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Actualités - ANALYSE

La crise économique, un atout et un handicap pour Hariri

Hariri or no Hariri, that is the question. Les partisans de son retour au Sérail, que même le président Sélim Hoss qualifie de «normal et nécessaire», sont nombreux. Ils font valoir que la crise économique impose par elle-même le recours au milliardaire. Mais ses contempteurs, guère convaincus, n’en multiplient pas moins les manœuvres en coulisses pour lui bloquer la route. La dernière fois, on avait, comme on sait, trituré la Constitution pour annuler de fait la désignation effectuée par la majorité parlementaire. On avait en effet inventé que l’article 53 C (Constitution) vu sous un certain angle permettait aux députés de transmettre leur mandat électif au président de la République. Pour qu’il choisisse à leur place le nouveau Premier ministre. M. Hariri qui, très probablement, ne voulait pas tenter alors l’expérience de la cohabitation, avait saisi la balle au bond. Se prévalant de l’inconstitutionnalité de la procédure suivie, il s’était tout simplement récusé, une fois désigné. Cette fois-ci, l’astuce de l’article 53C étant éventée, et largement dénoncée aussi bien par les juristes que par les décideurs, les ultras que désespère la perspective de revoir M. Hariri reprendre les rênes s’y prennent tout autrement. Plus habilement, sans doute, ils soutiennent que M. Hariri n’est qu’un mirage, un faux recours et que ce dont le pays a urgemment besoin, c’est d’un plan de sauvetage économique que mènerait un gouvernement consensuel. Mais pourquoi M. Hariri ne pourrait-il en prendre la tête, lui qui compte tant sur la scène politique locale ? Parce que, répondent ses contempteurs , «il est l’auteur et le responsable d’une stratégie financière trop libérale. La voie qu’il a suivie, et qui a provoqué la récession, a privilégié les investissements improductifs, en bons du Trésor ou dans le domaine des spéculations foncières et immobilières. Il a imprimé dans ce sens un mouvement d’une telle force que l’équipe Hoss n’a pas pu renverser la vapeur et modifier le cap. En d’autres termes, elle n’a réussi ni à assainir les finances publiques ni à appliquer une politique économique favorisant tout à la fois les secteurs de production effective et les prestations sociales. Aujourd’hui, la cote d’alerte est atteinte. Il faut donc un Cabinet qui développe un plan de redressement nécessairement austère d’un côté, social de l’autre. Ce qui est à l’opposé de ce qu’un milliardaire libéral peut offrir. Il est dès lors facile d’imaginer que M. Hariri, une fois revenu au pouvoir, bloquerait toutes les décisions qui ne seraient pas conformes à ses propres vues». Balle au camp Une thèse qui ne fait en réalité que transposer la polémique du politique au pseudo-économique. Et rajouter aux conflits classiques des politiciens les divisions qui opposent les organismes économiques entre eux, ainsi que le patronat et les syndicats ou le monde des travailleurs. Toujours est-il que l’idée de former le gouvernement en prenant d’abord en compte la priorité économique n’est discutée par personne. On entend ainsi le leader du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, rappeler qu’il est erroné de parler de «sauveur» et qu’il faut se préoccuper de savoir quel va être au juste le programme du prochain gouvernement, quel qu’en soit le chef. Un programme qui, selon lui, devrait être axé sur la crise économique mais aussi sur des questions comme Chebaa et les prisonniers libanais d’Israël. Le Hezbollah, on le sait, a toujours souligné que ses relations avec le pouvoir se sont améliorées depuis l’avènement du nouveau régime. Un autre adversaire déclaré de M. Hariri, M. Moustapha Saad, définit des critères de sélection qui ne conviendraient pas à M. Hariri. Selon le député de Saïda, il faudrait, en substance, que le prochain Premier ministre «soit un partisan convaincu de l’État de droit et des institutions. Il doit être allergique à tout esprit de confessionnalisme ou de sectarisme. Il doit être probe, intègre et franc. Il ne doit pas exploiter son autorité ou les fonds publics à des fins personnelles». De leur côté, les instances économiques interviennent dans le débat. Elles multiplient déclarations et publication de statistiques alarmantes. Pour sa part, l’Association des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture organise des séances de travail aux fins de soumettre au public un prototype de programme de redressement que le prochain gouvernement devrait suivre. Les associations d’industriels, de commerçants, de cultivateurs, d’agences de voyage, d’entreprises publicitaires, d’hôteliers ou d’artisans font également entendre leurs voix. Tous ces corps constitués mettent en chœur l’accent sur deux facteurs : l’aggravation de la récession et l’approche d’une rentrée sociale, notamment scolaire, qui risque d’être très pénible pour les familles libanaises. Un côté social d’autant plus préoccupant que la CGTL se trouve, comme on sait, en pleine tourmente intérieure et sur le point d’imploser. Il convient de noter cependant que des politiciens, soucieux de reprendre ou de garder l’initiative, font valoir que «des programmes et de belles théories, on en a vu défiler par dizaines, sans que rien n’en soit réalisé, ou alors très mal. De plus les experts sont toujours divisés entre eux quant aux solutions possibles. Comme le proverbe le souligne, quand Hippocrate dit oui, Galien dit non. Faut-il, par exemple, rappeler que ce qui convient aux commerçants ne convient pas aux industriels et vice versa ? Il y a certes des choix communs, nationaux, évidents, dont la nécessité d’alléger la dette publique. Mais ce qui compte en définitive, ce ne sont pas les théories, c’est l’exécution. Pour l’assurer, il faut avant tout une solide stabilité politique, un gouvernement fort. Seul moyen du reste de rétablir la confiance qui, on l’oublie un peu trop, est la toute première condition d’un redressement économique». Certes, mais un gouvernement fort, qu’est-ce que cela signifie au juste ? Pour certains, un gouvernement d’entente nationale, donc largement coloré. Pour d’autres, au contraire, un gouvernement homogène, c’est-à-dire quasi monochrome. Que ce soit chez les uns ou chez les autres, chez les économistes ou chez les politiciens, force donc est de constater qu’il n’existe qu’un point commun, le goût da la polémique. Voire du désaccord
Hariri or no Hariri, that is the question. Les partisans de son retour au Sérail, que même le président Sélim Hoss qualifie de «normal et nécessaire», sont nombreux. Ils font valoir que la crise économique impose par elle-même le recours au milliardaire. Mais ses contempteurs, guère convaincus, n’en multiplient pas moins les manœuvres en coulisses pour lui bloquer la...