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Présidence de la République - Cérémonie annuelle des vœux du corps diplomatique au chef de l’État « La force du Liban : une justice équitable, des institutions sécuritaires unies », martèle Lahoud (photo)

C’est vers onze heures du matin, hier, que les 54 ambassadeurs, les 16 chargés d’affaires et les 17 directeurs d’organisations onusiennes ont commencé à arriver au palais de Baabda, pour assister à la cérémonie annuelle des vœux du corps diplomatique au chef de l’État, Émile Lahoud. Une cérémonie qui s’est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, et du directeur général du palais Bustros, Mohammed Issa, et qui a été ponctuée par deux interventions. Celle, d’abord, du président Lahoud, qui a commencé par évoquer les événements historiques qu’a connus le Liban au cours de l’année 2002 (le sommet arabe, celui de la francophonie, Paris II et la signature de l’accord avec l’Union européenne), avant de s’arrêter sur les inquiétudes en ce début 2003 : « Inquiétude sur le sort de la paix et de la justice ». Il a ainsi énuméré les exactions israéliennes, tant au Liban-Sud que dans les territoires palestiniens, évoquant également l’Irak, pour se consacrer, ensuite, à la situation interne. « La force du Liban est sauvegardée par une justice équitable, et protégée par des institutions sécuritaires unies. Celles-ci sont aujourd’hui la cible de certaines factions qui veulent replonger le Liban dans le chaos. (...) L’État est attaché à assurer un climat de liberté et à garantir à tous les citoyens leurs droits et, justement, leur entière liberté », a martelé le n°1 de l’État. Le président Lahoud répondait au discours du doyen du corps diplomatique, le nonce apostolique, Mgr Luigi Gatti, qui a déclaré, s’adressant au chef de l’État, être « conscient de l’importance de la noble tâche (du président Lahoud) d’instaurer une vie politique vraiment humaine ». Souhaitant que les Libanais « puissent s’entraider et faire de leur mieux pour vivre dans un cadre de paix solide et durable ». Le climat d’inquiétude Voici, d’abord, le discours du chef de l’État, prononcé en français : « Son Excellence le Nonce apostolique, doyen du corps diplomatique, Excellences, Mesdames, Messieurs les ambasadeurs, Il m’est particulièrement agréable en cette nouvelle année que nous fêtons ensemble de vous remercier de ce que vous venez d’exprimer comme sentiment d’amitié et d’affection envers le Liban. Je voudrais par votre intermédiaire transmettre mes vœux les plus chaleureux ainsi que les vœux du peuple libanais à Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, aux reines, rois, présidents et princes que vous représentez, ainsi qu’à vos peuples frères et amis, en espérant que la nouvelle année sera celle de la justice et de la paix dans le monde. L’année qui s’est écoulée était celle des événements historiques pour le Liban et celle de la confirmation de la confiance internationale en notre pays, comme vous l’avez mentionné dans votre discours. C’est avec fierté que l’on se souvient de la tenue du sommet de la réconciliation arabe, qui a lancé l’initiative de paix arabe qui demeure le fondement de toute solution durable, globale et juste au conflit israélo-arabe, puisqu’elle s’appuie sur les résolutions des Nations unies et confirme le droit au retour des Palestiniens ainsi que l’interdiction de leur implantation. Le sommet de la francophonie a en outre consacré le Liban dans son rôle de pays du dialogue des cultures, et a été une réponse claire à ceux qui prédisaient le choc certain des civilisations. Ensuite la conférence de Paris II, précédée par la signature par le Liban de l’accord de partenariat euro-méditerranéen sont venus traduire la confiance en l’avenir du Liban ainsi que dans les mesures de réforme économique entreprises par l’État. Je voudrais, par votre intermédiaire, transmettre mes remerciements à chacun des pays qui nous ont aidés, et qui ont cru en nos efforts et en notre détermination à vouloir renforcer nos impératifs de redressement économique à travers une réforme que nous avons voulu entreprendre sous le signe de la transparence. Cette nouvelle année débute dans un climat d’inquiétude qui règne sur le monde entier : inquiétude sur le sort de la paix et de la justice. D’autant plus que les résolutions des Nations unies semblent être bafouées, tandis que la stabilité et la sécurité mondiales sont exposées à la logique du plus fort au détriment de celle du droit. À commencer par le Liban-Sud, qu’Israël prend pour cible en exerçant des pressions pour nous empêcher d’utiliser notre eau à laquelle nous tenons, conformément aux conventions et au droit international ; en passant par les allégations de l’État hébreu contre le Liban et sa résistance, et contre la Syrie. Israël profite des menaces de guerre et de la campagne contre le terrorisme, après les événements du 11 septembre 2001, pour réaliser ses visées. Comme en Palestine où la machine de guerre israélienne écrase tout un peuple et ses moyens d’existence, et comme en Irak, autour duquel se resserre l’étau militaire et s’accentuent les menaces de guerre, malgré la coopération de ce pays et son acceptation inconditionnelle des résolutions des Nations unies et de la mission des inspecteurs internationaux. La solidarité libano-syrienne « Face à ces réalités, le Liban affirme son attachement à ses options nationales qui lui ont assuré une stabilité interne, qui était et qui demeure sa principale force. Cette force est sauvegardée par une justice équitable, et protégée par des institutions sécuritaires unies. Celles-ci sont aujourd’hui la cible de certaines factions qui veulent replonger le Liban dans le chaos, et qui ignorent que les Libanais ont appris les leçons du passé, et ont décidé de ne compter que sur eux-mêmes et de protéger leur unité nationale sans risquer de nouveau leur avenir. D’autant plus que l’État ne permettrait pas l’effritement de ce qui a été réalisé sur le plan national : il est attaché à assurer un climat de liberté et à garantir à tous les citoyens leurs droits et, justement, leur entière liberté – surtout en ce qui concerne leur participation à la vie publique dans toutes ses composantes. De plus, l’État encourage les jeunes à participer à la construction de l’avenir de leur patrie. Sauf que cette liberté-là n’admet pas que le Liban cause du tort aux pays frères et amis, notamment ceux qui nous ont soutenus et qui nous soutiennent dans la consolidation de la paix civile et de la stabilité, et à leur tête la Syrie, qui nous a aidés dans tous les domaines. Ces liens de fraternité et de coopération entre nos deux pays sont un exemple de solidarité à donner à tous les peuples. Le Liban est devenu la terre de résistance par excellence, il est à l’origine le pays de la coexistence par excellence et nous voulons qu’il devienne le pays de la justice par excellence. En ma qualité de président du sommet de la francophonie, j’invite tous les pays frères et amis à adopter la logique de la justice au lieu de la logique de la force afin de résoudre les conflits entre les nations et d’œuvrer pour appliquer toutes les résolutions des Nations unies afin d’instaurer une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient en vue de mettre fin aux guerres en cours et d’empêcher des guerres éventuelles », a conclu le chef de l’État. Une vie politique « vraiment humaine » Le président Lahoud répondait au discours du doyen du corps diplomatique, le nonce apostolique Mgr Gatti. Un discours dont voici de très larges extraits : « Monsieur le Président, Voilà, pour la deuxième année, que je me retrouve avec joie et dans ces lieux, en ma qualité de doyen du corps diplomatique, pour présenter à votre Excellence, et en votre personne, à tous les Libanais, les vœux les plus cordiaux et les plus fervents, au nom des chefs de mission et de tout le corps diplomatique accrédité au Liban. J’ai en même temps le grand honneur d’exprimer à Votre Excellence les meilleurs vœux du Saint-Père, des chefs d’État, des autorités et des peuples que nous avons le privilège de représenter dans ce cher pays qu’est le Liban. C’est une occasion pour vous exprimer, Monsieur le Président, ainsi qu’aux autorités de l’État, notre profonde reconnaissance et notre grande estime pour les marques de courtoisie et pour la collaboration qui nous sont d’une si grande aide dans l’accomplissement de notre mission. Nous tenons aussi à adresser nos vœux et nos remerciements à tous les fonctionnaires de la présidence de la République, du Parlement, de la présidence du Conseil des ministres et du ministère des Affaires étrangères, pour leur dévouement et leur sincère collaboration. Durant l’année écoulée, le Liban a connu de grands événements. Je ne citerai que quelques-uns, parmi lesquels : la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne ; la tenue du sommet des chefs des États de la Ligue arabe à Beyrouth ; l’inauguration de la station de pompage du Wazzani ; la tenue du sommet de la francophonie à Beyrouth et la réunion de Paris II des pays donateurs et amis du Liban, dont l’objectif a été de soutenir l’économie libanaise et lui assurer un soutien financier. Ce sont des événéments qui reflètent la « confiance » dans le Liban, qui a réussi à obtenir la solidarité de la communauté internationale et son soutien moral et financier. Ces événements sont aussi la preuve de l’importance du Liban et de son rôle au sein du concert des nations est appelé à renouer avec sa vocation d’exemple de coexistence et de convivialité. Depuis, vous ne cessez, Monsieur le Président d’encourager le gouvernement et les différents responsables concernés, à se consacrer aux dossiers de redressement, à prendre les mesures susceptibles d’alléger les dettes, à trouver des solutions à la crise socio-économique qui pèse lourdement sur les familles et l’ensemble du peuple libanais. Parce qu’au service de l’homme, l’activité économique devient une source de fraternité et de solidarité. « Le pape Jean-Paul II, dans son message pour la Journée mondiale de la paix de cette année 2003, dit ceci : “À l’aube d’une nouvelle année dans l’histoire de l’humanité, c’est là le vœu qui monte spontanément du fond de mon cœur : que dans tous les esprits puisse jaillir un élan d’adhésion afin de rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la vérité, de la justice, de l’amour et de la liberté.” » Nous sommes conscients, monsieur le président, de l’importance de votre noble tâche d’instaurer, dans votre cher pays, une vie politique vraiment humaine, car rien n’est plus important que de développer le sens intérieur de la justice, de la bonté, le dévouement au bien commun, et de renforcer les convictions fondamentales sur la nature véritable de la communauté politique, comme sur la fin, le bon exercice et les limites de l’autorité publique. » « Des raisons d’espérer » « Nous souhaitons, de tout cœur, que les Libanais puissent s’entraider et faire de leur mieux pour vivre dans un cadre de paix solide et durable. Une paix qui soit l’œuvre de la justice, mais surtout l’œuvre de la charité et de l’amour, car il est difficile de réaliser la paix sans amour. En outre, nous constatons que les Libanais aiment prendre part activement à la vie publique : c’est là un droit inhérent à leur dignité de personnes. Et vous tenez à profiter de chaque occasion nationale pour stimuler chez tous la volonté de prendre part aux entreprises communes. N’est-ce pas là votre conviction, Monsieur le Président, que l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain, dans un esprit d’égalité et de participation, des raisons de vivre et d’espérer ? La dimension éthique d’un pays devrait être avant tout fondée sur le concept de solidarité. Les graves problèmes économiques et sociaux auxquels tout citoyen fait face ne pourront être résolus que si une solidarité d’un nouveau genre voit le jour. Les différentes institutions et organisations sociales, tout comme l’État, doivent participer à la promotion d’un mouvement général de solidarité entre les différentes couches sociales de la population. « À cette occasion, nous nous rappelons, tous, les souhaits de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, et nous faisons nôtres ses propos exprimés aux Libanais, dans sa fameuse lettre du 1er mai 1984 : “Chers Libanais, ces trop longues années de guerre ne doivent pas entamer votre confiance dans le Liban lui-même. Elles constituent une valeur de civilisation précieuse : que l’on songe à ce que l’humanité tout entière doit au Liban depuis la lointaine époque des Phéniciens. Tous les pays amis de la paix et de la liberté ne peuvent qu’offrir leur appui pour aider le Liban à retrouver sa physionomie originale qui sera l’œuvre patiente et généreuse des seuls Libanais. C’est pourquoi il est impérieux que chaque citoyen libanais garde une totale confiance en l’homme. Songez, en effet, chers Libanais, à ce que vous avez été capables de construire ensemble : une société de dialogue et de prospérité que beaucoup enviaient... Chaque Libanais est finalement responsable de son pays. Chacun doit être prêt à faire un examen de conscience, à renoncer à quelque chose, à se remettre en question pour que prévalent les valeurs partagées par tous : la droiture morale, le souci de la vérité, le sens de l’Homme, la vraie solidarité, la défense des libertés et le respect des traditions...” », a conclu le nonce apostolique, en finissant de citer la lettre du pape.
C’est vers onze heures du matin, hier, que les 54 ambassadeurs, les 16 chargés d’affaires et les 17 directeurs d’organisations onusiennes ont commencé à arriver au palais de Baabda, pour assister à la cérémonie annuelle des vœux du corps diplomatique au chef de l’État, Émile Lahoud. Une cérémonie qui s’est déroulée en présence du ministre des Affaires...