Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

68% des condamnations à mort prononcées entre 1973 et 1995 ont été cassées... Les américains s'interrogent sur l'équité de la peine de mort

Ébranlés par les révélations sur les défaillances de leur système judiciaire, certains Américains s’interrogent désormais sur l’équité de la peine de mort, alors que les campagnes de réprobation de la communauté internationale se répètent à chaque exécution aux États-Unis. «La peine de mort n’affecte pas beaucoup les gens dans leur vie quotidienne. Ce n’est pas une question primordiale», déclare Richard Dieter, du Centre d’information sur la peine de mort (DPIC) à Washington. «Mais un débat passionné est en cours», selon lui, qui porte «plus sur les mesures à prendre que sur des cas individuels». «Il y a cinq ans, on ne voulait pas en parler», affirme Abe Bonowitz, de l’organisation Citoyens unis pour une alternative à la peine de mort (CUADP). «Maintenant, plus de gens sont concernés, surtout par la question de l’équité et de la possibilité de tuer une personne innocente», estime-t-il. En fait, selon les abolitionnistes, le débat porte non pas sur le fait de savoir si la peine de mort est un châtiment «approprié» mais si elle est appliquée de manière «équitable et juste». Pour Ajamu Baraka, représentant d’Amnesty International à Washington, les campagnes menées à l’étranger, particulièrement en Europe, «apportent un soutien moral supplémentaire aux forces opposées à la peine de mort» aux États-Unis. Car, estime-t-il, «un nombre significatif de gens se soucient de la manière dont les États-Unis sont considérés dans le monde et sont très embarrassés du fait qu’ils semblent à contre-courant par rapport à la communauté internationale sur cette question». Une étude, publiée en juin par des chercheurs de l’Université de Columbia à New York, était venue alimenter les interrogations grandissantes sur le système judiciaire américain, nourries par une série d’erreurs concernant des condamnés à mort et un nombre d’exécutions en augmentation ces dernières années. Elle révélait que 68 % des 4 578 condamnations à mort prononcées entre 1973 et 1995 aux États-Unis et ayant fait l’objet d’un recours ont été cassées. En outre, environ 7 % des personnes rejugées ont ensuite été innocentées. Soixante-huit personnes ont été exécutées depuis le début de l’année aux États-Unis et 666 depuis la reprise des exécutions en janvier 1977. Selon Richard Dieter, «la plupart des gens sont d’accord sur le fait que le système de la peine de mort est défectueux, et la question qui se pose est “peut-il être réparé ou devrait-il être abandonné car il est trop difficile de le rendre juste et équitable”». Ouvrant la brèche, le gouverneur républicain de l’Illinois, George Ryan, a imposé en janvier un moratoire sur les exécutions dans son État. «Si les gens se posent des questions sur l’équité (du système), nous pouvons les amener à une position où il devient clair que nous ne pouvons pas le réformer (...). Alors nous pouvons les amener à la conclusion logique que nous devons l’abandonner», estime pour sa part M. Baraka. Pour lui, la candidature à la Maison-Blanche de George W. Bush, gouverneur du Texas où 144 condamnés ont été exécutés depuis qu’il en est devenu gouverneur en janvier 1995, a aussi contribué au débat. Même si, ajoute-t-il, ce débat «n’a pas fait son chemin dans la campagne présidentielle» dans la mesure où M. Bush et son opposant démocrate, le vice-président Al Gore, sont partisans de la peine capitale. De fait, selon les sondages, le nombre de partisans de la peine de mort aux États-Unis décroît régulièrement, avec 64 % des Américains approuvant la peine capitale contre 75 % en 1997 et 25 % y étant opposés.
Ébranlés par les révélations sur les défaillances de leur système judiciaire, certains Américains s’interrogent désormais sur l’équité de la peine de mort, alors que les campagnes de réprobation de la communauté internationale se répètent à chaque exécution aux États-Unis. «La peine de mort n’affecte pas beaucoup les gens dans leur vie quotidienne. Ce n’est...