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Actualités - INTERVIEWS

Entretien - Phase de dépassement du passé, selon le général Aoun : oui à la Constitution, non au régime

Moins passionnant qu’on ne l’attendait, moins radical qu’on ne le craignait, l’ancien commandant de l’armée et chef du gouvernement de militaires, le général Michel Aoun, a fait preuve hier, sur la MTV, d’une volonté d’ouverture certaine et d’une levée des exclusives qui ont été les siennes, à un moment donné. Il s’est déclaré à plusieurs reprises «prêt à respecter la Constitution, même imparfaite, ainsi que les lois libanaises», mais a ajouté que rien ne l’oblige pour autant à reconnaître le régime et la manière dont l’accord de Taëf est appliqué. «Est-ce que la Constitution prévoit que l’armée syrienne doit rester au Liban dix ans, vingt ans, trente ans ? Qui donc verra son départ, moi, mes enfants ou mes petits-enfants ?», s’est-il notamment exclamé. Pour que cette reconnaissance du régime devienne possible, il faudrait, selon le général Aoun, qu’un dialogue sincère s’instaure au Liban et que des élections législatives sous supervision internationale soient organisées, ce qui conférerait une légitimité au pouvoir en place. «Nous sommes dans une phase de dépassement du passé», devait-il déclarer à plus d’une reprise, au cours de l’entretien dirigé par Élie Nacouzi, et durant lequel trois journalistes lui ont donné la réplique, MM. Edmond Saab, d’an-Nahar, Charles Ayoub, d’al-Dyar et Ibrahim el-Amine, du Safir. Pour l’ancien commandant en chef de l’armée, évincé du pouvoir par un coup de force, le 13 octobre 1990, et vivant en exil en France depuis lors, il existe au Liban une «crise de la démocratie», et il est impossible de «répondre par oui ou par non» à la question de savoir s’il reconnaît l’accord de Taëf. Il faudrait, selon lui, se mettre d’accord sur «un lexique politique commun, dont les termes auraient la même signification pour tous». «Un Liban libre, indépendant et souverain», voilà mon point de départ pour le dialogue, a-t-il lancé. Et de souligner, en cours d’entretien, que le dialogue prévu avec M. Walid Joumblatt n’est pas vraiment rompu, mais que ses conditions ne sont pas encore réunies. Interrogé sur les raisons qui le retiennent de rentrer au Liban, le général Aoun a répondu par des évidences . Il a considéré en particulier qu’il est indésirable au Liban, comme le prouve l’ouverture d’un dossier de justice à son encontre, et les accusations dirigées contre lui, tantôt d’avoir détourné des fonds publics, tantôt d’avoir enfreint les règles politiques de son exil en France. Il a également invoqué des raisons des sécurité. «Qui a tué René Moawad ?», s’est-il interrogé, affirmant qu’il rentrerait au Liban quand il aura trouvé une réponse à cette question. Le général Aoun a ajouté à ce sujet qu’il ne fait «pas confiance à la justice libanaise», dont la «politisation» lui semble évidente. «Je serai prêt à me mettre à la disposition de la justice», a été jusqu’à dire le général Aoun, «si les tribunaux décidaient de siéger dans des villes comme Genève». Il a ajouté que dans ce dernier cas, il aurait lui-même des choses à dire. Le général Aoun a laissé entendre que c’est le président Émile Lahoud en personne qui assume la responsabilité de la décision de rouvrir un dossier vieux de dix ans. Il a par ailleurs démenti avoir reconnu l’autorité de ce dernier comme commandant en chef de l’armée, précisant qu’en mettant ses troupes sous son commandement, le 13 octobre 90, il n’avait fait que se soumettre aux conditions des forces qui l’ont vaincu. Au sujet de la présence armée syrienne au Liban, l’ancien chef du gouvernement de militaires a déclaré qu’il chercherait à en obtenir le départ «par des moyens pacifiques», ajoutant que son entretien même est un signe qu’il est déterminé à utiliser «des moyens démocratiques» pour obtenir le changement désiré. «Quel est le but stratégique de la présence syrienne au Liban ?», a-t-il demandé. Et d’ajouter que le temps lui a donné raison, en ce sens que l’accord de Taëf était «une ruse». «La preuve ? Dites-moi donc quand les troupes d’occupation s’en iront», a-t-il ajouté. «J’ai considéré que l’armée syrienne sœur est devenue une armée d’occupation, parce qu’elle a commencé à nous gouverner directement», a dit le général Aoun, qui s’est élevé contre «le chantage à la guerre civile» qui s’est fait entendre à partir de Damas, après la publication du communiqué des évêques maronites. «Toute personne qui parle de guerre civile se place au ban du Liban», a déclaré le général Aoun, qui a vu dans un tel langage «une volonté de pousser les Libanais à l’exode», et a demandé la programmation du départ du Liban des troupes syriennes.
Moins passionnant qu’on ne l’attendait, moins radical qu’on ne le craignait, l’ancien commandant de l’armée et chef du gouvernement de militaires, le général Michel Aoun, a fait preuve hier, sur la MTV, d’une volonté d’ouverture certaine et d’une levée des exclusives qui ont été les siennes, à un moment donné. Il s’est déclaré à plusieurs reprises «prêt...