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Hariri, lâché par les Murr père et fils, refait les yeux doux à Berry et Joumblatt

Embarras, confusion et trouble. Voilà ce que l’affaire NTV a créé au sein de la grande famille du pouvoir. Notamment entre le Premier ministre, Rafic Hariri, et le député du Metn, Michel Murr (lequel avait participé au rapprochement des deux pôles de l’Exécutif). Embarras, confusion et trouble que l’on continue d’observer entre Baabda et Koraytem. Des relations désormais tristounettes, où le mécontentement est toujours roi. Surtout que les médiations tous azimuts de l’autre membre de la troïka, le président de la Chambre Nabih Berry, n’ont pas réussi à ramener Rafic Hariri à sourire de nouveau. Pourquoi le Premier ministre continue de bouder ? Parce qu’il en veut à ses alliés au sein du pouvoir (plus particulièrement, répétons-le, le plus nouveau d’entre eux : Michel Murr) de ne pas l’avoir soutenu au moment de l’affaire NTV – cette chaîne de télévision qui n’a de cesse de dynamiter, de vitrioler, l’image du maître de Koraytem. Le problème est que ces alliés en question ne se sont pas contentés de ne pas le soutenir, ils ont carrément soutenu la NTV, sans même prendre la peine de le contacter. Ils se sont empressés, regrettent les sources proches du Premier ministre, de se ranger derrière le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, lorsqu’il a pris la décision d’autoriser la rediffusion sur satellite de la chaîne incriminée sans même en avoir averti, au préalable, le chef du gouvernement. Ces mêmes milieux s’interrogent surtout sur les raisons qui ont motivé, entraîné, poussé les alliés de Rafic Hariri à le lâcher, et le chef de l’État à ne pas lui assurer un minimum de couverture dans toute cette affaire. Surtout qu’il s’agit, dit-il, de diffamation personnelle de la NTV contre lui, et de tentatives quotidiennes de souiller son image. Ils vont même plus loin : ils rappellent que lorsque Gabriel Murr s’était adressé au chef de l’État, à la veille de sa tournée dans le Metn, pour lui demander de « cesser d’écouter le Superministre », le tollé a été général et tonitruant, et a entraîné la fermeture définitive de la chaîne de télévision, puis l’annulation de la députation de Gabriel Murr. Les milieux proches de Koraytem précisent qu’à l’époque le Premier ministre s’est suffi d’appuyer, dans ce conflit, ses alliés, et avait dit niet aux demandes que lui avait faites le même Gabriel Murr. Rafic Hariri pensait que Michel Murr allait lui rendre la pareille. Chose qui n’a pas eu lieu. Les observateurs politiques ont d’ailleurs été surpris par le fait que Michel Murr ne s’est pas réuni avec le Premier ministre, qu’il a cessé de jouer le go-between entre Baabda et Koraytem... Et que même son fils, le ministre de l’Intérieur Élias Murr (un grand artisan du lavage des cœurs des deux présidents, dans le but de permettre au pouvoir d’écraser l’opposition), a disparu de la scène locale et a mis un terme à sa réunion hebdomadaire avec le Premier ministre. Ainsi, à la lumière de tout cela, plusieurs questions ont fini par se poser d’elles-mêmes : quel avenir pour la relation Hariri-Murr ? Quel avenir pour les rapports des nos 1 et 3 de l’État ? Est-ce que le nuage noir de la NTV demeurera ad vitam eternam au-dessus des cieux lahoudo-haririens, ou finira-t-il par disparaître un jour ? Tout cela a entraîné, de facto, une nouvelle physionomie du paysage politique. Par le biais d’une refonte des alliances. Surtout que le gouvernement doit s’assurer, vote du budget oblige, d’un indispensable soutien sur l’échiquier politique. Ainsi, Rafic Hariri, comme d’autres chez leur mère après une grosse scène de ménage, s’en est retourné chez ses alliés d’hier : Nabih Berry (le président de la Chambre) et Walid Joumblatt (le patron d’un des trois plus grands blocs parlementaires). Une opération yeux doux en direction du seigneur de Moukhtara et une écoute plus qu’attentionnée de ses desiderata, le tout pour garantir le oui de la Rencontre démocratique le jour du vote. Même opération de charme avec le locataire d’Aïn el-Tiné, qui ne cesse de répéter que l’actuel cabinet est mort, incompétent, et incapable d’affronter les développements de l’heure. Et même but : que le budget 2003 (celui « de la dernière chance ») passe au Parlement, avec le moins de dommages possibles. Tout en conservant les 25 % de déficit budgétaire. En toile de fond, les milieux proches de Koraytem craignent que n’ait déjà commencé la campagne de dynamitage des effets de Paris II. Et que tout ce qui se passe actuellement ne soit en fait des bâtons jetés dans les roues de l’équipe Hariri, destinés à empêcher ce dernier de se poser en sauveur et en triomphateur du marasme économique. En écho à ce qu’il avait claironné lors de son interview télévisée en début d’année : à savoir que malgré les attaques de toutes parts dont il a été la cible, il a réussi à réaliser de très grandes choses, voire même des « miracles », en faisant basculer la situation financière et économique du pays et en le mettant sur les rails de la détente. Et que tout le monde dira : « Il y avait un avant-Paris II et un après-Paris II. » Les sources proches des nombreux médiateurs soucieux de voir les cœurs se relaver à grandes eaux indiquent que même après qu’il s’en soit retourné à ses anciens alliés Berry et Joumblatt dans un vibrant SOS, Rafic Hariri va faire en sorte de garder de bonnes relations avec Émile Lahoud. Ou bien qu’il n’y ait qu’un minima qui n’entraverait pas la bonne marche de la chose publique et des affaires de l’État. Surtout que le gouvernement est face à de nombreuses échéances en ce qui concerne la réforme, et qu’il a besoin du soutien de Baabda sans lequel l’équipe en place ne pourrait rien faire. Voilà pourquoi, confirment des sources autorisées, le locataire du Sérail va faire plaisir au tandem Berry-Joumblatt (certaines taxes et autres impôts vont être annulés). Ainsi, avec ces deux blocs, plus le sien, il garantira le vote du budget sans avoir besoin d’aller glaner des voix auprès de nouveaux alliés ou auprès de la première présidence. Philippe ABI-AKL
Embarras, confusion et trouble. Voilà ce que l’affaire NTV a créé au sein de la grande famille du pouvoir. Notamment entre le Premier ministre, Rafic Hariri, et le député du Metn, Michel Murr (lequel avait participé au rapprochement des deux pôles de l’Exécutif). Embarras, confusion et trouble que l’on continue d’observer entre Baabda et Koraytem. Des relations...