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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Eviter de transformer le choix des ministres en bazar politicien Vers une équipe homogène, mais pas forcément monochrome

La nomination de M. Rafic Hariri semble acquise. Reste à déterminer la composition du prochain Cabinet. Selon une personnalité parlementaire informée, l’ancien président du Conseil «veut s’entourer d’une équipe homogène. Mais cela ne signifie pas qu’elle sera monochrome, que ses éléments seront puisés au sein d’une seule et même ligne politique. La palette sera variée, mais les tons seront harmonieux. C’est-à-dire qu’on évitera de mettre côte à côte des ministres qui se crêperaient tout le temps le chignon ou se bouderaient les uns les autres, au préjudice du rendement étatique. La crédibilité des personnalités sélectionnées, leur représentativité aussi, produiront sans aucun doute un effet d’annonce positif. La confiance populaire et extérieure dans le pouvoir libanais devra s’en trouver confortée». Selon ce député, «il est plus que jamais nécessaire de ne pas transformer le casting gouvernemental, le choix des ministres, en bazar politicien. Comme le souligne le chef de l’État, toute formule découlant d’une mentalité de partage du gâteau doit être prohibée. Comme la responsabilité, à tous les sens du terme, incombe en définitive au chef du gouvernement désigné, il doit avoir carte blanche pour former son équipe à sa guise. Quitte ensuite à la Chambre à approuver ou à sanctionner les choix effectués. Plus globalement, c’est la gestion du président du Conseil qui sera jugée par l’opinion. En cas d’échec, il ne pourra pas se dédouaner en rejetant la faute sur des ministres parachutés qu’il n’aurait pas choisis». Modifier les règles du jeu Cela étant, il est évident que les impératifs de la vie publique et de l’intérêt national obligent tout chef de gouvernement pressenti à établir son menu en tenant compte de diverses demandes, ainsi que de critères communs. En d’autres termes, il ne peut pas diriger un gouvernement formé uniquement de ses propres lieutenants ou alliés directs. «Il faut un accord, enchaîne le député cité, mais les règles traditionnelles du jeu, un peu trop élastiques, doivent être modifiées, en fonction d’un objectif de sauvetage qui constitue une priorité absolue. Cette fois, il faudra vraiment que l’on prenne essentiellement en compte la compétence des ministres et leur efficience, qui procède en partie de leur représentativité politique effective et en partie de leur sens du service d’État. Cela étant, quand on fait appel aux pompiers pour maîtriser un sinistre, on ne les chicane pas sur la longueur des lances d’incendie ou sur la contenance de leurs camions-citernes. On les laisse décider en professionnels, et on les laisse travailler. Nul ne doit donc tenter de peser sur les choix du Premier ministre désigné, pour aucun nom, pour aucun portefeuille». Une réponse indirecte aux rumeurs selon lesquelles il y aurait déjà des tiraillements au sujet de certains maroquins-clés, comme les Finances. Beaucoup de pôles estiment à ce propos que les hautes autorités doivent éviter d’intervenir, de près ou de loin, dans la formation du prochain gouvernement. Cela au titre de l’argument précédemment mentionné qui veut que le chef de gouvernement ne soit pas en mesure, en cas d’échec, de s’abriter derrière le fait qu’on lui a imposé des ministres dont il ne voulait pas. Le précédent Hraoui-Hariri Mais d’autres pôles font valoir que le système adopté à Taëf prévoit que le gouvernement doit être composé par le chef de l’État et le président du Conseil désigné ensemble. En effet, l’alinéa 4 de l’article 53 C (Constitution) stipule que le président de la République «promulgue, en accord avec le président du Conseil, le décret de désignation du gouvernement et d’acceptation de la démission ou de révocation des ministres». Un décret indispensable pour que le gouvernement prenne corps et que le président de la République peut refuser de signer, s’il n’approuve pas la liste des ministres. Autant dire que pour une telle approbation, le chef de l’État veut avoir droit directement au chapitre et nommer lui-même une partie des ministres, ou opposer son veto à certains choix du président du Conseil. C’est ce qui s’est du reste produit une fois pour M. Rafic Hariri, sous le président Hraoui. Les mêmes personnalités ajoutent en substance que «s’il est exact que la responsabilité devant la Chambre incombe au Premier ministre, il est tout aussi vrai que le chef de l’État a pour sa part le devoir de veiller à réguler le fonctionnement des institutions. La Constitution lui enjoint d’assurer, en base de son droit de discernement personnel, l’intérêt général et la stabilité politique du pays. Il est donc le catalyseur par excellence de la vie publique et ne saurait assister en spectateur passif à la formation d’un nouveau gouvernement». Cependant, ce point de vue se discute, affirment les tenants de la thèse du non-interventionnisme. «Car, disent-ils, si la Constitution attribue à la première magistrature, si bien nommée, un pouvoir certain d’arbitrage, elle ne l’autorise pas expressément à intervenir quand il n’y a pas de conflit à trancher entre deux autres protagonistes. En d’autres termes, le président de la République ne peut pas être juge et partie». Il reste qu’en pratique, c’est au chef de l’État de décider. «Ce qui est tout à fait certain, dans la conjoncture actuelle, conclut le député précédemment cité, c’est qu’un éventuel conflit entre le président de la République et le président du Conseil désigné serait un coup sévère porté au pays, plongé dans une crise économique sans précédent».
La nomination de M. Rafic Hariri semble acquise. Reste à déterminer la composition du prochain Cabinet. Selon une personnalité parlementaire informée, l’ancien président du Conseil «veut s’entourer d’une équipe homogène. Mais cela ne signifie pas qu’elle sera monochrome, que ses éléments seront puisés au sein d’une seule et même ligne politique. La palette sera...