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Actualités - OPINION

Nous sommes tous des complexés

Nous sommes tous des «complexés», comme lui, parce que constamment scindés, au quotidien, entre éclats de rire jaunis et rage glacée, métallique. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, pitoyables spectateurs muselés et épuisés par la foire nationale en plein air de Beyrouth 2000. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, épuisés de voir ça une fois chaque quatre ans, de voir que ça ne se passe qu’ici et que les (rares) touristes qui se tapent le spectacle écarquillent, tout grands, les yeux. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, hébétés devant les objets de cette foire, les affiches des candidats aux élections législatives qui n’ont, neuf fois sur dix, que le cadre qu’elles méritent : poteaux électriques, poubelles vertes signées Sukleen, murs pisseux, ponts crades, baraques miteuses, branches d’arbre pour les voir pendouiller comme des glands, misérables glands. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, stupides de vouloir utiliser des panneaux, même publicitaires, pour faire campagne. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, imbéciles heureux de penser pouvoir prétendre à un minimum de civilisation, de civisme. Nous sommes tous des «complexés», entêtés que nous sommes «à répéter la même chose depuis six mois». Nous sommes tous des complexés, comme lui, et on se fout des docteurs Freud, Mabuse, Petiot, ou des 2 900 000 pseudo-docteurs libanais, ce qu’on veut, c’est un Dr Folamour, un qui squeezera le bouton qui fera s’exploser toutes les tares de ce pays, un, par exemple, comme lui. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, nous en avons ras le c.. des tricheurs, des mauvais joueurs, des fachos ultra-friqués, ultra-entourés, ultra-armés et définitivement amers. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, désespérés par la mollesse, la couardise, le silence, la «précipitation» de ceux qui font semblant de tenir les rênes. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, farouchement déterminés à «servir effectivement l’objectivité». Nous sommes tous des «complexés», comme lui, fascinés par les «surprises sur prises», ces instantanés où l’on voit des tronches de cake squatter des espaces loués, dûment payés. Nous sommes tous des «complexés», comme lui. Radicalement décomplexés maintenant. Grâce à lui.
Nous sommes tous des «complexés», comme lui, parce que constamment scindés, au quotidien, entre éclats de rire jaunis et rage glacée, métallique. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, pitoyables spectateurs muselés et épuisés par la foire nationale en plein air de Beyrouth 2000. Nous sommes tous des «complexés», comme lui, épuisés de voir ça une fois chaque...