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Pour Addoum, il n’y a pas crime, tant que le programme n’a pas été diffusé Un double volet politique et judiciaire cachant un règlement de comptes ?

Georges W.Bush fait école. Avant même qu’il n’ait concrétisé sa guerre préventive contre l’Irak, le gouvernement libanais a déjà adopté la notion et l’a appliquée ...contre la New TV. Sans prendre la peine de s’informer du contenu de l’émission au titre évocateur « Sans contrôle », sur le thème de l’Arabie saoudite, le président du Conseil a convoqué les ministres de la Justice, de l’Information et des Affaires étrangères pour décider, ensemble, de demander au ministre des Télécommunications d’interrompre la diffusion par satellite de la chaîne. Congé officiel ou non, il fallait agir vite et le ministre s’est exécuté, alors que la NTV avait accepté de surseoir à la diffusion de l’émission incriminée. Officiellement, il s’agit de préserver les relations du Liban avec un pays frère et ami. Officieusement, il pourrait bien s’agir, comme c’est devenu courant au Liban, d’un règlement de comptes. La promotion d’une émission se veut forcément alléchante, avec un parfum de scandale pour attirer le maximum de téléspectateurs. Tous ceux qui font de la télévision le savent, mais la NTV en a fait hier les frais. Que l’Arabie saoudite, un pays frère et ami certainement, soit actuellement sous les feux des projecteurs de tous les médias du monde et que tous les grands journalistes de la planète dissèquent et analysent le régime wahhabite et font des pronostics sur sa survie, n’a pas été pris en considération par le mini-gouvernement réuni, mercredi soir, en catastrophe pour empêcher la diffusion de Bila rakib (Sans contrôle), consacré au royaume des Saoud. Le président du Conseil et les ministres réunis chez lui n’ont même pas pensé à entreprendre des contacts avec les responsables de la chaîne pour éviter la programmation de cette émission, dont les spots ont commencé à être diffusés le week-end dernier. Ils ont préféré agir radicalement, sur deux fronts. D’abord, alerter le parquet, en la personne du procureur général près la Cour de cassation, pour lui demander d’arrêter l’émission, sans prendre la peine d’en connaître le contenu, mais surtout, demander au ministre des Télécommunications de suspendre la diffusion par satellite de la chaîne. Où est le crime ? Et là, on ne comprend plus rien. Pourquoi prendre une mesure aussi radicale, alors que la chaîne a accepté de ne pas diffuser l’émission ? De quel droit quelques ministres réunis autour du président Hariri peuvent-ils prendre une telle décision, alors qu’il n’y a pas eu faute et sans même en référer au Conseil national de l’audiovisuel ? Interrogé par L’Orient-Le Jour, le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, a précisé qu’il a réagi dès qu’il a pris connaissance du climat politique. Le président du Conseil avait alerté les ministres concernés et l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth avait envoyé une lettre au ministre des Affaires étrangères, dans laquelle il attirait son attention sur le programme annoncé, qui risquait de nuire aux relations libano-séoudiennes. Le procureur général a alors envoyé une note officielle, par le biais des forces de l’ordre à la NTV, demandant aux responsables de la chaîne de ne pas diffuser le programme. Certes, celui-ci étant en direct, le procureur ne pouvait en connaître le contenu, mais selon lui, l’annonce était suffisamment explicite et prévoyait, entre autres, des interviews de deux opposants au régime saoudien. Toujours selon le procureur, la direction de la NTV s’étant conformée à la demande, en renonçant à la diffusion du programme, il n’y a pas de crime et le dossier est clos. « Si la chaîne décide de diffuser l’émission, le problème se posera de nouveau, mais pour l’instant, l’affaire, à mon niveau, est close ». Addoum : Je ne suis pas le censeur Des sources proches de la NTV précisent que l’émission a quand même été enregistrée et qu’elle ne comporte aucune atteinte au régime saoudien. À cela, M.Addoum répond que son rôle n’est pas d’exercer une censure préalable ou postérieure sur les médias. Il s’est contenté de réagir, à la demande des autorités politiques et parce que les relations du Liban avec l’Arabie saoudite étaient menacées par la diffusion de ce programme. Il a donc pris une mesure préventive. Mais comme le programme en question n’a pas été diffusé, l’affaire est réglée. Pourquoi, dans ce cas, avoir suspendu la diffusion satellitaire de la chaîne ? « Ce volet ne relève pas de ma compétence, répond M.Addoum. C’est le ministre des Télécommunications qui a donné des instructions en ce sens, sur base d’une demande qui lui a été transmise par le président du Conseil et les ministres de la Justice et de l’Information ». Et lorsque le ministre de l’Information critique violemment les États-Unis, cela ne met-il pas en danger les relations du Liban avec un pays ami ? Pour Addoum, c’est à l’ambassade des États-Unis de protester auprès des autorités et, dans ce cas, celles-ci décideront de réagir, selon les moyens dont elles disposent. Reste la grande question : la supension de la diffusion satellitaire est-elle une démarche légale ? Les avis sont plutôt partagés, mais selon les experts, la loi sur l’émission par satellite prévoit la suspension de la diffusion, en cas de mise en danger des relations du Liban avec un pays frère ou ami. Et c’est sur ces articles de la loi que le président du Conseil et les ministres réunis chez lui se sont basés. Toutefois, la diffusion du programme n’ayant pas eu lieu, la direction de la chaîne devrait présenter une note en ce sens au ministre des Télécommunications pour qu’il donne l’ordre de rétablir la diffusion par satellite, la sanction ou la mesure préventive, quel que soit le nom qu’on lui attribue, n’ayant plus lieu d’être. Selon plus d’un spécialiste, elle n’aurait même pas dû avoir lieu, du moment que le procureur avait pris la mesure préventive réglementaire. Cette hâte à réagir et à lancer des représailles disproportionnées avec la faute, si faute il y a, ne rappelle pas seulement le cas de la MTV, elle démontre l’existence de mobiles autres que ceux qui sont affichés. Et si derrière la loi, toujours prête à fournir les meilleurs alibis, se cachaient des motifs personnels et des règlements de comptes qui remontent à plusieurs années ? Faut-il rappeler que la NTV avait été privée de licence, sous le mandat Hraoui, par un des gouvernements Hariri et ne l’avait retrouvée que sous le gouvernement Hoss ? Scarlett HADDAD
Georges W.Bush fait école. Avant même qu’il n’ait concrétisé sa guerre préventive contre l’Irak, le gouvernement libanais a déjà adopté la notion et l’a appliquée ...contre la New TV. Sans prendre la peine de s’informer du contenu de l’émission au titre évocateur « Sans contrôle », sur le thème de l’Arabie saoudite, le président du Conseil a convoqué les...