Processus de paix - Le CCOLP doit se réunir les 9 et 10 septembre à Gaza Les palestiniens prêts à reporter une fois de plus la proclamation de leur Etat(photo)

Les Palestiniens seraient prêts à céder aux fortes pressions américaines en reportant, pour la deuxième fois en 18 mois, la proclamation de leur État, censée survenir le 13 septembre. La décision revient aux 129 membres du Conseil central de l’OLP (CCOLP), mais des personnalités proches du président palestinien Yasser Arafat se prononcent déjà en ce sens. Je crois que le report serait une idée acceptable», a affirmé Nabil Amr, ministre chargé des Affaires parlementaires. Le CCOLP doit se réunir les 9 et 10 septembre à Gaza pour en débattre, a précisé son président, Salim Zaanoun. Cette réunion était initialement prévue le 8. Le 13 septembre, septième anniversaire des accords d’Oslo sur l’autonomie palestinienne, est aussi la date fixée l’an dernier par Israéliens et Palestiniens pour conclure leurs négociations de paix. ÇJe vais suggérer un report jusqu’à la fin de l’année», a poursuivi M. Amr. «Il faut agir avec beaucoup de précautions», a-t-il dit, précisant que les Palestiniens devaient tenir compte «des réactions de l’Europe et d’autres États». M. Amr a confié que début juillet, lors de la dernière réunion du CCOLP qui avait décidé de proclamer l’indépendance le 13 septembre même sans accord avec Israël, il s’était trouvé dans le camp minoritaire. «Je crois être maintenant dans la majorité, mais ce ne sera pas facile et il y aura vote», a-t-il ajouté. Certains Palestiniens ont estimé que l’échéance du 13 septembre pourrait être repoussée au 15 novembre, date de la déclaration d’indépendance très symbolique effectuée par M. Arafat à Alger en 1988. Le chef par intérim de la diplomatie israélienne, Shlomo Ben Ami, a averti qu’une proclamation unilatérale saborderait le processus de paix. Israël, les Palestiniens, les États-Unis et l’Egypte participent à d’intenses efforts diplomatiques depuis l’échec en juillet du sommet de Camp David qui avait buté sur la question de Jérusalem. Le silence arabe M. Arafat et le Premier ministre israélien Ehud Barak doivent avoir des entretiens séparés avec le président américain Bill Clinton le 6 septembre à New York, en marge du sommet du millénaire de l’Onu. Embarrassé par le silence du monde arabe durant Camp David, M. Arafat avait effectué une tournée dans 25 pays pour tenter d’obtenir un soutien à une proclamation unilatérale d’un État, mais les réactions n’avaient pas été encourageantes. Le ministre palestinien de l’Information, Yasser Abed Rabbo, a reconnu que de nombreux pays avaient jugé «inopportun» de proclamer l’État avant les élections américaines du 7 novembre. Initialement, les Palestiniens devaient annoncer la création de cet État en mai 1999, à l’issue de la période intérimaire d’autonomie prévue par les accords d’Oslo. Mais ils y avaient renoncé à la suite de pressions de Washington qui craignait que cela ne favorisât une victoire électorale de la droite israélienne. Un nouveau report obèrerait certes la crédibilité de M. Arafat, mais beaucoup de Palestiniens comprennent qu’un État proclamé sans l’approbation d’Israël et des États-Unis ne serait pas viable. ÇLa proclamation en soi n’est pas très importante pour les Palestiniens», a indiqué un expert palestinien, Ghassan al-Khatib. «Ce qu’ils veulent, c’est un État qui change leurs vies, et non une simple déclaration politique». Ce n’est toutefois pas l’avis de l’opposition palestinienne. «L’État doit être proclamé à la date prévue», a déclaré Tayssir Khaled, membre du comité exécutif du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP). «Un report servirait uniquement les intérêts d’Israël et ne ferait pas progresser les négociations», a-t-il dit.