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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Législatives - Objectif : réformer le processus de réformes Nassib Lahoud s'en prend au régime (photo)

«Il est grand temps qu’on demande des comptes au ministre de l’Intérieur Michel Murr». Élu dimanche à l’un des quatre sièges maronites du Metn-Nord, Nassib Lahoud a sans ambages appelé à la destitution du ministre de l’Intérieur, qu’il a accusé sans le nommer d’être «le principal symbole de l’État-ferme». Cet appel s’inscrit dans le cadre de sa plaidoirie, qu’il a réitérée hier, en faveur de l’institution de l’État de droit, s’engageant à œuvrer pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé dans son programme électoral, à savoir «réformer le processus de réformes» politique et administrative et le débarrasser de ses nombreuses imperfections. Un des principaux ténors de l’opposition, Lahoud n’a non plus épargné le régime. S’adressant directement au chef de l’État, il a exprimé l’espoir que celui-ci a «pris conscience de l’ampleur des occasions ratées et du tort causé en raison d’une série d’options erronées», qu’il a énumérées, dressant ainsi un sombre bilan du «premier tiers du mandat du régime». Il n’a pas exclu la formation, après les élections, de rassemblements politiques qui auront pour mission de définir un programme d’action commune afin de mettre à exécution les principes qui constituent aujourd’hui le dénominateur commun du discours de nombreux pôles politiques. Citons, entre autres, le rééquilibrage des relations libano-syriennes, auquel il a de nouveau appelé, tout comme il a encore une fois plaidé en faveur de la formation d’un gouvernement d’entente nationale, à la tête duquel il a proposé la nomination de M. Rafic Hariri. Comme lors de l’annonce de la composition de sa liste, Nassib Lahoud a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements à son entrée dans la salle où il a tenu hier une conférence de presse, à son bureau de Sin el-Fil. Au-delà de sa volonté de commenter le scrutin et de répondre aux propos tenus par le ministre de l’Intérieur dans sa conférence de presse, lundi, M. Lahoud a voulu transmettre un message au régime. «Nous espérons, a-t-il dit, que le chef de l’État a pris conscience de l’importance des occasions ratées et du tort causé en raison d’une série de choix : la militarisation, l’hégémonie des services, les tentatives d’élimination (de pôles) politiques, les coups portés au pluralisme et aux libertés, les tentatives d’hypothéquer la volonté populaire et de faire passer les considérations familiales mesquines avant les considérations politiques, nationales et réformatrices». «Le choix le plus grave, a poursuivi M. Lahoud, a sans doute été celui qui a consisté à confier l’édification de l’État de droit au symbole le plus flagrant de l’État-ferme, de l’État-corruption», en allusion à son adversaire électoral et politique, le ministre de l’Intérieur. Et de poursuivre : «Ces choix erronés ont marqué le premier tiers du mandat de ce régime et lui ont fait rater des occasions de réformes. Mais il est toujours possible de parvenir à un changement réel, même difficilement, pour peu qu’on renonce à ces options et qu’on destitue leurs symboles ainsi que ceux qui en profitent. Nous souhaitons que le chef de l’État prenne l’initiative de réformer la réforme». Le verbe toujours sobre, mais plus que jamais virulent à l’égard de M. Murr et presque aussi critique à l’égard du régime, M. Lahoud a d’abord rendu un vibrant hommage à ses électeurs, «qui ont réussi à briser le siège politique que le ministre de l’Intérieur et ses associés ont tenté de nous imposer, tantôt en nous privant d’alliances électorales – à travers le marché conclu avec Albert Moukheiber, qui a de tout temps prétendu être le fer de lance de l’opposition et qui a fini par devenir un candidat timide sur la liste présidée par le ministre de la Cour et du Pouvoir, Michel Murr –, tantôt en essayant de disperser les voix de l’opposition en encourageant la multiplication des listes électorales». « Les urnes de la triche » Le député élu s’est félicité du ralliement populaire autour de sa liste, qui avait croisé le fer avec celle de Murr dimanche, en relevant les appels de soutien qu’il a reçus des quatre coins du Liban. Il a rappelé les principes sur base desquels sa liste avait été formée. M. Lahoud a aussi vivement regretté l’échec de ses colistiers, notamment Michel Samaha et Rafi Madayan, dénonçant «les urnes de la triche et de la préfabrication qui les ont empêchés de remporter la bataille électorale». Après avoir affirmé le droit des Arméniens à choisir leurs représentants, M. Lahoud a mis en cause l’intrégrité du scrutin. «Contrairement à ce qu’on prétend, ces élections n’étaient pas régulières. Les résultats qu’on a constatés n’ont pas été obtenus grâce à la tolérance, l’intégrité et l’impartialité de l’État. Ils ont été obtenus par la force de la volonté et du droit populaires. C’est à son corps défendant que l’État les a reconnus». Il a repris ses critiques à l’encontre du ministre de l’Intérieur en estimant que «les louanges que les gens du pouvoir s’adressent au sujet de leur impartialité et de leur intégrité ne sont en fait qu’un paravent derrière lequel ils cachent les tares de leurs pratiques honteuses, de leurs calculs erronés et de leurs prévisions naïves. Les plus ridicules parmi leurs fanfaronnades sont sans doute les dires de Michel Murr, selon lesquels le dernier sur sa liste récoltera dix mille voix de plus que le premier sur la nôtre». M. Lahoud a mis l’État au défi d’organiser les élections au Metn «sans que Michel Murr» ne soit au pouvoir, avant de juger qu’il est «grand temps de demander des comptes (à ce dernier) et de dresser le bilan du préjudice qu’il a causé au pays, à l’intérêt public et au prestige de l’État». « Une gifle assénée au pouvoir » Pour M. Lahoud, les résultats du scrutin au Metn sont «une gifle assénée au pouvoir et une leçon pour quiconque croit pouvoir éliminer les autres, juste parce qu’il se trouve au pouvoir». Ils constituent, a-t-il poursuivi, «une gifle assénée à tous ceux qui tentent de réprimer les libertés et d’instituer un système totalitaire, hégémonique qui implique les services, les officiers et les soldats dans la vie politique et même dans la vie privée de la population. Un groupe d’officiers mis à la disposition des responsables politiques ne peut pas se substituer à l’État de droit. Ne nous ramenez pas en arrière. Épargnez à ce pays les expériences douloureuses et dont on sait d’avance qu’elles sont vouées à l’échec. Laissez l’armée glorieuse et les autres services de sécurité assumer leurs missions nationales». Après avoir réitéré son appui aux «forces démocratiques qui se sont engagées dans la bataille électorale pour les mêmes objectifs», citant nommément Walid Joumblatt, M. Lahoud a appelé à la formation, après le scrutin, d’un gouvernement d’entente nationale, «à caractère politique et capable de réaliser la réconciliation nationale ; un gouvernement formé de personnes compétentes et intègres, aptes à régler la crise socio-économique, freiner le mouvement d’émigration ; un gouvernement qui puisse rester à l’abri des erreurs du passé, œuvrer pour l’édification de l’État de droit et écarter de ses rangs les symboles de l’État-ferme». En réponse à une question, il s’est déclaré, «dans les circonstances actuelles», en faveur de la nomination de M. Hariri à la tête du gouvernement. Commentant les propos de M. Murr (voir par ailleurs) au sujet de la nomination du président du Conseil des ministres, il a insisté sur le respect de la Constitution, en faisant remarquer que les députés «se doivent de nommer leurs candidats à la tête du gouvernement ou s’abstenir de le faire» et qu’ils «ne peuvent en aucun cas déléguer cette responsabilité au président de la République». Quant à la structure de l’opposition, il est encore prématuré d’en parler. «Ce ne sera pas avant la fin du scrutin», a précisé M. Lahoud en soulignant que l’alliance conclue avec Pierre Gemayel dépasse le cadre électoral et en estimant qu’après les élections, «des blocs se formeront autour d’un programme politique défini, dont le but est de mettre sur les rails un processus de réforme politique, à commencer par l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, et de préciser les bases d’une réforme administrative ainsi que de nouvelles relations libano-syriennes qui doivent être revues en toute sincérité et amitié». Quant au dialogue qui devrait conduire à la réconciliation, il serait amorcé simultanément sur un double niveau : à partir de la Chambre et en dehors du cadre parlementaire. «Quelle que soit la composition de la nouvelle Assemblée, elle ne peut pas s’exprimer seule au nom de toutes les forces politiques sur la scène locale. La Chambre doit jouer un rôle fondamental dans tout dialogue mais il n’est pas question de tenir à l’écart les forces présentes en dehors de la tribune parlementaire», a-t-il conclu.
«Il est grand temps qu’on demande des comptes au ministre de l’Intérieur Michel Murr». Élu dimanche à l’un des quatre sièges maronites du Metn-Nord, Nassib Lahoud a sans ambages appelé à la destitution du ministre de l’Intérieur, qu’il a accusé sans le nommer d’être «le principal symbole de l’État-ferme». Cet appel s’inscrit dans le cadre de sa plaidoirie,...