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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Syrie - Le leader druze pourrait prendre contact avec Aoun à Paris Joumblatt entame un dialogue avec Damas

Une affaire à suivre : celle de la visite que le chef du PSP et député du Chouf, M. Walid Joumblatt, a effectuée hier à Damas où il a été reçu par le président syrien Bachar el-Assad. Une visite qui fera date dans les annales libanaises, dans la mesure où c’est bien la première fois depuis la fin de la guerre au Liban qu’un pôle politique libanais issu du système mis en place par l’accord de Taëf remet en question les relations libano-syriennes dans le sens d’un rééquilibrage rationnel. M. Joumblatt, qui a été reçu deux heures durant par le président Assad, a fait part à son interlocuteur de son point de vue concernant divers sujets s’articulant principalement autour d’un recentrage des rapports politiques et économiques, fondé sur les articles de l’accord de Taëf. Dans les milieux proches de M. Joumblatt, on s’accordait à qualifier de positifs les entretiens du leader druze dans la capitale syrienne et l’on indique que M. Assad a écouté avec intérêt les idées développées par son hôte. Le fait que les deux responsables se soient mis d’accord pour se revoir afin de poursuivre le dialogue et pour dynamiser le rôle du Conseil supérieur libano-syrien témoigne sans doute de l’intérêt que la présidence syrienne porte au discours de M. Joumblatt, qui va d’ailleurs dans le sens du changement dont le président syrien s’est fait le porte-étendard. La balle est aujourd’hui dans le camp de Damas à qui il revient de donner suite aux points développés par le leader druze. Comme nous l’avions annoncé dans notre édition de mercredi, ce dernier a en effet plaidé en faveur d’un repositionnement des forces syriennes stationnées au Liban conformément à l’accord de Taëf. De vagues «sources politiques», citées par l’agence Reuters dans une dépêche datée de Damas, ont toutefois nié – et d’une manière tout aussi vague... – que le redéploiement syrien ait été abordé durant l’entretien Assad-Joumblatt. Mais dans les milieux proches du leader druze, on a précisé que M. Joumblatt a soulevé cette question quoique de manière générale, partant du principe que la négociation des points techniques est l’apanage des armées libanaise et syrienne. Pour M. Joumblatt, estime-t-on dans ces milieux, ces négociations doivent se fonder sur l’accord de Taëf qui définit les motivations du déploiement syrien au Liban et en fonction duquel un repositionnement doit donc se faire tout en prenant en considération les points stratégiques de défense syriens mais aussi l’allègement de certains axes qui ne revêtent aucun intérêt stratégique pour la Syrie. Les accords bilatéraux Pour toute réponse, le président syrien devait expliquer à son interlocuteur que la Syrie a déjà procédé à un redéploiement de ses troupes et qu’elle avait retiré il y a quelque temps une de ses brigades de Beyrouth. La réplique du président syrien peut-elle être considérée comme étant un indice d’une volonté syrienne de plancher sur le sujet ? C’est là une question qui reste pour le moment sans réponse. Sur le plan économique, le leader druze a soulevé le problème des accords commerciaux bilatéraux dont l’application laisse parfois à désirer. De mêmes sources, on note que les deux pays se plaignent de certaines pratiques, comme la contrebande à deux sens. Le Liban se plaint notamment de ce que ces accords favorisent davantage la Syrie que notre pays. M. Joumblatt devait proposer que les autorités syriennes concernées reçoivent des représentants de la Fédération des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture ainsi que de l’Association des industriels pour discuter avec eux des problèmes qui se posent. Il serait utile de citer parmi ces problèmes celui de la saturation du marché local par les produits agricoles syriens ou de la concurrence de la main-d’œuvre syrienne. Autre problème dont le règlement dépend en partie de Damas : l’intervention des services de sécurité dans divers aspects de la vie libanaise : politique, syndicale, médiatique… et dont nombre de responsables se plaignent. M. Joumblatt a abordé ce sujet sous l’angle de la «sécurité commune» dans la mesure où certains services se servent de ce slogan comme prétexte pour justifier leur intervention dans des domaines qui ne relèvent normalement pas de leur compétence. Le leader druze avait, rappelle-t-on, soulevé ce problème à maintes reprises dans ces déclarations. Hier à Damas, il a appris que le président Bachar el-Assad a publié un décret interdisant aux fonctionnaires et aux administrateurs de prendre contact avec les services. Sur le plan local, M. Joumblatt compte consolider le processus qu’il a enclenché en élaborant un document à même de constituer la base d’un dialogue interlibanais, d’une importance capitale pour assainir la vie politique. Dans le même ordre d’idées, il n’est pas exclu que le chef du PSP, qui prendra samedi l’avion pour Paris, prenne contact avec le général Michel Aoun, qui s’était lui-même dit prêt à engager un dialogue avec les leaders libanais. Rien n’a été encore décidé à ce sujet, note-t-on dans les milieux de M. Joumblatt, qui souhaite au préalable s’assurer que les prises de position de l’ancien chef du gouvernement de militaires sont devenues plus souples, notamment en ce qui concerne l’accord de Taëf. Dans les milieux de M. Joumblatt, on estime en effet que pour qu’un dialogue soit amorcé, il faut bien trouver une position commune qui serve de point de départ à des contacts bilatéraux. Le député du Chouf a franchi un premier pas sur ce plan en réclamant un rééquilibrage des relations libano-syriennes, également souhaité par le général Aoun. Il faut que ce dernier lui emboîte le pas et essaie peut-être d’accommoder sa conception de la souveraineté avec l’accord de Taëf.
Une affaire à suivre : celle de la visite que le chef du PSP et député du Chouf, M. Walid Joumblatt, a effectuée hier à Damas où il a été reçu par le président syrien Bachar el-Assad. Une visite qui fera date dans les annales libanaises, dans la mesure où c’est bien la première fois depuis la fin de la guerre au Liban qu’un pôle politique libanais issu du système mis...