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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Elections - Le député frondeur renonce à présenter sa candidature Najah Wakim : oui, la patrie est en danger(photo)

Un Parlement sans Najah Wakim, cela semble inconcevable et pourtant il va falloir s’y résoudre. Alors que les centaines de fans, pour la plupart des jeunes, attendaient avec excitation l’annonce de la liste du Mouvement du peuple pour la seconde circonscription de Beyrouth, un Najah Wakim fatigué, au ton étrangement solennel, a annoncé qu’il renonçait lui et les membres de son mouvement à se lancer dans la bataille électorale. Pour toute l’assistance, ce fut comme une douche froide, avec, en plus, le sentiment que quelque chose de grave était en train de se passer, marquant la fin d’une époque… Des phrases terribles, presque assassines et un intolérable constat d’échec. L’impression est si forte que la nombreuse assistance dans le grand salon de l’hôtel Carlton où Najah Wakim devait annoncer sa liste de candidats pour les législatives à Beyrouth est sous le choc. Un silence de mort plane sur la salle. Il faut du temps pour digérer cette bombe et surtout pour assimiler les raisons invoquées par le non-candidat. Même s’il s’acharne ensuite à préciser que ce n’est ni le désenchantement ni le désespoir qui le poussent à se retirer de la course, mais le désir de lutter autrement, le sentiment général est celui d’un abandon. L’homme qui ne mâche pas ses mots, le trublion de l’hémicycle depuis 1972, n’a été tendre avec personne, fidèle jusqu’au bout à sa réputation et se ménageant une sortie spectaculaire. Mais surtout, il a brossé un tableau si noir de l’avenir que, pour la première fois, l’assistance n’a pas envie de le croire. Les relations avec la Syrie Selon lui, les dés sont jetés et il ne veut pas faire partie d’un Parlement qui entérinera probablement l’implantation des Palestiniens au Liban et qui consacrera la fin de la cause de ce peuple. D’après Najah Wakim, le prochain gouvernement commencera son action en augmentant la dette publique, puisqu’il n’y a pas d’autre issue et d’ici à deux ans, il en éliminera une partie avec les fonds qu’il recevra pour accepter l’implantation des Palestiniens au Liban. «S’il est dans l’intérêt du monde arabe que le rôle de la Syrie grandisse et que celle-ci ne soit pas poussée vers un nouveau Wadi Araba (l’accord de paix entre la Jordanie et Israël), il n’est pas dans son intérêt que le Liban devienne une simple autorité administrative autonome. Nous sommes pour des relations syro-libanaises solides et étroites, mais pour qu’elles le soient, elles doivent être saines», martèle le député devant une foule hébétée, qui éclate soudain en applaudissements frénétiques. «Ce n’est pas non plus dans l’intérêt du monde arabe, poursuit Wakim, que les zones d’influence au Liban soient distribuées en lots de consolations… ». Le député avait commencé son discours en rappelant comment un groupe formé de forces de la guerre et de puissances de l’argent ont réussi à contrôler le pays depuis la fin de la guerre, infiltrant toutes les institutions étatiques avec la bénédiction des forces confessionnelles et communautaires. Il avait aussi rappelé comment, de 1992 à 1998, la dette publique avait sensiblement augmenté alors que le peuple était noyé de promesses non tenues. Selon lui, le changement qui s’est produit en 1998 – avec l’élection du président de la République et la formation d’un nouveau gouvernement – était porteur d’espoir. «Mais, je dois, hélas, le dire, précise-t-il, nous avons été déçus. Je ne mets pas en doute la bonne volonté et les intentions sincères de la nouvelle équipe, mais elle n’a pas réussi à éliminer les forces du mal, à force d’hésitation et d’atermoiements». Non au boycott, oui à un vote massif Wakim s’en prend ensuite aux listes et aux alliances préfabriquées qui donneront naissance donc à un Parlement préfabriqué, qui, à son tour, produira un gouvernement portant le même label. «Pourquoi tient-on à avoir un Parlement et un gouvernement préfabriqués ? C’est la grande question, ajoute le député. Et ceux qui acceptent que l’on contrôle ou déforme la volonté du peuple sont en train de participer à la transformation du Liban en une patrie défunte». «Oui, la nation est en danger», déclare Wakim qui s’empresse ensuite de préciser que sa renonciation à la candidature n’est nullement un appel au boycott ou une démission ou encore un refus d’assumer les responsabilités. «Certes, ceux qui depuis quelque temps s’échinent à transformer sur les chaînes de télévision les bouffons en hommes pourront se reposer. Mais je poursuivrai la lutte, avec d’autres moyens, aux côtés du peuple et j’appellerai très bientôt à la formation d’un front national de salut public destiné à sauver le peuple car, en définitive, je crois à la victoire finale». Najah Wakim conclut sa conférence en remerciant ceux qui ont eu confiance en lui et les partis qui l’ont appuyé dans sa campagne, notamment le PCL et le Hezbollah, et lance un appel final à une participation massive aux élections «active et responsable», et il affirme qu’il continuera à lutter en tant que simple citoyen. Najah Wakim, un simple citoyen ? L’assistance a du mal à le croire et nombre de ses partisans sentent déjà que sa voix va leur manquer au Parlement 2000, censé apporter le changement. Rappelons que la candidature de Najah Wakim dans la seconde circonscription de Beyrouth avait provoqué une crise entre l’ancien président du Conseil Rafic Hariri et M. Tammam Salam, ce dernier souhaitant ne pas avoir de candidat pour le siège grec-orthodoxe afin de laisser la place vacante à Wakim. M. Hariri tenait, de son côté, à la candidature du député et ancien ministre Béchara Merhej. Quant à Najah Wakim, il préférait former lui-même une liste avec ses compagnons du Mouvement du peuple. D’ailleurs, selon certaines sources, ce serait la difficulté de mener à bien ce projet qui l’aurait poussé à se retirer de la course électorale. Pour se consacrer à d’autres batailles ?
Un Parlement sans Najah Wakim, cela semble inconcevable et pourtant il va falloir s’y résoudre. Alors que les centaines de fans, pour la plupart des jeunes, attendaient avec excitation l’annonce de la liste du Mouvement du peuple pour la seconde circonscription de Beyrouth, un Najah Wakim fatigué, au ton étrangement solennel, a annoncé qu’il renonçait lui et les membres de...