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Actualités - REPORTAGES

Décorateur... Michel Chidiac : l'architecture d'intérieur ou rien !(photo)

Il ne voulait faire que «ça», Michel Chidiac, l’architecture d’intérieur, qu’il avait dans l’âme, dans le regard, tourné vers des formes, des couleurs, une envie d’harmonie à organiser, dessiner, proposer. «Je ne regrette aucun de mes choix…». Une grande porte en bois, matière noble, lisse, qui s’ouvre lentement… sur les bureaux de Michel Chidiac. Se dégage alors un parfum de sérénité, un silence et une luminosité où l’on se sent déjà «entre amis» ; belle invitation à rentrer, regarder et apprécier l’assortiment de meubles, d’espaces, cet équilibre d’un vide pas trop plein et d’un plein «juste ce qu’il faut» qui dialoguent parfaitement. Derrière la porte qui s’est ouverte, le sourire discret de Michel s’accompagne de parfums discrets qui se dégagent et chatouillent les sens. Un charme discret Michel Chidiac est un homme discret qui renferme bien en lui une passion qui éclate lorsque la fièvre s’empare de lui et qu’entre ses quatre murs, il se laisse entraîner par l’envie, la frénésie de créer. «Quand je noircis du papier, je le fais d’une façon démentielle. Le tout est de faire passer sa fièvre au client». Pourtant, comme il le dit, il n’a jamais été un «gosse turbulent». Parachuté dans une famille de militaires et un grand-père colonel qui «imaginait pour moi une carrière qui ne me convenait pas du tout» et qui sera vite déçu de constater que ses deux petits-fils ne porteront jamais l’habit militaire, déçu également de constater que sa fille Gisèle, «ma mère, qui était elle-même peintre, m’a encouragé à faire ce que je voulais». Ce que veut ce garçon pas si calme que ça, c’est d’abord noircir des pages d’écolier qui se transformeront plus tard en toiles. «J’ai touché à l’huile, la gouache et toutes les matières intéressantes». Ce qu’il désire encore plus et qu’il fera plus tard, ce sont des études académiques en architecture d’intérieur dans la capitale des belles lumières. «C’était ça, pas le dessin de mode, pas la bijouterie». Après de nombreux étés passés au village de sa grand-mère à Miziara, «j’en ai eu marre, je voulais découvrir la ville, le reste !», il fait enfin des rencontres dont certaines seront plus heureuses. «Un été, j’ai rencontré le décorateur Sami Khazen avec qui j’ai fait un premier stage». Son «contrat d’été» terminé, Michel retrouve sa douce France mais revient très vite démarrer une carrière professionnelle au Liban. «J’ai commencé avec Élie Garzouzi à plein temps». Quelques années plus tard, en 1974 plus exactement, «j’ai pris mon indépendance. J’ai toujours travaillé seul depuis». Seul mais avec la complicité de sa femme Marysa, «elle s’occupe du côté administratif». En «bredouillant l’arabe», il arrive à communiquer, séduire et convaincre. À Starco, puis Achrafieh, Michel noircit des appartements, ou plutôt il les teinte de toutes les couleurs qu’il préfère, «terre et bleu surtout, mais ensemble». Ce gentilhomme discret n’aime pas trop étaler des noms, des listes. Il voudrait surtout retenir de toutes ces années des rencontres, «ce ne sont pas tellement les projets qui m’intéressent mais les relations avec les gens. Non pas les chantiers faramineux mais l’intensité du travail». Ne pas frôler l’ennui Michel Chidiac, qui bredouille toujours en arabe «je fais autant d’efforts pour parler que les gens pour me comprendre !» privilégie tout de même la communication, «ça se passe facilement, finalement. Il y a toujours un terrain d’entente. Je suis complaisant, je m’accommode dans la mesure où la ligne rouge n’est pas dépassée. Il faut trouver les arguments, expliquer le pourquoi. Un appartement, c’est la vie privée du client. On ne peut pas imposer. Sinon, il habitera chez son décorateur !». Et de souligner : «Le classique est beau mais il existe une limite qui peut frôler l’ennui. Une maison qui ne bouge pas est statique et vite ennuyeuse. C’est un peu comme une femme qui ne porte que du noir. Elle s’ennuie avant d’ennuyer les autres». Sa meilleure communication demeure celle, silencieuse et quotidienne, qu’il entretient avec ses filles Nathalie et Valérie, toutes deux inscrites à l’Académie libanaise des beaux-arts, pour mieux épanouir une passion déjà entamée. «Je ne les ai pas influencées mais j’ai été flatté. Je pourrais leur apporter “ça” en plus, une question, un bain, un milieu ; je crois au milieu, au langage coutumier, au quotidien. Elles ont le même regard, elles ont ouvert les yeux dans le même sens». Une direction qui tend vers le simple, le clair et le précis. Avant que ne se referme la grande porte en bois, lisse, le regard indiscret accroche deux immenses toiles bavardes et passionnées suspendues au mur, sans doute «noircies d’une façon démentielle». Michel est également un peintre – discret – qui laisse parler ses œuvres, car elles confirment ce qu’il aime répéter, discrètement : «Je ne regrette aucun de mes choix».
Il ne voulait faire que «ça», Michel Chidiac, l’architecture d’intérieur, qu’il avait dans l’âme, dans le regard, tourné vers des formes, des couleurs, une envie d’harmonie à organiser, dessiner, proposer. «Je ne regrette aucun de mes choix…». Une grande porte en bois, matière noble, lisse, qui s’ouvre lentement… sur les bureaux de Michel Chidiac. Se dégage...