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Actualités - REPORTAGES

Jezzine - Leur apprendre à respecter le caza et ses électeurs Un vote contestataire pour faire entendre sa voix (photos)

Deux maronites et un grec-catholique représentaient traditionnellement Jezzine à la Chambre. Le caza qui compte actuellement 49 150 électeurs inscrits était en mesure de s’imposer dans un Liban-Sud qui était découpé, en 1972, en sept circonscriptions électorales : Jezzine, Saïda, Bint-Jbeil, Tyr, Zahrani, Marjeyoun-Hasbaya et Nabatiyeh. Actuellement, les voix des électeurs inscrits dans le caza majoritairement chrétien ne font plus de poids. La carte électorale a réduit de moitié environ leur chiffre. Ils sont noyés dans un Liban-Sud formé d’une seule circonscription électorale, regroupant 569 000 votants potentiels. Un Liban-Sud où seuls ceux qui ont fait la loi au cours de ces dernières années ont voix au chapitre. Hier, Jezzine a décidé de réagir. Les villages, et le chef-lieu du caza en premier, ont voulu tenir tête en se présentant aux urnes. Toutefois le «non» n’a pu être massif en raison d’un faible taux de participation : en moyenne 33 % des électeurs ont voté, la majorité pour contester le rouleau compresseur Amal-Hezbollah, «La liste de la Résistance et du développement», notamment le candidat Georges Najm, qui se présente pour le deuxième siège maronite du caza. M. Najm est le candidat que le Hezbollah a imposé aux habitants de Jezzine. La majorité a choisi de plébisciter Nadim Salem, député depuis 1972, exclu du bloc parlementaire du chef du Parlement Nabih Berry en 1999 pour avoir défendu Jezzine aux réunions de Mar Roukoz. Aïn el-Mir, le village du candidat maronite désigné par le Hezbollah Georges Najm, vaut le détour. Dans l’unique bureau de vote de la localité, les délégués de M. Najm gardent un profil bas. Les autres scrutateurs et certains électeurs manifestent leur mécontentement. Pour expliquer la mauvaise représentativité des législatives on raconte une histoire qui date des dernières élections municipales. «Aïn el-Mir est un village majoritairement grec-catholique, il ne compte que 30 électeurs maronites. En 1998 un candidat maronite s’est présenté pour le siège de moukhtar. Il n’a pas recueilli plus de 10 voix au sein de sa propre communauté religieuse». Et d’ajouter : «Georges Najm est dans la même situation, il n’aura pas la voix des siens» «À une différence près, le candidat en question, rouleau compresseur Amal-Hezbollah oblige, a gagné bien avant d’être élu», renchérit un électeur de Aïn el-Mir. Crier haut et fort sa douleur La plupart des électeurs le savent. Le candidat qui remportera la majorité des voix du caza n’ira probablement pas au Parlement. Mais les votants n’ont pas baissé les bras pour autant. Loin de là. «Nous sommes là pour expliquer à l’Etat que les élections de Jezzine sont une mascarade», lance un homme venu voter en famille au chef-lieu du caza. Et d’ajouter : «Il faut que le pouvoir apprenne à respecter cette région et tous ses électeurs». Spécialement à l’occasion de ces élections, une jeune femme qui n’avait pas mis les pieds à Jezzine depuis dix ans est venue donner sa voix hier «à celui et à ceux qui osent crier haut et fort la douleur de Jezzine au Parlement, quand le caza a mal». Dans un restaurant de la localité, non loin de la célèbre cascade, un groupe d’une grande famille de 230 personnes, venues pour la plupart de Beyrouth et du Mont-Liban pour participer au scrutin, se repose. Haut comme trois pommes, le drapeau libanais à la main, un enfant qui vient probablement d’apprendre à former des phrases clame : «Je vote pour Nadim Salem». «Nous nous sommes déplacés pour prouver qu’on ne peut pas nous mener comme un troupeau», explique un quinquagénaire qui a choisi comme la plupart des électeurs chrétiens du caza de voter pour une liste presque complète de l’opposition, où figurent quatorze candidats de la communauté chiite qui ne font pas partie du bloc Amal-Hezbollah. «Même si nos candidats ne siégeront pas au Parlement, nous voulons faire entendre notre voix», lance un électeur. Jezzine, Bkassine, Aytoulé, Lébaa, Roum, Saïdoun, Rimate, Hidabe, Maydane, Bteddine el-Lekch…Des localités entières où l’on entendait hier le même son de cloche. Treize candidats étaient en lice, notamment les maronites Samir Azar, Fawzi Asmar, Naïm Kalaani, Labib Abou Atmé, Georges Najm, Rachad Salamé, Camille Serhal, Sleiman Kanaan et Maurice Serhal, ainsi que les grecs-catholiques Nadim Salem, Antoine Khoury, Issam Haddad et Sleiman Nammour. Parmi tous ceux-là, on retiendra Samir Azar, qui est parvenu à se rallier les voix des électeurs malgré la désaffection à l’égard de la liste Amal-Hezbollah. C’est que M. Azar appartient à une grande famille politique de la région. De plus, il est spontanément apprécié dans toute la localité pour les services qu’il a rendus et son honnêteté. Mais l’on se souviendra surtout de deux candidats : Nadim Salem et Georges Najm. Le premier, plébiscité par tout un caza, ne remportera probablement pas un siège au Parlement. Le second contesté par les siens siégera sans doute place de l’Étoile.
Deux maronites et un grec-catholique représentaient traditionnellement Jezzine à la Chambre. Le caza qui compte actuellement 49 150 électeurs inscrits était en mesure de s’imposer dans un Liban-Sud qui était découpé, en 1972, en sept circonscriptions électorales : Jezzine, Saïda, Bint-Jbeil, Tyr, Zahrani, Marjeyoun-Hasbaya et Nabatiyeh. Actuellement, les voix des électeurs...