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Actualités - ANALYSE

Analyse - Un surprenant compromis à l'étude Les libertés moyennant Taëf, proposent des médiateurs

Par un phénomène bizarre, les récentes élections législatives ont engendré un cycle de contradictions et de controverses dont les parlementaires, sortants ou impétrants, se trouvent exclus. Et pour ne pas être en reste d’étrangeté, les bonnes âmes qui s’efforcent de trouver un compromis pour régler les tensions naissantes proposent qu’on échange les libertés contre Taëf et vice versa, comme si les deux étaient antonymes. C’est-à-dire, en clair, que le camp chrétien obtiendrait le droit (sic) de s’exprimer, à la condition expresse qu’il se soumette au système en place, aussi tronqué, aussi détourné qu’il soit. Le fait est que la vivacité exacerbée des réactions provoquées par les commémorations d’Achrafieh et de Mayfouk, vite qualifiées d’incitation sectaire à la guerre civile (rien que cela), prouve que beaucoup de parties, qui se réclament d’une ombrelle déterminée, n’admettent pas l’idée d’un rééquilibrage politique local. Ou, plus exactement, refusent que « ceux qui ont fait le mauvais choix, les vrais vaincus de la guerre», les parias que les décideurs mettent au rebut, aient voix au chapitre et participent au pouvoir. Le fait est aussi que si l’on n’avait pas soulevé avec insistance à l’Est la question de la libération de M. Samir Geagea et celle du retour du général Michel Aoun, symboles toujours honnis par certains axes locaux «plus royalistes que le roi», les appels de l’Est à la réconciliation nationale auraient été mieux entendus. Et nul n’aurait tenté de faire dire aux récentes prises de position du camp chrétien le contraire de ce qu’elles proclament. Nul n’aurait poussé le paradoxe jusqu’à prétendre que la main ainsi tendue veut frapper et répandre la mort. Avec quels moyens, du reste, on se le demande. Cependant, des sources informées croient savoir que, contrairement à l’impression que donnent les réactions outrancières des protestataires de l’Ouest, le climat des décideurs n’est pas défavorable à une détente sur la scène locale libanaise. Ces personnalités soutiennent que le prochain retour de M. Kamal Chatila augure sans doute de celui du général Aoun. Et ajoutent qu’une même approche positive est effectuée pour le traitement du cas de M. Geagea. Mais ces mêmes sources avouent que la toute récente contre-offensive enregistrée à l’Ouest «doit sans doute être prise en compte et nécessiter un délai de réflexion» de la part des décideurs. Reproches et explications «D’autant, note un officiel modéré, que les FL et les aounistes, qui ont très certainement voulu effectuer une démarche politique d’ouverture, faisant écho aux prises de position de M. Walid Joumblatt, ont été à leur corps défendant débordés par leurs bases. Ils ont eu beau expliquer qu’il fallait relativiser l’agressivité des slogans hurlés à Achrafieh et à Mayfouk, en l’attribuant à l’échauffement du moment, ces attaques des jeunes, qui semblent obnubilés par des thèmes anciens de ressentiment, ont tout gâché. Le moins qu’on puisse dire, après cela, est que le discours politique des radicaux de l’Est n’a pas évolué et reste loin d’un esprit de dialogue». «L’État, poursuit ce conciliateur, tient à ce que tout le monde puisse s’exprimer librement. Mais dans le respect de la loi, et à l’ombre de la légalité. Il est donc normal qu’après la houle de Mayfouk, l’État rappelle que les FL sont un parti dissous, interdit, dont les membres ne sont pas autorisés à manifester en tant que tels. Sans compter que nous ne savons pas que croire, ni qui croire : la direction politique de ce mouvement, qui affirme vouloir le dialogue ou les militants qui hurlent leur refus. Dans la même logique, on peut se demander quelle utilité aurait un dialogue avec des cadres qui ne semblent pas contrôler la base». En réalité Mme Sethrida Geagea s’est bien expliquée sur ce point précis. Elle a confirmé que la commémoration de Mayfouk ne devant avoir qu’un caractère cérémoniel, elle s’était elle-même abstenue d’y faire acte de présence, pour qu’on n’aille pas attribuer une portée politique à l’événement. Mais dans ces conditions, pourquoi y a-t-on entendu des slogans politiques ? Parce que, répondent des sources proches des FL, «les vexations, les barrages injustifiés, les fouilles de corps, qui ont retardé la messe de plusieurs heures, ont poussé les jeunes à bout». Donc d’après ces sources, la provocation ne serait pas là où on pense. Il reste que Mme Geagea, autant que Mme Solange Gemayel auparavant, a tenu à répéter son respect de la légalité et sa quête d’entente. Ce qui n’empêche pas les partis zélés de l’autre bord de voir dans le réveil de l’Est politique un appel à la guerre civile. La réaction, cristallisée lors d’un grand regroupement des forces dites nationales au siège du Baas, a été si vive qu’elle a paru avoir un impact direct sur la démarche de rapprochement initiée antérieurement par M. Walid Joumblatt. Les observateurs s’accordent en effet à interpréter comme une reculade le fait que, se trouvant à Paris, le leader du PSP ait tenu à préciser que les temps ne sont pas encore mûrs pour une rencontre avec le général Aoun. Qui se voit poser comme condition première la soumission à Taëf. En somme, c’est le retour à la case départ, avec le rétablissement de la même ligne de partage dessinée après ce même Taëf. À cette nuance près qu’il y a quand même cette fois quelque espoir d’évolution positive relevant des changements qui s’opèrent çà ou là. On note ainsi que, malgré la mobilisation générale à l’Ouest, on y entend encore chanter dans certains salons politiques «les mérites de la position éclairée, ouverte, modérée du président Amine Gemayel mais aussi de M. Dory Chamoun qui semble amorcer une relecture du tableau politique local, et une restructuration de son parti, à la lumière des développements régionaux ainsi que du retrait israélien du Sud». Il reste qu’après Mayfouk, une question toute simple, mais chargée de sens, court sur toutes les lèvres à l’Est : pourquoi les mandats judiciaires concernant cheikh Soubhi Toufayli ne sont-ils pas appliqués, et pourquoi ses partisans peuvent-ils manifester aussi bruyamment qu’ils veulent, là où ils veulent, sans se heurter à aucun barrage ?La réponse tient peut-être dans une différence qui ne serait pas d’ordre juridique mais géographique.
Par un phénomène bizarre, les récentes élections législatives ont engendré un cycle de contradictions et de controverses dont les parlementaires, sortants ou impétrants, se trouvent exclus. Et pour ne pas être en reste d’étrangeté, les bonnes âmes qui s’efforcent de trouver un compromis pour régler les tensions naissantes proposent qu’on échange les libertés contre...