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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Législatives - L'ancien Premier ministre a salué l'impartialité des pouvoirs publics Hariri évite de se prononcer sur ses chances de revenir au pouvoir (photo)

Grand vainqueur des élections législatives de Beyrouth, M. Rafic Hariri a évité hier de se prononcer sur ses chances de revenir au pouvoir, tout en ménageant le chef de l’État Émile Lahoud. «Personne ne m’a encore demandé mon avis pour l’instant sur la question de la présidence du Conseil. C’est une question prématurée qui devra être traitée selon les règles constitutionnelles», a-t-il dit lors d’une conférence de presse tenue à son domcile. Selon la Constitution, le gouvernement doit démissionner dès l’entrée en fonctions du nouveau Parlement le 17 octobre. La désignation du prochain Premier ministre selon la Constitution doit être précédée de consultations parlementaires menées par le chef de l’État et dont les résultats sont «contraignants». M. Hariri a par contre annoncé son intention de former «un bloc parlementaire incluant des députés de toutes les régions et dépassant les clivages confessionnels». Il a ainsi estimé avoir recueilli 60 % des votes des chrétiens de Beyrouth, compte non tenu du faible taux de participation, et s’est défendu d’avoir joué sur la fibre sectaire sunnite. Il a ajouté disposer d’«alliés puissants» qu’il n’a pas identifiés et avec lesquels il escompte coopérer au Parlement. Sur les 128 députés, M. Hariri peut compter sur les 24 élus qui se réclament de son courant, le courant du Futur, 18 à Beyrouth et six au Liban-Nord. Il a également comme allié proche le bloc parlementaire du président du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt, qui dispose de 16 députés. D’autres chefs de blocs parlementaires, comme celui du Liban-Nord où figurent Sleiman Frangié et Négib Mikati, avaient indiqué pendant la campagne qu’ils n’avaient «pas d’objection à un retour au pouvoir de M. Hariri». En dehors du Hezbollah, qui sera représenté par 12 députés au lieu de 9 dans la précédente législature et n’a jamais montré d’affinités particulières avec M. Hariri, le reste des députés constitue une sorte de «marais» dont les décisions ont varié dans le passé selon les jeux de pouvoir et les mots d’ordre en provenance de Damas. Au cours de sa conférence de presse, M. Hariri a souligné qu’un projet de loi élaboré par le Conseil des ministres est nécessaire si le mandat de la Chambre actuelle doit être écourté, comme le souhaiterait le président du Conseil, M. Sélim Hoss. Par la même occasion, l’Assemblée devra être convoquée en session extraordinaire pour voter une telle loi, a-t-il ajouté. Le chef du gouvernement aurait, en effet, émis un avis en ce sens. La confiance M. Hariri a également renouvelé hier l’expression de sa «confiance dans le Liban». «Je ne crois pas du tout que le rôle (économique) du Liban soit terminé. Je crois que le rôle du Liban existe toujours, et il évoluera encore pour suivre les changements qui se produisent dans la région et dans le monde», a-t-il dit, critiquant ouvertement le ministre des Finances Georges Corm et le président du Conseil, M. Hoss, pour leur prises de position à ce sujet. «Si le rôle du Liban est fini, cela veut dire que le pays est mort, a-t-il dit. Non, le Liban n’est pas mort économiquement. Sa jeunesse est là, ses habitants sont là et nous disposons de grandes possibilités et potentialités». Chef du gouvernement de 1992 à 1998, M. Hariri a ajouté qu’il avait un programme pour relancer l’économie en récession, diamétralement opposé à celui du gouvernement en exercice. «Il faut relancer la croissance, encourager l’activité économique et augmenter le produit national brut pour accroître les recettes, c’est comme cela que l’on viendra à bout de la dette», a-t-il dit, sans entrer dans le détail. Selon lui, la vision économique «pessimiste et peureuse du gouvernement actuel a été rejetée par les électeurs». Mais M. Hariri a estimé qu’il est nécessaire d’éliminer des lois et des règlements administratifs qui empêchent l’essor économique du Liban et l’aflux d’investissements. Il a estimé que ces obstacles doivent être éliminés devant les importateurs et les exportateurs, les industriels et les commerçants. Il s’est montré déterminé à encourager «l’agriculture qualitative et l’industrie qualitative» et a affirmé qu’il faut «accorder une attention spéciale aux régions déshéritées au Nord et dans la Békaa, mais aussi dans le Mont-Liban, à commencer par la région de Jbeil, sans oublier le Sud et l’Iqlim el-Kharroub». L’alternance M. Hariri a par ailleurs rendu hommage à «l’alternance» démocratique qui a été plus forte que «les campagnes qui ont porté atteinte au Liban et à son image démocratique». M. Hariri a aussi salué «la probité et l’impartialité des pouvoirs publics, du chef de l’État», citant nommément M. Lahoud, le gouvernement et même le ministre de l’Intérieur Michel Murr, affirmant que «les règles démocratiques ont été respectées malgré l’ambiance qui a prévalu durant la campagne» électorale. M. Murr devait téléphoner par la suite à M. Hariri pour le remercier de ce témoignage public. M. Hariri a annoncé qu’il «tendait la main à tout le monde» et qu’il voudrait «une nouvelle page dans les relations avec tous ceux qui sont concernés par la chose publique». Cette nouvelle étape, a-t-il précisé, doit être marquée par «un dialogue interne plus intense et un élargissement de la participation au renouvellement de l’édifice national». «Ma main sera tendue, je serai prêt à coopérer avec tous les leaderships politiques nationaux et avec tous les députés», a dit M. Hariri. Les erreurs L’ancien chef du gouvernement a admis que dans l’exercice de ses fonctions, et notamment en matière de politique économique, il avait commis «des erreurs». «Il y a eu des erreurs et nous ne les répéterons certainement pas, a-t-il dit. Personne ne prétend être infaillible, mais nous affirmons que nous avons tiré les leçons des erreurs commises, qui étaient naturelles». Interrogé sur le rôle de la Syrie, décisif au Liban, il s’est contenté de dire qu’il avait été «positif» dans le passé, qu’il était «de plus en plus positif» et qu’il voulait des relations «encore meilleures» avec le puissant voisin. Au sujet du coût de la campagne électorale de Beyrouth, M. Hariri a assuré qu’il s’est élevé à 2 millions de dollars, soit environ 100 000 dollars par candidat, «une somme très élevée», et que ces sommes ont été surtout utilisées pour les affiches, portraits et transports. Il a ajouté que des centaines de bénévoles ont contribué à cette campagne et que leur profesionnalisme a parfois donné l’illusion que des sommes colossales ont été dépensées. Il n’y a pas d’argent séoudien dans ma campagne, a-t-il déclaré en substance. M. Hariri a par ailleurs indiqué que le chef du gouvernement a bien donné les chiffres des dons qui lui avaient été faits pour sa campagne électorale, mais qu’il a gardé le silence sur son coût effectif . M. Hariri a affirmé également n’avoir pas été «surpris» par les résultats des élections, précisant que tous les sondages privés réalisés avant le scrutin laissaient présager ce raz-de-marée. Enfin, M. Hariri a déclaré que la personne qui a orchestré la campagne dirigée contre lui sur Télé-Liban lui est connue, mais il a refusé de la nommer. Les employés de Télé-Liban n’y sont pour rien, a-t-il dit, et ils sont les bienvenus chez moi, a-t-il conclu.
Grand vainqueur des élections législatives de Beyrouth, M. Rafic Hariri a évité hier de se prononcer sur ses chances de revenir au pouvoir, tout en ménageant le chef de l’État Émile Lahoud. «Personne ne m’a encore demandé mon avis pour l’instant sur la question de la présidence du Conseil. C’est une question prématurée qui devra être traitée selon les règles...