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Actualités - ANALYSE

Un perdant certain : la loi électorale

Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. La caste politique, vainqueurs et vaincus confondus, sort des élections avec cette certitude : l’un des tout premiers objectifs de la nouvelle législature devrait être de changer la loi électorale. Le président de l’Assemblée sortante (et rentrante probablement), M. Nabih Berry, a souligné cette nécessité avant même le scrutin. En pressant ses pairs virtuels à pondre le nouveau code dès la première année de leur mandat. On sait que M. Sélim Hoss est lui-même un contempteur acharné de la loi électorale, dont Baabda avait d’entrée de jeu dénoncé l’iniquité. Les pouvoirs étant contre, on se demande d’ailleurs comment cette loi-torchon a pu passer. Et on se demande encore plus qui donc en a été l’auteur. Dans les cercles loyalistes, encore présents sur scène pour 45 jours, on répond tantôt en imputant la faute «à un Conseil des ministres formé dans sa majorité de non-politiciens qui n’y comprennent rien et qui ont voté le texte», et tantôt «à un ministre trop influent» dont on veut aujourd’hui se démarquer. Personne, évidemment, n’irait avouer que, comme tant de candidats, le document avait été parachuté par les décideurs. Toujours est-il que, «haro sur le baudet», aujourd’hui les opposants vainqueurs et les loyalistes vaincus tombent d’accord pour réclamer une nouvelle loi électorale. Sur le plan des généralités, l’entente est également parfaite : tout le monde entonne en chœur l’hymne de l’égalité et de légalité, sans compter le sous-refrain de l’équité, pour une meilleure représentation parlementaire. Mais en pratique, il existe une multitude de projets partant d’idées contraires et donc opposés entre eux. Il y a, on le sait, les partisans de la petite circonscription, unique ou caza ; il y a ceux qui prônent un mélange à la libanaise, soit le mohafazat coupé en deux, soit le caza multiplié par deux ; il y a les défenseurs de la circonscription large, exigée du reste par Taëf ; et enfin il y a ceux qui veulent ne faire du pays tout entier qu’une seule circonscription, moyennant une certaine dose de proportionnelle. Chacun prétend que sa formule est la seule valable. Et on voit mal comment le débat, qui a cours depuis la fin de la guerre domestique, pourrait être réglé en quelques mois par la nouvelle législature qui n’est après tout pas si différente de l’actuelle, sur le plan morphologique. De plus, on ne sait pas s’il sera possible de procéder à un découpage raisonnable, sinon rationnel, des circonscriptions à l’ombre d’un système de balancier dont l’équilibrage est assuré de l’extérieur. Quoi qu’il en soit, pour le moment, les professionnels locaux s’en tiennent à des critiques dont la convergence semble condamner à tout jamais la loi qui a géré cette édition 2000 des élections législatives. Ils respectent ainsi une tradition solidement établie depuis Taëf, et dont ils sont du reste les premiers à se gausser, à savoir que tous les quatre ans, on sort un nouveau texte «d’exception, pour une seule fois», pour justifier les manquements flagrants au Pacte national et à la Constitution. Toujours est-il que les politiciens affirment vouloir une loi «qui assure une saine représentation des collectivités, en protégeant les minorités, pour qu’elles ne se retrouvent pas englouties, comme cela s’est passé au Sud, notamment à Jezzine et dans l’enclave libérée». On ne voit pas trop comment dans un pays composite, où il n’y a du reste que des minorités (plus ou moins importantes), une telle protection peut être généralisée. Il faut cependant reconnaître que Jezzine représente un cas extrême frappant, c’est le mot. La liste-bulldozer Amal-Hezbollah n’a pas tenu compte de l’opinion de la population de cette région dans le choix de ses représentants. Et, selon l’un des notables les plus en vue, l’ambassadeur-politologue Simon Karam, on a «mis les Jezziniotes devant l’alternative suivante : ou bien Nadim Salem, ou bien l’écoulement de la production de pommes». Une pression de veto qui n’a pas empêché l’ancien ministre, qui a livré un baroud électoral d’honneur, de réaliser un score remarquable. Mais au-delà de cet exemple, on peut rappeler que Bkerké ne cesse de se plaindre du fait qu’une forte proportion de députés chrétiens se trouve en fait désignée par des leaderships mahométans auxquels va son allégeance. Seulement ce phénomène dure depuis Taëf. Et s’y trouve lié
Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. La caste politique, vainqueurs et vaincus confondus, sort des élections avec cette certitude : l’un des tout premiers objectifs de la nouvelle législature devrait être de changer la loi électorale. Le président de l’Assemblée sortante (et rentrante probablement), M. Nabih Berry, a souligné cette nécessité avant même le...