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Actualités - ANALYSE

Entente - Comment surmonter les épreuves et relever les défis de l'avenir Retours d'exil et amnistie dépendent du bon vouloir du pouvoir et des décideurs

Micro-organisme riche en contrastes, le Liban offre dans tous les domaines un tableau fourni d’équivalences. S’agit-il, après le retour de M. Amine Gemayel, de réclamer le retour du général Michel Aoun, on n’omettra pas de mentionner également, au nom des équilibres, les noms de MM. Kamal Chatila et Ibrahim Koleilat. Et pour faire bonne mesure, on n’oubliera pas de demander une amnistie pour M. Samir Geagea, afin qu’il retourne lui aussi sur la scène politique. Beaucoup de voix s’élèvent à l’unisson, à l’Est comme à l’Ouest, pour plaider cette cause, au nom de l’entente nationale. Mais cette touchante unanimité ne suffit évidemment pas. Car, en pratique, seul compte l’avis des autorités locales, comme des décideurs extérieurs. Sous le régime précédent, les responsables politiques adoptaient par rapport à cette question un profil assez Ponce Pilate. Sollicités alors au sujet du président Gemayel et du général Aoun (on ne parlait guère de MM. Chatila et Koleilat), ils répondaient invariablement qu’il n’y avait aucune objection au retour. Pour se hâter de se défausser sur la magistrature, en indiquant qu’ils n’avaient pas, pour leur part, à intervenir dans d’éventuelles (entendre probables) poursuites judiciaires contre les personnalités exilées. Le message, levantin dans sa forme, était bien compris dans son fond : l’interdit n’était toujours pas levé. Aujourd’hui c’est différent. L’introduction sur la liste des «réclamés» de MM. Chatila et Koleilat, permet à l’Ouest de joindre volontiers sa voix à l’Est, dans l’esprit d’une réconciliation nationale débouchant sur une réunification, une consolidation des rangs internes, afin que le pays puisse surmonter ses épreuves présentes et relever les défis de l’avenir. L’effort est donc bien plus marqué qu’auparavant. La percée que constitue la rentrée du président Gemayel, doublée du succès électoral de son fils Pierre, contribue à donner à la campagne une coloration certaine de faisabilité. Sans compter, autre élément plaidant pour l’unité nationale, le rôle positif d’un autre retour dans le giron de la patrie, celui du Sud libéré. De tous côtés on entend dès lors répéter que, tout comme M. Gemayel, MM. Aoun, Geagea, Chatila et Koleilat, s’ils choisissent de revenir sur la scène politique locale, le feraient à l’ombre du système, en en respectant les lois. On souligne en chœur que sans le règlement de ces quatre cas, auxquels certains rajoutent celui de cheikh Soubhi Toufayli, la réunification resterait un vain mot. Beaucoup de pôles de l’Ouest s’aventurent aujourd’hui, pour la première fois depuis Taëf, à convenir que l’Est a été nettement discriminé depuis la fin de la guerre. Il a été privé de ses figures de proue, sous-représenté et tenu à l’écart de la vie publique. Ces personnalités reconnaissent, sans trop se faire prier, que les équilibres en ont pris un coup, que la coexistence en a pâti et que le pays, sans entente à la base, n’a pas été en mesure de réaliser cet objectif vital qu’est l’institution d’un véritable État. Ce qui explique que les multiples tentatives de réforme administrative et de redressement de la balance économique ont été, depuis Taëf, autant de coups d’épée dans l’eau trouble de la soumission. Les élections de 1992 puis de 1996 en avaient offert un exemple frappant. Pour ce qui est de cette année même, il y a eu du côté de la participation chrétienne une amélioration due en partie à la position avancée adoptée par M. Walid Joumblatt. Mais il est certain que le mouvement de cimentation interlibanaise ainsi entamé peut encore être étouffé dans l’œuf. Au prix, sans doute, d’une déstabilisation politique présentant des formes, et des alliances, nouvelles. Redisons-le, la réponse aux questions que l’on peut se poser sur l’évolution de la situation locale est tout entière aux mains du pouvoir et des décideurs. Cette réponse, on pourra probablement la lire entre les lignes, à travers les choix que feront ensemble la nouvelle législature et le prochain gouvernement.
Micro-organisme riche en contrastes, le Liban offre dans tous les domaines un tableau fourni d’équivalences. S’agit-il, après le retour de M. Amine Gemayel, de réclamer le retour du général Michel Aoun, on n’omettra pas de mentionner également, au nom des équilibres, les noms de MM. Kamal Chatila et Ibrahim Koleilat. Et pour faire bonne mesure, on n’oubliera pas de...