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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Sérail - Conférence de presse du Premier ministre Hoss met en cause l'argent politique et le sectarisme

Au lendemain du raz-de-marée Hariri dans la capitale, le Premier ministre Sélim Hoss a affirmé que l’argent politique et le sectarisme étaient les «deux armes illégales» employées au cours de la bataille électorale, précisant qu’il avait été dépensé plus d’argent pour la bataille de Beyrouth que pour la campagne présidentielle aux États-Unis. Le chef du gouvernement a tenu hier matin une conférence de presse, déclarant en préambule : «Au cours de la bataille électorale, nous avions affirmé que nous étions inquiets pour la démocratie et la liberté des élections législatives, inquiets pour la dignité de l’homme, les valeurs morales, sociales et humaines dans ce pays. La source de notre inquiétude provient de l’usage des armes illégales que constituent l’argent politique et le sectarisme». «L’argent politique dépensé pour cette bataille électorale, a poursuivi le Premier ministre, a atteint un record jamais égalé dans l’histoire des élections au Liban. Les cataractes d’argent politique se sont accélérées, collant une étiquette de prix à toute chose. C’est ainsi que les murs, les fenêtres, les balcons, les pylônes électriques et même les consciences ont été achetés. L’appartenance a été évaluée en poignées de dollars. Les candidats dont l’arme est l’argent politique ont déboursé pour la bataille électorale de Beyrouth beaucoup plus que les États-Unis pour la totalité de leur campagne présidentielle. Nous ne pratiquions donc aucune politique de surenchères en affirmant que l’argent est corrompu et corrompt. Il a corrompu la société et la scène électorale est devenue un marché aux esclaves où les consciences se vendaient et s’achetaient. L’argent a étouffé la liberté individuelle et transformé la voix de l’électeur en un outil entre les mains de ceux qui en font usage. Les valeurs morales, sociales et humaines se sont vues soumises au bon vouloir de ceux qui détiennent l’argent au lieu d’être l’expression des convictions de l’électeur». Une arme à 18 tranchants Pour M. Hoss, «le sectarisme bon marché a également été exploité dans cette bataille. Ils s’en sont servis pour atteindre leurs buts électoraux immédiats, ignorant que le confessionnalisme, au Liban, est une arme à 18 tranchants, soit le nombre des 18 confessions libanaises. Ils auraient dû savoir que la seule victime de cette arme serait le Liban, le Liban de l’unité nationale, le Liban de la convivialité, le Liban des lendemains prometteurs. «Tout cela nous avait mené à manifester notre inquiétude quant à la démocratie et la liberté des élections et la dignité de l’homme dans ce pays. «Tout cela nous incite à affirmer que la bataille électorale de Beyrouth a été la plus féroce et la plus sale de l’histoire des élections au Liban. La bataille électorale était libre intègre. Mais elle n’a pas été démocratique du fait du recours aux armes de l’argent politiques et du sectarisme. En d’autres termes, la liberté est devenue prisonnière au Liban». «J’ai déclaré à plusieurs reprises, a encore dit le président Hoss, qu’il existe beaucoup de liberté au Liban, mais très peu de démocratie. Je constate maintenant que la liberté qui existe est devenue prisonnière de l’argent politique et du sectarisme». Et d’ajouter : «Malgré leurs tentatives de m’éliminer politiquement, ils ne parviendront pas à effacer ma longue action nationale de la mémoire de ce pays. Cette action nationale est ce que je possède de plus cher». «À tous ceux qui m’ont soutenu et qui m’ont accordé leur confiance sans fléchir devant le pouvoir de l’argent et sans se laisser leurrer par le sectarisme, j’affirme que je demeure aux côtés des fils de Beyrouth, comme je l’ai toujours été, pour le meilleur et pour le pire. Je ne peux que me plier à la volonté populaire, quelle que soit la ténuité de notre démocratie, et souhaite pleine réussite aux vainqueurs. Après avoir servi mon pays un quart de siècle durant, je tourne à présent une page de ma vie et remercie les fils de Beyrouth», a conclu le chef du gouvernement. « Je continuerai d’œuvrer hors du Parlement » À l’issue de la conférence de presse, M. Hoss a répondu comme suit aux questions des journalistes présents : Q. Comment voyez-vous l’avenir du Liban après ces élections ? R. «L’avenir du Liban est assuré et ne saurait être affecté par les résultats des élections. Les Libanais sont conscients des intérêts supérieurs de leur pays et les sauvegarderont». Q. La nouvelle loi électorale serait-elle à l’origine des séismes politiques qui ont frappé le pays ? R. «Elle pourrait être l’une des causes, mais pas la seule. J’étais contre cette loi lors de sa discussion en Conseil des ministres et c’était l’une des rares fois où un projet de loi était soumis au vote, en raison des divergences de points de vue. J’ai voté contre cette loi, mais j’ai dû me plier à la majorité ministérielle. Cette loi est mauvaise et devrait être amendée». Q. Les résultats des élections pourraient-ils affaiblir le régime actuel ? R. «Si vous voulez. Nous laissons à la presse le soin de titrer». Q. Pourrait-on interpréter vos propos comme une démission de la vie politique ou bien demeurerez-vous aux côtés des fils de Beyrouth ? R. «Je demeurerai aux côtés des fils de Beyrouth, pour le meilleur et pour le pire». Q. Pensez-vous que les résultats auraient été différents si vous ne vous trouviez pas à la tête du gouvernement ? R. «Les résultats auraient été les mêmes si j’avais dû affronter l’argent et le sectarisme. J’estime que beaucoup de facteurs sont intervenus dans les résultats de cette bataille, dont les plus importants sont le recours à l’argent politique et au sectarisme qui ont été exploités à fond dans cette bataille. Face à ces deux armes, les résultats n’auraient pu être différents». Q. Vous mentionnez l’argent politique et le sectarisme. Existe-t-il une évaluation des prestations du pouvoir durant les deux dernières années ? R. «Il n’existe aucune relation entre les prestations du pouvoir et les résultats des élections. La preuve en est que six ministres ont réussi avec un grand écart de voix. Cela signifie que les prestations du gouvernement n’étaient pas en cause». Q. Serez-vous présent sur le terrain ? R. «Je suis prêt à toutes les éventualités». Q. Selon vous, l’argent dépensé dans la bataille électorale de Beyrouth est égal à celui déboursé pour la présidentielle américaine. R. «Il l’excède». Q. Pourquoi ne produisez-vous pas des preuves à l’appui ? R. «Beaucoup d’argent a été versé et il est difficile de prouver qu’il s’agissait de pots-de-vin. J’ai dit que tout avait un prix, même les consciences, les fenêtres, les panneaux et les murs. L’argent a été distribué à tort et à travers, mais d’une manière qui ne correspond pas à la définition du pot-de-vin dans la loi libanaise». Q. Estimez-vous que les résultats des élections constituent une réaction à la crise économique qui sévit ? R. «Le citoyen a le droit de le penser, mais les élections ne sont pas venues sanctionner le gouvernement, dont la plupart des ministres ont remporté une victoire électorale». Q. Entre-t-il dans vos intentions de former un front avec d’autres candidats malheureux ? R. «Il est prématuré d’en parler». Q. Vous attendiez-vous à ces résultats ? R. «Non, pas à cela». Changements dans la politique Q. Vous attendez-vous à des changements dans la politique actuelle de l’État ? R. «Sans aucun doute. Quand les personnes changent, la politique change aussi». Q. Après de pareils résultats, comptez-vous persister dans la vie politique ? R. «Je m’incline devant ces résultats, que j’accepte démocratiquement, mais je n’en poursuivrai pas moins mon action politique hors de l’enceinte du Parlement». Q. Si la loi sur l’information et la publicité avait été approuvée, pensez-vous que les résultats auraient été les mêmes ? R. «Nous avions transmis au Parlement, en date du 27 janvier dernier, un projet de loi visant à fixer un plafond aux dépenses électorales et réglementant l’information et la publicité électorales. Mais l’Assemblée a choisi de ne pas discuter de cette loi qui n’a donc jamais été promulguée. Je suis convaincu que si cette loi avait été approuvée dans son texte intégral ou même amendée, les résultats auraient été différents». Q. Comptez-vous toujours vous rendre aux Nations unies ? R. «Oui». En réponse à une autre question sur la loi électorale, M. Hoss a répondu que «plusieurs parties ont contribué à l’élaboration de cette loi, dont les deux sources principales sont les ministères de l’Intérieur et de la Justice. Elle a été amendée en Conseil des ministres puis soumise aux commissions conjointes, avant d’être approuvée par le Parlement». D’autre part, le président de la République Émile Lahoud est entré hier en contact avec M. Hoss pour le féliciter de sa «prise de position démocratique et constitutionnelle à la suite des résultats des élections législatives». M. Lahoud a également rendu hommage à l’éthique et aux qualités dont jouit M. Hoss, et que «tous les Libanais s’accordent à lui reconnaître».
Au lendemain du raz-de-marée Hariri dans la capitale, le Premier ministre Sélim Hoss a affirmé que l’argent politique et le sectarisme étaient les «deux armes illégales» employées au cours de la bataille électorale, précisant qu’il avait été dépensé plus d’argent pour la bataille de Beyrouth que pour la campagne présidentielle aux États-Unis. Le chef du...