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Actualités - ANALYSE

Wakim hors course : une manoeuvre tactique semble exclue

Dans les années soixante, il y a eu de glorieux précédents, du côté des présidents. À mi-mandat, ils parlaient de démissionner. Tout le monde s’affolait et même les opposants couraient les supplier de rester, voire de faire des heures supplémentaires. Ils se laissaient faire douce violence et pendant quelques semaines, on leur évitait tout tracas. La manœuvre tactique est donc éprouvée. Aussi beaucoup ont pu penser que M. Najah Wakim faisait mine de claquer la porte, pour mieux assurer sa rentrée. Mais dans les différents cercles politiques, on estime qu’il a été trop loin dans ses diatribes pour n’être pas sincère. En tout cas, il a su, encore une fois, faire l’événement et troubler le jeu. Son initiative a ponctuellement provoqué un choc. Ce dont conviennent même ceux qui sont tentés de tout relativiser, en rappelant que le système intègre et récupère parfaitement, en les utilisant au besoin, certaines formes de contestation. À condition qu’elles respectent, grosso modo, Taëf et les décideurs. Toujours est-il qu’on se pose des questions et qu’on glose beaucoup sur le geste d’un homme connu pour son opposition farouche au précédent régime ou, plus exactement, à l’ancien pouvoir, principalement incarné, selon lui, par le président Rafic Hariri. Le député de Beyrouth, qui était notoirement en phase avec le président Sélim Hoss, s’en est progressivement démarqué. Au point que lui, Wakim, qui tirait à boulets rouges en 92 et en 96 sur les boycotteurs, se retrouve pratiquement à leurs côtés aujourd’hui. Et ses attaques ciblées contre les fabricants de listes, tout comme contre le pouvoir, ne peuvent que frapper de plein fouet son ancien allié, qu’il affirme toujours respecter. Cependant, les motivations fournies par le parlementaire sont reprises contre lui par ses détracteurs. L’un d’eux relève de la sorte que «M. Wakim se plaint de listes préfabriquées et de parachutages. Mais qu’y avait-il donc d’autre en 92 ou en 96, et pourquoi ne s’en était-il pas avisé alors ? En réalité, cette année, le phénomène de “bus” est même beaucoup moins accentué que par le passé. Regardez au Nord, regardez même à Beyrouth : il n’y a plus, comme avant, d’alliance Karamé-Frangié ou Hariri-Salam. La vérité, ajoute cette source, est bien plus prosaïque. M. Wakim s’est trouvé isolé. Du fait des pressions exercées sur eux, les différents chefs de file de la capitale ont non seulement refusé de le prendre, mais aussi de laisser, en sa faveur, un siège orthodoxe vacant sur leurs listes. Il soutient, en réponse à la presse, qu’il était sûr de passer, pour magnifier sa décision et la faire paraître comme totalement désintéressée. Mais les chiffres prévisionnels démentent ses assertions : cette année, il aurait été très probablement battu». Et comme la fabrication de listes exempte le pouvoir de la maladroite obligation de tricher (comme en 1947), les vaincus d’avance n’auraient pas eu le moyen d’intenter ensuite un recours en invalidation des résultats devant le Conseil constitutionnel. Toujours est-il que même si tout le monde est d’accord pour estimer que M. Wakim, qu’on sait homme d’honneur, pense ce qu’il dit et croit en ce qu’il fait, certains estiment qu’en définitive, il renoncerait à son attitude de refus et représenterait sa candidature. Cela, à la suite de démarches pressantes effectuées auprès de lui par les loyalistes auxquels il voue de l’amitié. Mais d’autres répètent qu’il ne peut plus reculer. Et que d’ailleurs, la situation deviendrait difficile autant pour lui que pour le pouvoir s’il reprenait la compétition. Ou bien il réussirait, et ce serait un coup porté à sa crédibilité d’opposant, puisque ses appréhensions seraient démenties. Ou bien il échouerait, et les loyalistes concernés auraient l’air de l’avoir trahi. Ce sont là toutefois des calculs et des détails qui ne font pas tilt du côté de l’opinion. Tout ce que veut le bon peuple, toujours un peu frondeur sur les bords, c’est qu’il y ait un Wakim, ou même plusieurs, à la Chambre. Il reste que pour le moment, l’opposition radicale se frotte les mains. Le ralliement, même partiel, d’un taëfiste, même sceptique, est toujours le bienvenu. Tandis qu’imperturbable, le pouvoir répète, à Jezzine ou ailleurs, qu’il est neutre.
Dans les années soixante, il y a eu de glorieux précédents, du côté des présidents. À mi-mandat, ils parlaient de démissionner. Tout le monde s’affolait et même les opposants couraient les supplier de rester, voire de faire des heures supplémentaires. Ils se laissaient faire douce violence et pendant quelques semaines, on leur évitait tout tracas. La manœuvre tactique est...