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MANIFESTATION - Le bloc Hariri revient sur sa décision, les blocs Joumblatt et Berry la maintiennent La CGTL n’exclut pas une grève générale ouverte après le mouvement revendicatif de cet après-midi

C’est incontestablement le commentaire de la Fédération des Ligues libanaises chrétiennes qui décrit le mieux le mouvement de protestation de la CGTL, aujourd’hui, contre la politique fiscale et socio-économique du gouvernement : « Une manifestation contre X. » Et pour cause : des membres du gouvernement soutiennent la marche des syndicats contre la politique fiscale et socio-économique, établie par l’équipe Hariri. Selon le chef de la centrale syndicale, Ghassan Ghosn, le ministre de la Santé, Sleiman Frangié, a assuré qu’il demandera à ses partisans, au Liban-Nord, de prendre part à la manifestation, au moment où les députés haririens annonçaient en soirée qu’ils ne participeront plus à la marche de protestation du moment que les revendications syndicales ont été pour la plupart satisfaites. Tel n’est pas cependant l’avis du chef de la CGTL, qui a estimé hier qu’une part « infime » des exigences syndicales, intéressant principalement les enseignants, a été satisfaite. « Mais le problème principal, concernant notamment l’annexe n° 9 et les impôts qui touchent 95 % de la population, ainsi que les fonds gelés dus à la CNSS, n’a toujours pas été réglé. » La manifestation aura donc lieu, comme prévu, à 15h, de Barbir jusqu’à la place Riad el-Solh, en passant par la place de l’Étoile. Elle ne sera cependant pas ponctuée d’une grève dans les écoles et les établissements publics, du moment que les impôts contestés par les enseignants et les fonctionnaires avaient été supprimés. Fadlallah : « Planifier davantage » À la veille de la manifestation, le directoire de la centrale syndicale a poursuivi sa tournée auprès des leaderships politiques et religieux. Il a expliqué ses revendications au patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, au métropolite Élias Audeh, à l’uléma Mohammed Hussein Fadlallah, au ministre Frangié, au député Omar Karamé et à l’ancien chef du gouvernement, Rachid el-Solh. Cheikh Fadlallah devait notamment mettre en garde la CGTL contre les tentatives de court-circuitage de son action. Celle-ci, a-t-il déclaré devant ses interlocuteurs, devrait être planifiée davantage. « Étant donné les complications politiques dans le pays, nous avons besoin de vérifier la nature exacte d’un mouvement revendicatif parce qu’il est possible de le court-circuiter par plusieurs moyens. » Pour sa part, M. Ghosn a brandi la menace d’une escalade, n’excluant pas une grève générale ouverte, après avoir expliqué à la presse qu’une partie seulement des revendications syndicales a été satisfaite. Il a indiqué qu’il sera plus explicite après la manifestation, invitant « tous ceux qui sont lésés par le système fiscal injuste en vigueur à participer à ce mouvement ». Le président de la CGTL a précisé qu’il a invité le ministre de la Santé à s’y associer « du moment qu’il représente une large frange de la population, constituée de travailleurs comme nous ». Selon ses explications, M. Frangié a assuré qu’une importante délégation du Liban-Nord sera présente à 15h à Barbir. Au journaliste qui lui faisait remarquer que la marche de protestation envisagée sera « une manifestation du gouvernement contre lui-même », M. Ghosn n’a pas répondu, se contentant de déclarer : « Elle est organisée pour ceux qui souffrent à cause de la politique du gouvernement et pour ceux qui ont conscience de la douleur de la population. » La CGTL juge que ses revendications n’ont pas été satisfaites, mais le bloc parlementaire du chef du gouvernement, Rafic Hariri, ne semble pas du même avis. Le bloc, qui a tenu une réunion en soirée, a estimé que les amendements introduits par la commission des Finances au projet de budget répondent aux vœux des syndicats, soulignant que les raisons pour lesquelles il comptait prendre part à la manifestation ne sont plus valables, avant d’annoncer qu’il n’y participera pas. Tel n’est pas le cas cependant des blocs Joumblatt et Berry, dont certains membres marcheront aux côtés des syndicats. Virulentes critiques de l’opposition Mais la présence à la manifestation de figures proches du gouvernement et, surtout, la décision du bloc Hariri, maintenue jusqu’en milieu de soirée, d’y prendre part ont eu pour effet de dissuader des pôles de l’opposition de s’associer au mouvement revendicatif. Dans la journée, le Renouveau démocratique de M. Nassib Lahoud et les députés Nayla Moawad, Neemetallah Abi Nasr et Farès Boueiz avaient tous annoncé qu’ils renonçaient de participer à la manifestation, tout en continuant de soutenir les revendications des travailleurs. Le Renouveau démocratique de M. Nassib Lahoud a vivement dénoncé une « tentative de récupération » , pendant que les députés Nayla Moawad et Neemetallah Abi Nasr critiquaient violemment les loyalistes « qui tournent en dérision les revendications populaires ». « Le RD a décidé de renoncer à cette participation, puisque les forces du pouvoir se sont donné le mot pour court-circuiter moralement et politiquement le mouvement de protestation et pour essayer de le vider de son sens, sachant qu’elles sont en premier lieu responsables des difficultés sociales de la population, de la crise financière et économique et de la dislocation du mouvement syndical », a indiqué le Renouveau démocratique dans un communiqué. Le parti de M. Nassib Lahoud a aussi dénoncé « les méthodes de récupération auxquelles les forces du pouvoir ont recours ». Celles-ci, a-t-il jugé, « ébranlent davantage le système démocratique et s’ajoutent au registre des forces du pouvoir, riche en pratiques similaires, comme l’oppression des libertés, le partage du gâteau au niveau étatique et l’abus de pouvoir ». De son côté, Mme Nayla Moawad a nommément accusé le bloc Hariri d’avoir cherché à « vider la manifestation de son sens et à ridiculiser le mouvement revendicatif ainsi que la liberté d’expression ». Selon elle, « la mascarade d’aujourd’hui nous rappelle une autre, qui était aussi l’œuvre des forces loyalistes, lorsque ces dernières avaient participé au congrès sur les libertés qui avait été organisé par l’opposition, après la fermeture de la MTV ». M. Abi Nasr a dénoncé une « débauche politique devenue telle que des ministres et des députés proches du gouvernement n’hésitent pas à s’associer à un mouvement de protestation pour tourner en dérision les revendications d’une population lésée par la mauvaise gestion de ce gouvernement ». S’en prenant vivement aux ministres et députés loyalistes, M. Abi Nasr a rappelé qu’ils « appuient depuis 1993 la politique des équipes minsitérielles successives qui ont noyé le pays de dettes, dilapidé les fonds publics et provoqué un chômage à l’origine de l’émigration massive des jeunes ». « Si ceux qui prétendent défendre les intérêts de la population sont sincères, ils n’ont qu’à retirer la confiance qu’ils ont accordée au gouvernement et à voter contre le budget », a-t-il renchéri, pendant que la Fédération des Ligues chrétiennes critiquait la façon avec laquelle le gouverement réagit aux revendications des travailleurs, qu’elle a affirmé soutenir, avant de se dire étonnée de ce que « la manifestation soit devenue contre X ». M. Farès Boueiz a pour sa part invité la CGTL à « nettoyer ses rangs et à refuser la participation de ceux qui font de la surenchère », en allusion aux courants loyalistes, « pour que la manifestation ne se transforme pas en mascarade ».
C’est incontestablement le commentaire de la Fédération des Ligues libanaises chrétiennes qui décrit le mieux le mouvement de protestation de la CGTL, aujourd’hui, contre la politique fiscale et socio-économique du gouvernement : « Une manifestation contre X. » Et pour cause : des membres du gouvernement soutiennent la marche des syndicats contre la politique fiscale et...