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Actualités - CHRONOLOGIE

La représentativité sacrifiée au nom des petits intérêts

Si, de l’avis des associations, une amélioration sensible est à noter au niveau du dépouillement des bulletins de vote et de l’annonce des résultats par rapport aux élections de 1996, il n’en reste pas moins que ni la démocratie, ni les droits de l’homme, ni la représentativité, exigence suprême de la loi électorale, n’ont été respectés «Les opérations électorales ont été marquées par le sous-développement. Il n’y a vraiment pas de quoi se vanter à tous les niveaux», affirme M. Paul Achkar, militant au sein de l’ALDE. «Nous ne savons pas qui est l’auteur de la loi électorale, puisque personne n’en réclame la paternité», s’étonne M. Achkar en insistant sur la nécessité «de ne plus limiter la loi électorale au simple découpage administratif». Selon lui, la confusion est présente dans les esprits, et il convient d’y mettre fin. «Les petits intérêts à court terme d’une dizaine de personnes, aussi bien des loyalistes que de opposants, voilà le seul critère qui a été adopté pour déterminer le découpage administratif des circonscriptions», a-t-il déploré. «Le découpage doit garantir une bonne représentativité populaire, ce qui n’a pas été le cas cette fois», a estimé de son côté Jean Aouad, membre de la FDHDH. «Dans des circonscriptions du Liban-Nord, les électeurs ont voté pour des candidats qu’ils ne connaissaient pas. Une simple tournée d’un candidat dans une région donnée à quelques jours des élections, ce n’est pas suffisant», a-t-il souligné. «Les communautés n’élisent effectivement pas leurs représentants. Si une personne est candidate à un siège chrétien, dans un système confessionnel, elle doit forcément être élue par les chrétiens. L’accord de Taëf a décidé du contraire. Au nom de l’union nationale et d’autres beaux slogans, on a sacrifié la véritable représentativité. Le député n’a plus de compte à rendre à sa communauté, puisqu’elle n’est pas à l’origine de son succès», a-t-il indiqué. «En définitive, le découpage a fait fi des différents critères de représentativité, et a failli à sa charge d’assurer l’équilibre sur le plan communautaire», a estimé M. Abou Aoun (NDH). «Il comporte également des inégalités aux niveaux régional et social : un citoyen votant au Liban-Sud élit beaucoup plus de députés qu’un Beyrouthin !», a-t-il poursuivi. «Les résultats des élections ont confirmé l’inadéquation de ce découpage avec la réalité de la situation libanaise : le candidat arménien de Beyrouth a été élu par les voix sunnites, non par celles de la communauté arménienne… Même chose pour les députés chrétiens de Jezzine, élus par les voix chiites ou le député chiite de Kesrouan-Jbeil, élu par les voix maronites», a expliqué M. Abou Aoun. La solution pour M. Achkar réside dans «l’adoption de circonscriptions de la même taille». «S’il y en a huit ou plus (circonscriptions), il convient d’opter pour la représentation proportionnelle», meilleure solution selon lui pour un pays contenant autant de groupes, et ce «indépendamment de la nature confessionnelle du régime ou de son abolition». Autre question soulevée par les trois associations, celle du rôle de l’argent dans le processus électoral et la nécessité de trouver une réglementation adéquate pour mettre un plafond aux dépenses. «Malgré les rapports présentés par le gouvernement, les élections ont montré la croissance du rôle de l’argent», a affirmé M. Achkar. «Certains parlent d’une somme de 100 millions dépensée par certains candidats», a souligné M. Aouad. Pour l’ALDE, la solution serait de fixer les dépenses à un seuil au prorata du corps électoral de chaque circonscription, de manière à ce que le candidat soit responsable de toutes les dépenses directes ou indirectes, et obligé de présenter un rapport après le scrutin. Le dépassement du seuil toléré pourrait alors être sujet à «cassation du mandat», selon M. Achkar. «C’est inconcevable… des députés multimillionnaires au Parlement alors que le taux de pauvreté ne cesse de s’accroître…», affirme de son côté M. Aouad. Concernant l’utilisation des médias audiovisuels, les trois associations ont dénoncé le non-respect de l’égalité des chances, certains candidats n’ayant pas eu droit au passage à l’antenne, tant sur les médias officiels que privés, ce que M. Abou Aoun a qualifié de «partialité des médias officiels en faveur de candidats proches du pouvoir». «L’organisation du secteur doit être faite par le secteur lui-même, une sorte de “code d’honneur” qui serait vérifié par une instance juridique», a proposé M. Achkar avant de poursuivre : «Toute personne qui a payé sa caution de candidat doit bénéficier d’un certain quota de passage à l’antenne, le même pour M. Berry, M. Murr ou n’importe quel autre». Et M. Achkar de mettre l’accent sur un autre problème, l’inexistence des débats entre candidats, avant de réaffirmer son hostilité pour les talk-shows payés auxquels plusieurs candidats n’ont pas les moyens de participer. Il s’est en outre réjoui du discours concernant une nouvelle loi électorale, l’actuelle, qui date de l’époque du mandat, devant «être dépoussiérée, deux ou trois ans avant les prochaines élections»… Les trois associations se sont enfin accordées sur le fait que la loi électorale doit avoir comme but «une stabilité pour la vitalisation de la vie politique».
Si, de l’avis des associations, une amélioration sensible est à noter au niveau du dépouillement des bulletins de vote et de l’annonce des résultats par rapport aux élections de 1996, il n’en reste pas moins que ni la démocratie, ni les droits de l’homme, ni la représentativité, exigence suprême de la loi électorale, n’ont été respectés «Les opérations...