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Actualités - ANALYSE

Le manifeste de Bkerké introduit de nouvelles données dans la formation du Cabinet

Manifestement, le manifeste de Bkerké a voulu secouer le cocotier du landernau local. En faisant du dossier de la présence militaire syrienne une priorité politique incontournable, même (ou surtout) au niveau des institutions. Pour autant, la question se pose : le prochain gouvernement inscrira-t-il ce problème à son programme ? En d’autres termes, certains ministres virtuels en feraient-ils une condition pour participer au Cabinet ? Plus globalement, le concept de Cabinet d’entente nationale, défendu par des leaderships de tous bords, peut-il se concevoir désormais en faisant abstraction du problème des relations avec la Syrie ? Et quelle position Bkerké adopterait-il à l’égard, ou à l’encontre, d’un gouvernement qui refuserait de prendre en compte ce dossier dans sa déclaration ministérielle ? Au stade actuel, ces interrogations ne reçoivent pas de réponses précises. Mais, selon des sources informées, on prendrait certes en considération la question syrienne tout en la relativisant par son inclusion dans un cadre bien plus général et bien plus vague : la concrétisation des multiples clauses de Taëf qui restent encore, dix ans après la conclusion de ce pacte, à l’état de projet. On sait par ailleurs que certains participants de Taëf soulignent qu’ils avaient concédé les réformes constitutionnelles (autrement dit, la renonciation aux prérogatives présidentielles antérieures) moyennant le dispositif prévoyant, au bout de deux ans, un redéploiement syrien sur la Békaa en prélude à un retrait total. Cependant, les sources précitées affirment que «l’intérêt du pays commande qu’on neutralise le traitement du dossier au niveau des autorités spirituelles et de la rue. Il faut couper court aux surenchères et aux dissensions que cela suscite». À en croire ces personnalités, «Bkerké pense, comme Dar el-Fatwa, que les autorités officielles sont seules habilitées à connaître de ce problème. À condition qu’elles ne le négligent pas, comme cela se fait depuis dix ans». Les professionnels en question se veulent cependant rassurants : «La Syrie elle-même, soutiennent-ils, souhaite discuter avec le gouvernement libanais d’un calendrier programme de retrait, prenant en compte les intérêts communs, les impératifs sécuritaires et l’évolution régionale. Mais c’est dans le calme, à l’abri de toute agitation polémique, que les Syriens veulent débattre avec nous des relations stratégiques entre les deux pays». Des rapports qui seraient bien plus solides, s’ils étaient fondés sur la souveraineté totale du Liban et sur une pleine confiance mutuelle. C’est ce que proclame le patriarche Sfeir qui a lancé, dans son sermon dominical, une formule interrogative appelée sans doute à faire date : «Quelle serait la meilleure protection pour une saine relation bilatérale : des forces militaires sans confiance mutuelle ou une confiance réciproque sans forces militaires ?» Il reste qu’en bonne logique, le prochain gouvernement ne pourrait pas ignorer un dossier d’intérêt national d’une telle importance. On sait en effet que souveraineté et politique, tout comme politique et économie, sont indissociables. En effet, dans un pays en crise, «tout est dans tout et réciproquement», comme le disait Alfred Capus. C’est sans doute pour mieux marquer ce point que le manifeste de Bkerké n’a pas omis d’évoquer le tribut, accablant pour ce pays, prélevé par des centaines de milliers de travailleurs syriens. Quoi qu’il en soit, si les chances d’un arrangement devaient tomber à l’eau, si la question syrienne ou même le parachèvement de Taëf devaient être gardés sur la touche par le prochain gouvernement, «il deviendrait quasiment impossible de réaliser l’entente nationale. Car évidemment, les parties qui réclament le traitement de cette question refuseraient de participer au gouvernement. Et il y aurait un risque de blocage prolongé», concluent les sources citées.
Manifestement, le manifeste de Bkerké a voulu secouer le cocotier du landernau local. En faisant du dossier de la présence militaire syrienne une priorité politique incontournable, même (ou surtout) au niveau des institutions. Pour autant, la question se pose : le prochain gouvernement inscrira-t-il ce problème à son programme ? En d’autres termes, certains ministres virtuels...