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Actualités - ANALYSE

Pour le moment, l'hymne de l'union sacrée prévaut encore ...

Tout nouveau, tout beau. Comme les amours naissantes, la cohabitation en politique commence, la main sur le cœur, par des serments solennels de fidélité mutuelle aux grands principes. La patrie est en danger de perdition économique. Aussi c’est une sorte d’esprit d’union sacrée, de comité de salut public qui anime actuellement les démarches des parties intéressées. Grâce aux conciliateurs, M. Nabih Berry en tête, la détente est maintenant chose faite sur le front politique. Ou, plus exactement, entre Baabda et Koraytem. En attendant d’aborder la phase active périlleuse de partenariat, c’est-à-dire de formation du Cabinet, le régime et le président du Conseil virtuel semblent avoir enterré la hache de guerre. À tel point que leurs entourages respectifs jurent leurs grands dieux qu’il n’y a aucun besoin de médiation entre eux, et que leurs visiteurs communs ne sont pas des estafettes chargées de messages réciproques. Des deux côtés, divine surprise, l’on affirme soudainement que les relations bilatérales sont au beau fixe et l’on ne tarit pas de compliments sur le camp d’en face, hier encore honni comme la peste. Dans leurs assises privées, le président de la République et l’ancien futur Premier ministre parlent l’un de l’autre en termes élogieux et choisis. Leurs interlocuteurs sortent avec la conviction que les deux hommes se respectent et s’admirent profondément, donnant l’impression qu’ils sont impatients de se mettre ensemble au travail. Les idées qu’ils développent sont, disent les mêmes sources, similaires et ils soulignent tous deux à l’envi la gravité de la situation, l’urgence qu’il y a à la traiter dans un climat positif de coopération. Il faut dire que ce rapprochement a sans doute été facilité par le manifeste de Bkerké, plus ou moins réprouvé par les deux pôles concernés. Et aussi par la réserve pleine de pudeur qu’affiche M. Hariri, qui prend soin d’éviter tout triomphalisme après sa retentissante victoire sur M. Sélim Hoss. Prudent, le milliardaire évite soigneusement tout ce qui pourrait inquiéter ou fâcher Baabda. Ainsi, ses visiteurs témoignent qu’on ne peut lui arracher un seul mot sur la question de la composition du prochain Cabinet. Il répète à ce propos, en s’alignant sur la position adoptée par le chef de l’État, qu’il ne sert à rien de courir, qu’il faut partir à point, c’est-à-dire seulement quand le coup d’envoi des consultations parlementaires est donné. Les mêmes témoins indiquent que M. Hariri se soucie avant tout de préserver la stabilité politique du pays, qui serait compromise par une ouverture prématurée du dossier ministériel, ouvrant la voie à toutes sortes de surenchères et de querelles. Ce qui ne l’empêche pas de préparer ses cartes, pour les étaler d’un seul coup sur la table, quand il aura été nommé. Toujours, selon ses visiteurs, M. Hariri ne tient pour le moment que des propos d’ordre général, laissant les curieux sur leur faim. Il répète en substance, selon ces sources, que «l’intérêt bien compris de la patrie passe avant tout et ne supporte aucune compromission. Tous les intérêts particuliers doivent s’y soumettre. Et il est certain que l’union intérieure étant un impératif vital, on ne peut aborder le dossier gouvernemental sous l’angle d’un vainqueur et d’un vaincu. De même, on ne peut régir ce dossier à partir d’une équation qui ne serait pas politique, au sens vrai du terme. La situation est délicate, mais les solutions, sans doute difficiles, ne sont pas impossibles. Elles requièrent cependant la solidarité de tous, leur pleine coopération, à l’ombre des lois en vigueur. Pour la réalisation d’un État de droit et des institutions». Dans ce cadre, les visiteurs de M. Hariri affirment qu’il exclut «tout esprit de revanche et de vindicte» à l’encontre de ses adversaires ou contempteurs. Refusant donc d’aborder la question des noms, M. Hariri répète à ceux qui l’interrogent à ce sujet qu’il prendra soin de se concerter avec le président Lahoud. Ajoutant qu’il est résolu à se montrer ouvert, disposé au dialogue, dans l’application des réglementations qui régissent la procédure de formation du Cabinet. Enfin, selon des haririens, «il n’y a pas besoin de chercher à s’entendre sur la composition du Cabinet avant même la désignation, car le climat de confiance, de transparence et d’entente qui règne ne laisse pas craindre un quelconque conflit» avec Baabda.
Tout nouveau, tout beau. Comme les amours naissantes, la cohabitation en politique commence, la main sur le cœur, par des serments solennels de fidélité mutuelle aux grands principes. La patrie est en danger de perdition économique. Aussi c’est une sorte d’esprit d’union sacrée, de comité de salut public qui anime actuellement les démarches des parties intéressées....