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Actualités - CHRONOLOGIE

A Jezzine et Achrafieh, un vote contestataire pour le principe La phase des rouleaux compresseurs

La seconde phase des élections législatives à Beyrouth, au Liban-Sud et dans la Békaa aura été celle des rouleaux compresseurs. Dans les trois circonscriptions de la capitale, les listes de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri paraissaient dès le début de la matinée d’hier se démarquer nettement des autres coalitions conduites, respectivement, par MM. Sélim Hoss, Tammam Salam et Fouad Makhzoumi. Même scénario à Baalbeck-Hermel et dans la région méridionale du pays, où le tandem Amal-Hezbollah a bousculé les listes adverses, ne laissant aucune chance – ou presque – à l’un quelconque des candidats qui lui étaient opposés. C’est l’effet de ces rouleaux compresseurs qui explique sans doute la désaffection d’une large frange de l’électorat, plus particulièrement parmi les chrétiens, pour le scrutin d’hier. Cette désaffection s’est manifestée en deux temps. D’entrée de jeu, d’abord, la proportion d’électeurs inscrits qui a retiré ses cartes électorales – et qui envisageait donc de participer au scrutin – n’a pas dépassé, en moyenne, les 50 pour cent dans l’ensemble des circonscriptions. Près de la moitié des électeurs inscrits semble avoir estimé ainsi, dès le départ, que leur participation au vote était inutile puisque, selon l’impression générale, les futurs députés étaient choisis d’office par les grands «décideurs», qu’il s’agisse de la force de facto syrienne ou des chefs de file dans les différentes circonscriptions. Dans un deuxième temps, la désaffection s’est manifestée le jour même du scrutin parmi ceux qui avaient retiré leur carte électorale. Les chiffres fournis en milieu de soirée par le ministre de l’Intérieur Michel Murr indiquaient, au niveau des électeurs chrétiens de Beyrouth et du Liban-Sud (notamment à Jezzine), un taux de participation relativement bas, bien que largement supérieur à celui qui avait été enregistré en 1996. Les électeurs chrétiens ne se sont donc pas mobilisés comme on pouvait l’espérer, estimant, à l’évidence, que leur poids électoral avait été dilué dans la masse de l’électorat sunnite, à Beyrouth, et chiite, au Liban-Sud. Ce boycottage partiel n’a fait toutefois que renforcer encore davantage le poids décisif des électorats sunnite et chiite. Un sondage rapide à l’entrée des bureaux de vote dans la journée d’hier mettait toutefois en évidence deux exceptions dont la signification politique n’échappe à personne. À Achrafieh, les électeurs du secteur Est de Beyrouth qui se sont rendus aux urnes ne semblaient motivés que par un vote massif en faveur de M. Massoud Achkar, candidat à titre individuel au siège maronite de Beyrouth. M. Achkar avait posé sa candidature dans le but, précisément, de permettre à l’électorat chrétien d’Achrafieh de faire entendre sa voix, d’où la mobilisation relative des électeurs de cette région pour exprimer ce vote symbolique. Même phénomène à Jezzine et dans les localités voisines (notamment les villages de l’est de Saïda) où les électeurs chrétiens exprimaient à la sortie des bureaux de vote un vaste appui spontané au député grec-catholique du caza, Nadim Salem, qui a su cristalliser la fronde des habitants de la région face au diktat imposé au caza de Jezzine et qui s’est manifesté, notamment, par l’attitude du Hezbollah, lequel s’est attribué l’un des deux sièges maronites du caza, en la personne de Georges Najm. Sans compter que les électeurs en question ont voulu exprimer aussi un vote contestataire en accordant leurs voix à M. Salem et en refusant de voter pour la liste Amal-Hezbollah dans le but d’exprimer haut et fort leur refus des listes parachutées par les Syriens et les deux formations chiites. Au fur et à mesure que se déroulaient les opérations de vote, l’impression qui se dégageait dans la journée était que ces votes contestataires ne pouvaient constituer le grain de sable susceptible de perturber la lancée des rouleaux compresseurs à Beyrouth ou au Liban-Sud. Dans la Békaa, plus précisément à Baalbeck-Hermel, le vote frondeur n’était pas chrétien, mais plutôt … chiite, l’axe Amal-Hezbollah étant contesté par un dissident du parti intégriste, cheikh Sobhi Toufayli, qui a affiché face à la coalition des décideurs (locaux et syriens) une liste qui a effrité quelque peu l’électorat chiite. Mais les possibilités de percée paraissaient, malgré tout, peu probables, en raison de l’effet du rouleau compresseur des deux principales formations chiites. Cette seconde journée des élections législatives aura, en définitive, confirmé une évidence mise en relief ces derniers jours par plusieurs milieux politiques, toutes tendances confondues : le caractère totalement inéquitable du découpage des circonscriptions. L’un des objectifs du pouvoir devrait être, de ce fait, d’élaborer dans un proche avenir une nouvelle loi électorale qui puisse éviter que l’électorat d’une quelconque communauté soit noyé dans la masse des voix d’une autre communauté, comme ce fut le cas cette fois-ci au Liban-Sud, à Baalbeck-Hermel et au Liban-Nord pour les électeurs chrétiens. Dans une large mesure, la réalisation d’une véritable réconciliation nationale est tributaire de l’élaboration d’une telle loi électorale équitable et équilibrée.
La seconde phase des élections législatives à Beyrouth, au Liban-Sud et dans la Békaa aura été celle des rouleaux compresseurs. Dans les trois circonscriptions de la capitale, les listes de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri paraissaient dès le début de la matinée d’hier se démarquer nettement des autres coalitions conduites, respectivement, par MM. Sélim Hoss,...