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Actualités - ANALYSE

Bkerké s'en tient à son rôle d'autorité morale et de censeur vigilant

Avec un bel ensemble, défenseurs du boycott et partisans de la participation accablent Bkerké d’un même reproche, celui de ne pas prendre nettement position pour l’une ou l’autre option. Le patriarche Sfeir se contente, à leur avis, de dénoncer le mal, en critiquant les immixtions, sans prescrire de remède précis. Les cercles proches du prélat réfutent ces récriminations qui négligent le rôle d’autorité morale dévolu au patriarcat. Ils font valoir que Mgr Sfeir ne peut évidemment pas prendre parti pour un courant de pensée contre un autre ni s’impliquer dans des conflits d’ordre politique. Par contre, ajoutent ces sources, il assume à la perfection son rôle de censeur vigilant, en désignant avec clarté tous les défauts de la cuirasse. Laissant ensuite à la conscience et à la liberté des électeurs le soin de décider si, dans les conditions qui prévalent, il vaut mieux se rendre aux urnes ou s’en abstenir. Cependant, en privé, et à titre tout à fait personnel, le cardinal indique que dans l’absolu, les Libanais doivent accomplir leur devoir civique. Pour élire des hommes capables qui entreprennent de défendre à la Chambre l’idée nationale, ses constantes et ses valeurs. Si un tel résultat n’est pas obtenu, ce qui est presque certain en l’état actuel des choses, alors la population jugerait la Chambre avec indifférence, pour ne pas dire avec mépris. C’est un peu ce que pense Mgr Sfeir dont le scepticisme rejoint le fameux manifeste dans lequel les évêques maronites dénonçaient la fabrication des listes et la course effrénée de courtisanerie auprès des parties hégémoniques. Le communiqué cité relève que l’on force des antagonistes à s’allier entre eux. Dès lors, la vie politique locale semble condamnée à la paralysie, et les espoirs de changement comme de redressement économique paraissent tout à fait illusoires. Ce qui pousse les jeunes à partir en masse. Il faut le souligner : les prélats ne sont pour la participation au vote que dans la mesure où elle permettrait l’avènement de députés résolus à défendre l’idée nationale. Elle ne doit pas ouvrir la voie à des incompétents uniquement soucieux de leurs intérêts particuliers ou de servir ceux qui les auraient parachutés, contre la vraie volonté de l’électorat. La controverse continue entre-temps à battre son plein. Pourquoi, déclarent les boycotteurs, se rendre complice d’une opération dont les résultats sont connus d’avance et dont les objectifs se manifestent dans le découpage des circonscriptions, dans la fabrication des listes, comme dans les moyens utilisés pour écarter les gêneurs. Pourquoi ratifier la légalité, voire la légitimité d’un système, qui équivaut en fait à des désignations bien plus qu’à des élections au sens propre du terme. Et d’ajouter que la poignée dérisoire d’opposants qui seraient autorisés à passer, au titre de la récupération comme de l’alibi démocratique, ne feraient en réalité que conforter la mainmise des décideurs, en divisant les rangs des patriotes. Les partisans de la participation répondent qu’il faut riposter à la mise en scène dénoncée par un afflux massif aux urnes. Si cela ne suffit pas pour le changement, du moins cela permettrait d’en poser les jalons, en montrant que les Libanais sont déterminés à lutter pour le bon droit. Ils ajoutent que le boycott renforce évidemment les loyalistes et permet de plus au pouvoir d’orchestrer à bon compte (médiatique) une opération électorale sans triche et sans immixtions flagrantes. Selon les défenseurs de cette thèse, la participation offrirait l’alternative suivante : soit permettre l’accès au Parlement d’un groupe réformateur qui aurait beaucoup d’impact, grâce à la qualité de ses membres et à leurs idées ; soit, en cas de barrage, la formation en réaction d’un solide front d’opposition extérieure. Soutenu moralement par Bkerké. Et ils concluent en répétant que le boycott, pourtant quasi général en 1992, n’a rien donné. La participation non plus, répliquent les boycotteurs en référence à 1996.
Avec un bel ensemble, défenseurs du boycott et partisans de la participation accablent Bkerké d’un même reproche, celui de ne pas prendre nettement position pour l’une ou l’autre option. Le patriarche Sfeir se contente, à leur avis, de dénoncer le mal, en critiquant les immixtions, sans prescrire de remède précis. Les cercles proches du prélat réfutent ces...