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Actualités - ANALYSE

Peu à peu la tendance à l'apaisement se consolide

Il est impossible de sortir d’une bataille aussi acharnée que les législatives sans ecchymoses. Et il est difficile d’amorcer une vraie détente. Mais peu à peu les remous s’apaisent. D’autant que tout le monde est bien obligé de convenir que ce pays, au bord de la ruine économique, ne peut guère se payer le luxe de zizanies politiciennes. Dans la même logique, c’est principalement la récession qui détermine les travaux d’approche pour la formation d’un nouveau Cabinet, ainsi que pour la désignation du prochain président du Conseil. Alors même que l’on est encore loin d’un consensus, les différentes parties concernées en admettent de concert le principe et ne rechignent pas à participer aux concertations multilatérales menées à cette fin. Notamment par le président Nabih Berry qui s’est revêtu pour l’occasion de la toge du rassembleur. L’idée est de battre le fer tant qu’il est chaud, de brûler les étapes en discutant dès maintenant de la nature, du volume, de la composition et de la mission du prochain gouvernement. De toute évidence, il est bien plus prudent de préparer le terrain, de le déminer, sans attendre les consultations parlementaires qui n’auront lieu qu’après le 17 octobre, date d’investiture de la nouvelle Chambre. Les professionnels estiment qu’en entrant de plain-pied dans la phase des négociations actives, du bazar ministériel, on contribue ipso facto à détendre l’atmosphère politique générale. Dans tous les camps en effet, les ministrables sont légion et se font risette les uns aux autres pour s’assurer d'une petite place au soleil du pouvoir. Un peu dans le même esprit, les présidentiables s’interdisent de faire grise mine au régime, puisque, sans son accord, aucun gouvernement ne peut être formé. En passant donc à une phase avancée, on désamorce en grande partie les séquelles de la terrible empoignade des élections. Et si certains perdants grognent encore ou ruent dans les brancards, leurs réactions n’affectent pas trop le climat politique, du moment qu’ils sont pratiquement hors jeu pour la course aux maroquins. On aura d’ailleurs noté que le président Hoss en a pris acte, pour sa part, en proclamant que le retour au Sérail de M. Hariri lui semble désormais «normal et nécessaire». L’ancien président du Conseil accentue de son côté la modestie de son triomphe. Ses proches ont pour instructions de marteler des thèmes d’ouverture positive en direction du régime. Ainsi, selon l’un d’eux, «il est grand temps de penser à donner un sens fort à l’ordonnance constitutionnelle relative à la coopération entre les institutions. Sous le gouvernement de M. Hoss, les responsabilités n’étaient pas bien partagées. C’est le principe taëfiste de participation collective qui doit régir les relations entre les dirigeants. Ils doivent constituer une équipe bien soudée et de ce fait même gommer les préventions mutuelles qu’ils peuvent encore éprouver. Si une telle mentalité ne devait pas prévaloir, M. Hariri pourrait bien refuser sa désignation». Après cet appel du pied, le haririen cité veut se rassurer : «Il est tout à fait certain, dit-il, que le chef de l’État est résolu à jouer le jeu à la régulière. Il tient, nul ne l’ignore, à ce qu’avant tout la loi soit respectée, et il reste fermement attaché à l’engagement pris dans son discours d’investiture de réaliser l’État de droit comme des institutions. Nous ne demandons pas autre chose, nous n’avons pas un objectif différent. Dès lors les possibilités de coopération sincère nous semblent ouvertes. D’autant que l’harmonisation relationnelle, nul ne l’ignore, est indispensable pour assurer la stabilité politique du pays, elle-même absolument nécessaire pour lutter contre la crise socio-économique qui le déchire. Les propos tenus par le président de la République devant ses visiteurs permettent d’estimer qu’il suit la même logique, commandée par l’intérêt public. Aussi nous pensons que nos adversaires ont tort de miser sur un désaccord avec Baabda et sur une éventuelle cohabitation difficile». Cette personnalité apporte le point d’orgue à son argumentation en soutenant que «les rapports personnels entre les présidents Lahoud et Hariri ne souffrent d’aucun nuage. Il n’y a dès lors aucune raison pour que leurs légers malentendus politiques ne soient rapidement dissipés. D’autant que le régime a sans doute réalisé après les élections que certains rapports qui lui ont été soumis, et qui ont pu l’indisposer à notre égard, étaient truffés de contrevérités, tronqués et tendancieux à souhait». Et de conclure par un vibrant hommage au président Lahoud «parangon de probité, de respect de la loi et de désintéressement». Toujours est-il qu’en pratique les échos positifs ne sont pas suffisants pour laisser seul en course M. Hariri. En d’autres termes, et bien qu’il fasse figure de favori dans l’opinion comme à l’étranger, on continue à lui opposer, du côté des loyalistes, un sérieux concurrent en la personne de M. Nagib Mikati.
Il est impossible de sortir d’une bataille aussi acharnée que les législatives sans ecchymoses. Et il est difficile d’amorcer une vraie détente. Mais peu à peu les remous s’apaisent. D’autant que tout le monde est bien obligé de convenir que ce pays, au bord de la ruine économique, ne peut guère se payer le luxe de zizanies politiciennes. Dans la même logique, c’est...