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L’opposition enfonce (bien volontiers) le clou des dérives du système

Pourquoi la crise ? Parce que, répondent des opposants, le lavage des cœurs a gommé les institutions des tablettes. Et parce qu’il s’est limité aux présidents sans s’étendre aux autres composants de la vie publique. Si le gentleman’s agreement avait été généralisé, l’on aurait tout naturellement opté pour un règlement objectif de toute divergence. En recourant à l’arbitrage des lois comme des institutions, sans que cela ne froisse personne. Ces opposants, qui ont évidemment l’affaire de la MTV particulièrement à cœur, relèvent que si l’on avait respecté les normes, si les organismes constitués n’étaient pas privés de leur rôle, ce dossier aurait été traité par le Conseil national de l’information. De manière plus générale, martèlent ces sources, le blocage depuis de longs mois du vote, procédure ordonnée par la Constitution en cas de différend en Conseil des ministres, offense la démocratie et freine l’État. En laissant les mains libres, comme on le voit, à la personne des dirigeants qui, à tour de rôle, tranchent des questions à leur gré, en fonction sans doute de leurs pulsions ou de leurs intérêts politiques. Sans hésiter à mouiller, comme on dit familièrement, une justice dont les décisions sont malheureusement souvent entachées de politisme, au lieu d’être purement juridiques. Pour ces sources, l’on aurait dû, afin de se conformer à l’ordre logique des séquences, commencer par enjoindre à la MTV de cesser ses présumées gesticulations visant les hautes autorités. Sous peine de sanctions légales qui seraient effectivement tombées sur elle si elle avait fait la sourde oreille à de tels avertissements. Parallèlement, toujours selon les mêmes opposants, le Conseil constitutionnel, saisi d’un recours en invalidation de l’élection de Gabriel Murr, aurait dû, normalement, ou bien débouter le plaignant, ou bien lui donner gain de cause. C’est-à-dire ordonner une nouvelle partielle. Sans essuyer un feu roulant de critiques à cause d’un verdict qui outrepasse visiblement sa fonction, purement judiciaire et administrative, en lui permettant de se substituer à l’électorat. Passant au cas de la NTV, les opposants, se référant toujours à la ligne normale, indiquent que l’arrêt de la diffusion satellitaire aurait dû nécessairement faire l’objet d’un arrêté du Conseil des ministres, éventuellement réuni à titre exceptionnel. Rien dans les lois, soulignent ces sources, n’autorise le chef du gouvernement à demander au ministre des Télécommunications une telle mesure. De même, une fois la diffusion stoppée, fut-ce illégalement, elle ne peut être rétablie que sur ordre du Conseil des ministres, non pas sur initiative du seul ministre des Télécoms. Donc, à en croire ces sources, les deux parties opposées du camp loyaliste se sont à tour de rôle mises dans leur tort, en termes de constitutionnalité. Et d’insister : le Conseil des ministres ne devait pas ignorer, comme il l’a fait, l’affaire de la MTV. Pareillement, le régime n’aurait pas dû, par crainte d’un vote défavorable sans doute, refuser la demande haririenne d’une réunion pour la NTV. Pour sa part, le président Hariri réclame un traitement égal. C’est-à-dire il veut que tout comme la MTV a été fermée parce qu’elle avait débordé les lignes rouges en attaquant le président de la République, la NTV soit sanctionnée parce qu’elle s’en prend violemment à lui, en enfreignant les lois. Dans la même logique, le président du Conseil pense que la MTV peut rouvrir, comme la NTV a pu reprendre ses émissions, en signant un simple engagement de conformité aux lois et aux directives. Pour lui ou bien les deux chaînes doivent être suspendues ou aucune. Un point de vue que partage, sur le plan du principe, le juriste-député Boutros Harb. Qui va plus loin dans les faits, en relançant le parquet au sujet des infractions commises lors des élections générales par la Future TV et par Télé-Liban. En pratique, que peut-il se passer ? Selon des sources ministérielles, l’affaire de la NTV pourrait susciter une réconciliation qui, cette fois, serait générale. Ce qui impliquerait un nouveau verdict de justice libérant la MTV de ses chaînes. Ou alors, supputent ces mêmes sources, la crise va dégénérer, avec des conséquences imprévisibles à ce stade. Mais, à cause de la vigilance des décideurs, cette hypothèse leur paraît peu probable. Émile KHOURY
Pourquoi la crise ? Parce que, répondent des opposants, le lavage des cœurs a gommé les institutions des tablettes. Et parce qu’il s’est limité aux présidents sans s’étendre aux autres composants de la vie publique. Si le gentleman’s agreement avait été généralisé, l’on aurait tout naturellement opté pour un règlement objectif de toute divergence. En recourant à...