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Actualités - INTERVIEWS

Elle

Zaven Kouyoumjian. Lui, c’est un archétype. Il est attendrissant, Zaven Kouyoumjian, on a presque envie de le prendre dans ses bras : fasciné par les miroirs aux alouettes, les apparences tout court, celles surtout de cette télévision-leurre qui prend et puis qui jette. On le dirait sorti tout droit de sa cour de récréation, Zaven Kouyoumjian, et puis parachuté, comme ça, dans un monde d’adultes, un monde de loups. Mais non ! Il y a une évidence : le petit jeune qui monte qui monte à Future Television a la télé dans le sang. C’est comme une espèce d’instinct, un tonneau d’innés venu l’on ne sait d’où, venu l’on ne sait comment et dans lequel, tout petit, on l’a jeté. La raison : cet homme de 30 ans a dû se battre comme un fou pour arriver là où il est : «La télé, ce n’est pas pour les fils à papa, c’est pour tout le monde». «La campagne électorale ? Oh, c’était tout sauf un cirque. C’est une saison simplement, une saison de candidature au cours de laquelle tout le monde a le droit de s’exprimer. Sauf que c’est à la libanaise, tout cela, 100 % désordre, 100 % bla-bla». Il connaît la télé américaine et ses mœurs sur le bout des doigts – et il s’en inspire sans modération. «Moi ce que je veux, ce que je fais, c’est directement lié à l’actualité, c’est l’événement. Et quand il n’y en a pas, j’évite les shows-miroir, je m’occupe de mes émissions de société». Qu’on se le dise : Zaven Kouyoumjian refuse d’offrir aux hommes politiques un terrain de jeux qui s’appelle télévision, «un terrain de jeux où ils viendraient répéter encore et encore ce qu’ils ont dit mille fois, ça, non !». C’est possible de faire son métier de journaliste lorsque la télévision qui nous emploie appartient à un homme politique omnipotent ? «Depuis que je suis arrivé ici, j’ai la liberté que je veux, je ne suis pas le porte-parole d’un parti ou d’un homme et je l’ai prouvé. Lorsque je sens que je ne peux pas être objectif, je fais mes programmes sociaux, c’est tout». Où l’on apprend de Zaven Kouyoumjian qu’il est tout sauf neutre ou objectif au cours de ces talk-shows de société, il prend même parfois parti jusqu’à aller prendre la place de l’invité. «C’est l’émission qui prime, la star, c’est le sujet, et les invités sont là en fonction de leurs compétences». Ca sert à quoi la télévision ? «À partager une expérience, des expériences : les gens parlent de moins en moins, la télé se doit d’être un lien entre eux». Son leitmotiv un peu (beaucoup) provocant : «La télé n’a pas à cultiver les gens, sa définition, c’est de prémâcher, de leur digérer même». Quoi ? «Tout». Ah… Zaven Kouyoumjian, sa sincérité en étendard, termine une anecdote le concernant par un implacable constat : «Les gens, en tout cas au Liban, ne peuvent pas imaginer ou concevoir un homme de télévision dans une voiture minable, mal fringué, ou pas propre : eh oui, la télé a son uniforme, elle aussi…» Il fera quoi quand il sera grand ? La question le fait sursauter, puis il comprend, il sourit, il est touchant Zaven Kouyoumjian : «Diriger la télévision publique libanaise». À bon entendeur…
Zaven Kouyoumjian. Lui, c’est un archétype. Il est attendrissant, Zaven Kouyoumjian, on a presque envie de le prendre dans ses bras : fasciné par les miroirs aux alouettes, les apparences tout court, celles surtout de cette télévision-leurre qui prend et puis qui jette. On le dirait sorti tout droit de sa cour de récréation, Zaven Kouyoumjian, et puis parachuté, comme ça,...