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Actualités - ANALYSE

La détente, en attendant l'entente

Après la pluie, le beau temps. Le pays politique entre manifestement dans une phase d’apaisement. Les déclarations, réciproquement aimables ou fair-play (à l’exception sans doute de la position adoptée par M. Sélim Hoss), en font foi. Et aussi l’accord explicite conclu entre les loyalistes et les opposants, qui doivent échanger bientôt leurs tenues, de ne pas ouvrir de suite le dossier du changement ministériel. C’est-à-dire de ne pas commencer à spéculer sur la composition du prochain Cabinet et de se consacrer plutôt à préparer le réaménagement de la place de l’Étoile où il faut, à part la réélection assurée de M. Nabih Berry au perchoir, former un nouveau bureau et sérier les commissions parlementaires, ce qui nécessite de laborieuses, de pointilleuses négociations. Mais si les seconds couteaux ont là de quoi s’occuper, il fait peu de doute que sous le couvert de la trêve d’un mois et demi qui s’amorce, les chefs de file et leurs assistants politiques vont pour leur part beaucoup discuter en coulisses du Cabinet. Le bazar, dans un pays aussi composite, n’est jamais facile. Il serait ainsi simpliste de s’imaginer que l’opposition, qui a gagné, va remplacer en bloc le camp loyaliste, qui a perdu. Tout d’abord parce qu’il n’y a pas une seule opposition et un seul camp loyaliste, mais plusieurs. Et ensuite, parce qu’il est fortement question de tourner la page, sur le plan d’ensemble, en formant, pour la toute première fois depuis la fin de la guerre, un Cabinet d’entente nationale où tout le monde serait représenté, directement ou indirectement. De plus, au nom sacro-saint de la liberté d’analyse et d’expression, nombre de tenants du pouvoir refusent d’admettre la défaite. Ainsi, usant de son droit de nuance, un loyaliste soutient que «le “départage” auquel on a assisté est de nature électorale et non politique». Sans dire comment on peut dissocier ces deux éléments, ce cadre ajoute que «le vote populaire est une chose, le choix du nouveau Premier ministre et la composition du Cabinet en sont une autre». Sans dire non plus pourquoi il ôte toute crédibilité aux personnalités concernées, il affirme ensuite qu’il ne faut «tenir aucun compte des prises de positon affichées dernièrement, notamment en ce qui concerne l’appui des blocs à tel postulant notoire à la présidence du Conseil». On ne saurait mieux insinuer que tous les pôles qui ont clairement réclamé publiquement le retour au Sérail de M. Rafic Hariri sont prêts à se rétracter, à se dédire. Cet ultra, qui laisse également de côté l’engagement pris par le régime de suivre à la lettre la procédure constitutionnelle, insiste sur «les chances de voir la période intermédiaire de 45 jours modifier encore les donnes» et inverser en quelque sorte les résultats des élections. Mais généralement c’est un langage moins biscornu, plus réaliste que l’on entend chez les professionnels de la politique. «Il est évident, souligne l’un d’eux, que les élections étant terminées, il faut en tirer les conséquences politiques, mais se hâter de dépassionner le débat. Car l’urgence socio-économique n’attend pas et ne pardonne pas. L’intérêt public commande la détente et, dans la mesure du possible, l’unification des rangs pour faire face à la crise. Les divisions apparentes et sous-jacentes ne peuvent certes pas être gommées dans un pays dominé par les clivages confessionnels, mais il est possible de les mettre en sourdine. Il est temps de comprendre qu’en définitive, dans une telle mosaïque de communautés, il n’est pas possible d’ignorer, et encore moins de supprimer, des forces politiques qui sont effectivement représentatives. Il faut revenir au principe du consensus vital pour une entité comme le Liban. Mais le vrai consensus, pas celui qui n’est contracté qu’entre gens de même coloration idéologique ou politique, à l’exclusion des autres. C’est vrai que le problème peut paraître théoriquement insoluble : comment les taëfistes peuvent-ils s’entendre avec ceux qui contestent le système à la base et refusent d’intégrer les institutions ? Mais en réalité, il reste peu de contestataires irréductibles et un accord conclu entre participationnistes serait suffisamment représentatif de l’ensemble du Liban politique pour réussir». Et de souligner en conclusion que «MM. Walid Joumblatt et Rafic Hariri qui sont parmi les grands vainqueurs des élections tendent la main à tous pour une coopération sincère. Le pouvoir ne devrait pas être en reste». Abondant dans ce sens, un candidat au Sérail affirme en privé qu’il faut maintenant «s’entendre sur la nature de la phase à venir, autrement dit sur un programme d’action, sur un style à adopter de concert entre le président de la République et le nouveau Premier ministre, pour gérer l’Exécutif et entamer le redressement, dans le cadre d’une couverture syrienne fondée sur la coordination et la coopération entre les deux pays, pour faire face à tous les défis, sur tous les plans».
Après la pluie, le beau temps. Le pays politique entre manifestement dans une phase d’apaisement. Les déclarations, réciproquement aimables ou fair-play (à l’exception sans doute de la position adoptée par M. Sélim Hoss), en font foi. Et aussi l’accord explicite conclu entre les loyalistes et les opposants, qui doivent échanger bientôt leurs tenues, de ne pas ouvrir de...