Mostra 2000 - Dr. T and the Women de Robert Altman présenté vendredi Lettre d'amour aux femmes de Dallas (photo)

Les femmes de Robert Altman sont hystériques, folles, frivoles, voire lesbiennes, mais le réalisateur américain d’Un mariage les aime pourtant et signe avec «Dr. T and the Women», présenté vendredi en compétition pour le Lion d’or, une satirique «lettre d’amour aux femmes de Dallas, Texas». Richard Gere, qui a célébré jeudi au Lido ses 51 ans, est le «Dr. T» de Robert Altman, un séduisant gynéco qui vit dans un étouffant gynécée et qui va finir par craquer entre une femme folle (Farrah Fawcett), une fille lesbienne (Kate Hudson), une belle-soeur envahissante (Laura Dern), des nièces déguisées en poupées Barbie, des assistantes au bord de la crise de nerf et des clientes hystériques. Son seul répit est d’aller à la chasse avec trois copains, ou sur le green où il fait la connaissance de Bree (Helen Hunt), la nouvelle et énergique professeur de golf. Mais l’ouragan menace alors que le mariage de sa fille approche... Le cinéaste a expressément demandé à la presse de ne pas révéler la fin de «Dr. T». Ironie décapante Robert Altman, cheveux blancs, mais œil bleu toujours vif à 75 ans, n’a rien perdu de son mordant et de son ironie décapante. Le réalisateur de MASH, Palme d’or à Cannes il y a 30 ans, porte un regard toujours aussi critique sur la société américaine, parfois sombre et désabusée comme dans Short Cuts, qui lui a déjà valu un Lion d’or à la Mostra en 1993, parfois amusé et indulgent comme dans Cookie’s Fortune, son film précédent. Le cru 2000 est une comédie de mœurs à l’humour excentrique dont le héros est un gynécologue car, dit-il lors d’une interview au Lido, «ses relations avec les femmes, dans le secret du cabinet, sont tout à fait spéciales. C’est une relation très privée qui intrigue les autres hommes. Il a accès aux zones les plus intimes que le mari considèrent comme siennes». Pour incarner le «Dr.T», qui de mieux que Richard Gere, le playboy de Pretty Woman ? «Pour le public, il est l’objet sexuel mâle par excellence. La plupart des femmes rêveraient d’ouvrir leurs jambes devant un tel gynécologue !» Robert Altman se défend de toute misogynie dans ces portraits de femmes, de la jeune ingénue à la ménopausée en chaleur : «Anne Rapp, qui a écrit le film, vient de Dallas. C’est une ville particulière où les femmes de la bourgeoisie sont riches, oisives, passent leur temps à faire des courses, portent des chapeaux extravagants». Ce sont les cousines des héroïnes du feuilleton «Dallas» qui a fait les beaux jours de la télé. «Croyez-vous, dit-il, que je suis plus indulgent avec les hommes, assis dans les bois, en train d’échanger des plaisanteries grasses, en attendant bêtement un canard pour le tuer ?» D’ailleurs, précise le réalisateur en souriant, «les femmes comprennent mieux mon film... à l’exception des femmes journalistes» !