médias du chef du gouvernement a rendu l’opinion publique perplexe. Dans les milieux économiques, on estime qu’il n’y avait, à la base, aucune raison pour que la polémique se prolonge autant. Pour de nombreux observateurs dans ces milieux, le Premier ministre, Rafic Hariri, aurait dû répondre séance tenante aux députés qui ont soulevé la question lors du débat budgétaire à la Chambre, en rendant publics les chiffres réels et en en prenant la responsabilité devant le Parlement. En fait, il ne s’agit pas ici d’une proposition à prendre ou à laisser mais tout simplement d’un devoir constitutionnel, dans la mesure où la Loi fondamentale rend le Premier ministre responsable de la politique élaborée et appliquée par le Conseil des ministres. Si les chiffres présentés par le chef du gouvernement se révélaient en contradiction avec ceux du ministre concerné, il reviendrait au Conseil des ministres de trancher la question. À défaut de quoi, la Chambre devrait dire son mot, quitte à poser la question de confiance. En tout état de cause, souligne-t-on toujours dans ces milieux, le processus naturel pour régler ce type de problèmes est de recourir aux institutions et non pas de se laisser aller à des tiraillements politiques hors du cadre de ces institutions. L’opinion publique veut connaître la comptabilité réelle concernant le volume des recettes du cellulaire et non pas des chiffres qui dissimuleraient des objectifs politiciens. Parce qu’on est bien conscient, dans les cercles informés, du fait que, d’une part, il est possible d’avancer des chiffres démontrant que l’État serait bénéficiaire s’il maintenait sa gestion du secteur, et de l’autre, qu’il gagnerait au contraire à le livrer aux opérateurs les plus offrants. Déplorant la tournure prise par le litige, qu’il juge néfaste pour le gouvernement et pour le pays, le ministre des Déplacés, Marwan Hamadé, a proposé que l’on mette la polémique de côté et que l’on se mette d’accord sur un cahier de charges garantissant le plus gros revenu possible au Trésor, à condition qu’une partie de ce revenu soit versée à l’État immédiatement et en argent liquide et qu’une autre partie lui revienne du maintien de sa participation dans le secteur. En attendant, et comme l’a déjà fait savoir le Premier ministre, la bataille se poursuit, puisque, selon lui, le dossier du cellulaire n’est nullement inclus dans la trêve imposée par Damas entre Baabda et le Grand Sérail. En tout état de cause, soulignent les observateurs, il ne faudrait pas qu’elle s’achève par de quelconques pirouettes empêchant que la vérité ne soit définitivement établie. Émile KHOURY
On s’interroge, dans les milieux politiques et économiques, sur les raisons qui empêchent que la ridicule polémique en cours sur la téléphonie mobile ne soit tranchée dans le cadre des institutions de l’État, avant que cette affaire n’ait des répercussions négatives sur la réputation du Liban, et par conséquent, sur la capacité du pays à attirer les investissements....