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Exécutif - Le chef de l’État et le Premier ministre ne souhaiteraient pas envenimer les choses La tendance à l’apaisement avant ou pendant le Conseil des ministres se confirme

C’est comme une course contre la montre. Avec gesticulations et contacts politiques tous azimuts pour résorber, avant le Conseil des ministres de jeudi, la crise enclenchée en fin de semaine dernière avec l’affaire NTV. Et de sources sûres (celles des milieux qui s’activent et qui jouent les go-between), une crise est inenvisageable. Même si le climat est loin d’être aujourd’hui serein entre le chef de l’État, Émile Lahoud, et le Premier ministre, Rafic Hariri, et même si leurs deux cœurs sont moins lavés... Les sources en question soulignent que le plus urgent est de trouver une porte de sortie qui permettrait de renormaliser les rapports entre les deux pôles de l’Exécutif, de comprendre ce qui s’est passé, et d’éviter un clash grave – notamment en plein Conseil des ministres. C’est le brouillard, disent ces sources, mais tout est possible. Surtout depuis que le parrain du lavage des deux cœurs (c’était en juin dernier), le président de la Chambre Nabih Berry, est « doucement » entré dans la danse, endossé de nouveau ses habits d’intermédiaire, notamment depuis qu’un appel en provenance de Damas lui a recommandé de tout faire pour éviter une crise politique, voire gouvernementale. Surtout aussi que les nos 1 et 3 de l’État ont fait part, à leurs visiteurs respectifs, de leur volonté de ne pas envenimer les choses. Et en attendant le retour du Premier ministre, il est déjà clair que le dossier médias ne sera pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres d’après-demain. Il semblerait d’ailleurs que ce sujet-là fera l’objet d’un Conseil à lui tout seul. En réponse à une vieille revendication du ministre de tutelle, Ghazi Aridi. Qui aurait répété à qui voulait l’entendre que « si cela avait été fait, si les limites légales avaient été bien définies, on n’en serait pas là ». Quoi qu’il en soit, les sources précitées soulignent que dans les 48 heures à venir, l’on se dirigera bien plus probablement vers un règlement et une entente entre les deux hommes, que vers le face-à-face et le conflit. Aridi et Hamadé Parallèlement à tout cela, les réactions ont continué à se suivre hier, sans nécessairement se ressembler. Celle du ministre de l’Information, Ghazi Aridi, pour commencer – et il s’est exprimé pas moins de trois fois hier. Au micro de La Voix du Liban d’abord, il a estimé que les choses ont atteint un niveau « très délicat », et qu’il faut donc « intensifier » les contacts. Selon lui, le débat est concentré désormais sur des propositions de portes de sortie, et les contacts en question ont bien lieu, entre les hauts responsables du pays. Il a indiqué être convaincu que le Premier ministre veut éviter toute crise avec le président de la République. « Sauf qu’il y a eu des points d’interrogation, qui ont provoqué une certaine réserve de sa part. Mais le président Hariri insiste pour que sa relation (avec le chef de l’État) reste solide, et que leur coopération se poursuive, dans l’intérêt du pays », a ajouté le ministre de l’Information. Qui a réaffirmé que ce n’est pas la première fois que ce genre de crise a lieu, « et il est possible de trouver des issues qui garantiraient la dignité de tous », a-t-il conclu. Autre escale hier de Ghazi Aridi avec des journalistes : c’était au sortir de son entretien avec l’uléma cheikh Mohammed Hussein Fadlallah. Il a affirmé que cette crise « aurait pu être évitée si on avait géré les choses autrement », insistant sur la nécessité d’appliquer la loi sur l’audiovisuel « pour tous, et sans exception ». Le ministre de l’Information a évoqué des erreurs commises par l’État autant qu’un laisser-aller, une liberté excessive, des médias. Estimant que ce qui est important dans cette affaire, « ce sont la méthode et la mentalité en vigueur, et non pas le fait de savoir si l’on va changer de gouvernement ou pas », il a rappelé que « plus que jamais, nous avons besoin de solidarité, d’unité et d’une relation privilégiée entre le chef de l’État et le Premier ministre, d’une coordination continue entre eux, sur base du respect des pouvoirs ». Enfin, le ministre de l’Information a été reçu, toujours hier, par le chef de l’État, Émile Lahoud. Dans le même but : trouver une solution à la crise. Pour sa part, le ministre des Déplacés, Marwan Hamadé, a estimé que cette crise est une crise « passagère », prévoyant son règlement avant le Conseil des ministres, « ou pendant, au pire des cas ». Interrogé par nos confrères de La Voix du Liban, il a déclaré que tout le monde est en train de travailler pour que cette crise soit dépassée, « sur des bases garantissant l’intérêt du pays, préservant la dignité de tous et, surtout, le rôle des institutions, dans le respect de la loi et de la Constitution ». Marwan Hamadé a en outre souligné que la mesure prise contre la NTV était « inévitable ». Parce que « personne n’a le droit de disposer » des relations du Liban avec les pays arabes, « et de mettre en péril les intérêts de centaines de milliers de Libanais ». Pour le ministre des Déplacés, le Premier ministre « se devait d’assumer ses responsabilités », sachant qu’il n’y avait pas de Conseil des ministres. « Il devait informer le chef de l’État et les ministres concernés, et c’est ce qu’il a fait », a-t-il ajouté. La décision d’autoriser la diffusion sur satellite de la NTV était « aussi » inévitable, a ensuite déclaré Marwan Hamadé. « Sauf que nous ne sommes pas sous la loi de la jungle », a-t-il asséné. Soulignant que toute la crise aurait pu être évitée si, comme on avait appliqué l’interdiction de diffusion, on l’avait levée. Comprendre par là que si le Premier ministre et les ministres concernés avaient été avertis (de la même façon que le chef de l’État l’a été au moment de la sanction), il n’y aurait pas eu de problème. Sauf que selon des sources autorisées, le président Lahoud n’a pas été avisé (voir encadré). Le Renouveau démocratique Pour sa part, le mouvement du Renouveau démocratique (RD) a vivement condamné les intimidations contre la NTV, estimant que c’est « une conséquence naturelle du climat d’oppression qui sévit depuis des mois dans le pays ». Une oppression basée sur « le dynamitage de la démocratie, la mise au pas des médias, l’étouffement des libertés et la privation des Libanais de leurs droits fondamentaux. Et la preuve la plus probante : la fermeture de la MTV », précise le communiqué publié hier par le RD. Pour le mouvement présidé par le député du Metn, Nassib Lahoud, ces mesures oppressives, tant en ce qui concerne la MTV que la NTV, se résument de la façon suivante : « Recourir à l’intimidation, aux menaces et à l’exagération, et donner du Liban et de ses médias l’image d’une fourmilière de comploteurs contre les Arabes frères. Voilà ce à quoi s’active le pouvoir, pour masquer son incapacité à régler les véritables problèmes dont pâtit le pays : faire croire que des Libanais et des médias complotent, hier contre la Syrie, aujourd’hui contre l’Arabie saoudite, et demain contre on ne sait quel pays... » Et le RD d’enfoncer le clou encore plus profondément : « C’est cette méthode dont use et abuse le pouvoir qui va nuire aux relations libano-arabes, bien plus que n’importe quel émission télévisée. D’autant que les Libanais sont convaincus que les relations libano-saoudiennes, confirmées par l’appui constant de Ryad au Liban et par son parrainage de l’accord de Taëf, sont bien trop solides pour que vienne les ébranler un quelconque programme télévisé », assure le communiqué. Qui conclut en dénonçant très fermement le clientélisme, dont usent et abusent les tenants du pouvoir. Enfin, les Kataëb de Karim Pakradouni ont publié hier un communiqué qui parie sur la poursuite de l’entente entre le chef de l’État et le Premier ministre, « malgré certains conflits qui surviennent de temps en temps, et qui se règlent par l’application de la loi, dans le cadre des institutions et de la Constitution ».
C’est comme une course contre la montre. Avec gesticulations et contacts politiques tous azimuts pour résorber, avant le Conseil des ministres de jeudi, la crise enclenchée en fin de semaine dernière avec l’affaire NTV. Et de sources sûres (celles des milieux qui s’activent et qui jouent les go-between), une crise est inenvisageable. Même si le climat est loin d’être...