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Actualités - CHRONOLOGIE

Partis politiques Un document d'entente serait en préparation au parti Kataëb

Que pensent vraiment les loyalistes du manifeste de Bkerké ? «Il faut reconnaître d’abord, répond un ministre influent, que dans leur écrasante majorité les Libanais de toutes confessions se plaignent des abus. Plus ou moins ouvertement, selon les régions, ils se prononcent en faveur d’un redéploiement syrien accéléré, en prélude à un retrait total. La population s’étonne que l’on tarde tant à appliquer Taëf. Mais la proclamation des évêques maronites a produit un effet de choc, ou plutôt des contre-effets, par son ton agressif. Il ne sert à rien, bien au contraire, de passionner un tel débat. Les prises de position en flèche ne peuvent que provoquer des réactions outrées, gommant toute possibilité d’entente là où les Libanais sont grosso modo d’accord. Il est donc nécessaire de traiter la question à tête reposée, de manière raisonnée, loin du bruit et de la fureur de la rue. Le sens le plus élémentaire de la responsabilité et de l’intérêt national commande en cette sorte d’affaire la vaccination contre le virus sectaire. Or si l’habit ne fait pas le moine, le moine fait d’habitude figure confessionnelle. On aura du reste noté que les mêmes options avancées à quelques nuances près par un laïc, M. Walid Joumblatt, ont été loin de provoquer la même houle que le manifeste de Bkerké. Le principe des vases communicants, si primordial dans un pays composite, fait que lorsque l’eau bout dans un tube, elle bouillonne aussitôt dans les autres. À preuve que la toute première des ripostes au communiqué des prélats maronites est venue d’un sommet spirituel islamique réuni d’urgence à Dar el-Fatwa. Si une partie veut s’exprimer ici à partir d’une position communautaire, il n’y a pas de raison que l’autre partie n’en fasse pas autant. Et nous revoici plongés dans les clivages confessionnels. En clair, le manifeste de Bkerké a pratiquement forcé les musulmans de ce pays à prendre le contre-pied de la revendication dite souverainiste. C’est un réflexe automatique d’autoprotection, bien plus que de défense de la présence militaire syrienne. À preuve que dans son ensemble le camp dit islamo-progressiste, ressoudé par l’initiative des évêques, demande maintenant qu’on procède à l’abolition du confessionnalisme politique, passage obligé pour compléter l’application des réformes prévues dans Taëf, mais aussi, prélude légal au retrait syrien. Autrement dit l’Ouest convient qu’en définitive le Syrien doit partir, mais il exige qu’on y mette les formes, sans quoi le fond même s’en trouverait compromis. Peut-on condamner une telle réaction pour ainsi dire forcée par la virulence du propos épiscopal maronite ? Difficilement, mais on peut, on doit, regretter que tout le monde se trouve poussé à de telles extrémités. Il faut donc ôter la balle des mains des communautés, quelles qu’elles soient, et ramener le débat dans le cadre du dialogue politique civil autant que civique». Ceci étant, la même personnalité avoue lucidement que «très probablement sans la bombe lancée par les prélats, le problème de la présence militaire syrienne aurait pris des années pour commencer à être sérieusement discuté. Le manifeste a donc le mérite de secouer l’apathie des pouvoirs publics. Il sera difficile au prochain gouvernement d’éluder la question dans sa Déclaration ministérielle». Certes, mais on peut toujours jongler avec la sémantique et parler pour ne rien dire. Il n’est pas besoin d’être sorcier pour prédire que le comité de rédaction de la Déclaration trouvera moyen de mentionner le problème, en se contentant de répéter, comme le ministre cité, qu’il faut le traiter dans le calme et dans le seul cadre des relations d’État à État. À ce propos, un pôle politique indépendant se demande «quelles peuvent être les vraies raisons du tollé orchestré contre Bkerké. Les Libanais, ouvertement ou en cachette, se plaignent tous de l’hégémonisme polyvalent des décideurs. Ils critiquent tous, depuis la troïka, les responsables locaux et les professionnels de la politique qui pour un oui pour un non font intervenir Damas. S’il y a un reproche qu’on peut adresser aux évêques c’est simplement d’avoir techniquement mal choisi leur timing. À notre avis, en effet, il aurait été préférable d’attendre la formation du nouveau Cabinet, pour ne pas rendre les choses plus difficiles sur ce plan précis. Le manifeste aurait été lancé ensuite, avant la publication de la Déclaration ministérielle, pour mettre le pouvoir au pied du mur». À cela, on le sait, les sources de Bkerké répondent en substance que le moment a été choisi justement de manière à ce qu’après la déplorable loi électorale, on ne puisse pas former un Cabinet de routine. Des personnalités informées ajoutent pour leur part que le manifeste a été également minuté en fonction des intentions de redéploiement imminent (avant la fin de l’année) prêtées à Damas. Le but serait que cet éventuel mouvement de troupes, qui ne serait pas le repli total sur la Békaa évoqué dans Taëf mais serait quand même très consistant, ne passe pas inaperçu, comme l’auraient souhaité les décideurs.
Que pensent vraiment les loyalistes du manifeste de Bkerké ? «Il faut reconnaître d’abord, répond un ministre influent, que dans leur écrasante majorité les Libanais de toutes confessions se plaignent des abus. Plus ou moins ouvertement, selon les régions, ils se prononcent en faveur d’un redéploiement syrien accéléré, en prélude à un retrait total. La population...