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Actualités - ANALYSE

La loi électorale critiquée aussi bien par les loyalistes que par les opposants Plaidoyer pour la petite circonscription... ou pour le Mohafazat

Mais qui est donc à l’origine de la loi électorale ? Une question d’autant plus légitime que nombre de loyalistes et d’opposants s’accordent à la fustiger, tout en soulignant la nécessité de s’atteler à l’élaboration d’une nouvelle loi dès l’entrée en fonctions du nouveau Parlement et la formation du futur gouvernement. Ce zèle est certes louable, mais il est sans doute déplacé dans la mesure où les prochaines élections législatives ne devraient pas avoir lieu avant 2005. Or il est fort probable qu’une loi votée en 2001 ne correspondra pas aux circonstances qui prévaudraient alors dans le pays. Quoi qu’il en soit, les nombreuses critiques dont la dernière loi électorale a fait l’objet montrent bien que ses résultats ne sont pas toujours conformes à la réalité, notamment dans les grandes circonscriptions : dans ce cas de figure, il arrivait ainsi à certains candidats d’échouer dans leur propre caza pour être élus par les voix de gens qui ne les connaissent pratiquement pas. En d’autres termes, ces députés représenteraient des électeurs connaissant uniquement le chef de la liste à qui ils doivent d’avoir été élus. Il est étrange aussi que, parmi les plus farouches détracteurs de la loi, nombreux sont ceux qui ont fait en sorte qu’un recours en invalidation auprès du Conseil constitutionnel n’aboutisse pas. Résultat : le découpage des circonscriptions a souvent eu lieu en dépit du bon sens et de manière tout à fait inique. C’est ainsi que, dans la plupart d’entre elles, les têtes de liste étaient de confession mahométane. Les réactions de l’électeur chrétien était donc prévisibles : boycottage du scrutin ; participation par complaisance dans certaines circonscriptions et par esprit de vengeance dans d’autres. Dans ces conditions, il est donc normal que le taux de participation des électeurs musulmans ait été beaucoup plus élevé que celui enregistré au sein de la communauté chrétienne. Ainsi, les efforts déployés par le président de la République Émile Lahoud en vue d’élaborer une loi électorale moderne et équitable se seraient heurtés aux intérêts personnels d’une classe politique souvent peu soucieuse de ceux de la nation. Il aurait voulu en effet que la compétition entre les candidats au scrutin ait lieu sur la base de programmes et principes politiques. Or ces espoirs ont été déçus dans la mesure où ce sont les réflexes confessionnels des électeurs et les rouleaux compresseurs qui ont fini par prévaloir. Et gare à celui qui aurait osé exprimer librement un point de vue plus ou moins opposé à celui de son chef de liste. Le châtiment à ces velléités d’indépendance est radical : ledit candidat serait privé de son siège parlementaire lors des prochaines législatives. En fin de compte, une Assemblée issue dans sa majorité d’un scrutin basé sur une loi électorale inique peut-elle agir contre elle-même en adoptant une loi équitable ? De son côté, le chef de l’État est-il disposé à faire face à une classe dirigeante qui, jusqu’à présent, a torpillé toutes les tentatives de réformes administratives et politiques ? De toute manière, les critères d’une loi électorale équilibrée sont clairs. Ils consistent notamment à procéder à un découpage basé sur la petite circonscription de façon à ce que le député représente effectivement ses électeurs. On peut envisager dans ce cadre le caza. Mais il y a mieux : la circonscription uninominale où le nombre d’électeurs pour chaque député est défini à l’avance. Les candidats faibles ne s’aventureraient plus alors à mener une bataille électorale qui leur serait d’office préjudiciable. Une deuxième solution consiste à adopter le mohafazat en prélude à la circonscription unique. Mais pour ce faire, le système des partis doit être consolidé. L’électeur pourrait alors voter pour un programme politique sans nécessairement connaître tous les candidats d’une liste. Or les dernières législatives ont permis de créer une situation favorable à la naissance de nouveaux partis forts. Le «Courant du futur», nom donné par l’ancien Premier ministre Rafic Hariri aux listes dont il a pris la tête, peut par exemple prétendre à constituer un parti politique en bonne et due forme d’ici aux prochaines élections, d’autant plus que les candidats qui ont figuré sur les listes de M. Hariri appartiennent à différentes régions et confessions. L’idéal serait donc d’aboutir à la formation de partis aconfessionnels à caractère purement politique. L’électeur voterait alors pour un programme et pour des principes. Mais en attendant d’y arriver, la solution résiderait sans doute dans l’adoption de la circonscription uninominale.
Mais qui est donc à l’origine de la loi électorale ? Une question d’autant plus légitime que nombre de loyalistes et d’opposants s’accordent à la fustiger, tout en soulignant la nécessité de s’atteler à l’élaboration d’une nouvelle loi dès l’entrée en fonctions du nouveau Parlement et la formation du futur gouvernement. Ce zèle est certes louable, mais il est...