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Actualités - ANALYSE

Un test positif, un élan vers l'autonomie de décision

Bien sûr, la messe n’est pas dite. Et, sauf peut-être à Beyrouth, la seconde manche devrait apporter moins de surprises que la première. Mais il n’en reste pas moins que sur le plan politique de fond, le changement qui s’annonce à la Chambre n’est pas du tout celui auquel l’on s’attendait. En gros, les professionnels de la politique s’accordaient pour prévoir que les 80 % des députés actuels retrouveraient leurs sièges. Et que les 20 % restants serviraient essentiellement, à part quelques modifications de noms sans signification au sein des blocs existants, à conforter une majorité favorable au pouvoir et aux décideurs. Mais la liberté dont l’électeur de base a fait montre dimanche dernier a renversé les donnes. Et prouvé, selon un réaliste qui se défend, de tout cynisme, que «le pouvoir, en substituant à la triche classique des résultats les immixtions antérieures et les listes préfabriquées, a fait pour lui-même le mauvais choix. Tant qu’à y faire et puisqu’en tout cas il est accusé d’avoir faussé le jeu, il aurait dû reprendre la bonne vieille recette, tellement plus sûre, des chiffres truqués. Il a voulu s’y prendre de façon moins flagrante. Il ne s’est évité ni le discrédit ni la déroute électorale». Le fait est que la plupart des listes dites du pouvoir, de ces fameux «bus» ou «bulldozers» parachutés, ont été battues à plate couture ou percées. Les fameux mots d’ordre en faveur des poulains des décideurs, même lancés par de puissantes formations, ont été largement ignorés de la population. Ce sont d’ailleurs, phénomène frappant, certains chouchous (déclarés ou occultes) qui ont principalement fait les frais de cette réaction libertaire en masse des Libanais. Aucune ligne rouge n’a été respectée. La démocratie relative qu’on pouvait attendre d’un scrutin organisé dans le cadre de l’actuel système y trouve son compte. Le panachage a régné un peu partout, signe d’une certaine lucidité politique. Et il a souvent joué en faveur des courants réformateurs, pour ne pas dire de l’opposition, notion changeante dans ce pays. Les intimidations ou les chants de sirène préalables n’ont pratiquement servi à rien, sauf peut-être pour repêcher deux ou trois noyés au loyalisme pas trop marqué. Globalement, le verdict des urnes «est un clair désaveu du pouvoir qui doit en tenir compte», dit un ancien ministre. À l’en croire «les électeurs ont voulu signifier aux dirigeants qu’ils récusent le langage de l’hégémonie, des pressions abusives et de la volonté extérieure. Il faut relever à ce sujet, note cette personnalité, que contrairement à ce que les gens croient généralement, il n y a pas eu cette année d’intervention majeure des décideurs dans les régions qui ont voté, pas même au Nord». C’est sans doute exact. On ne peut cependant oublier que pour l’autre moitié de la Chambre qui reste à désigner dimanche prochain, des alliances en principe invincibles ont été imposées. Car le scrutin se déroulera la prochaine fois dans des zones dites stratégiques, en tout cas frontalières, comme le Sud et la Békaa. Le Mont-Liban, traditionnellement plus politisé et évidemment bien plus central, c’est autre chose. C’est plus éloigné de la bordure et moins perméable aux vents périphériques. La preuve la plus éclatante reste la position ultralibanaise adoptée par tel chef de la montagne. Qui a d’ailleurs, semble-t-il, visé juste en jouant la carte du rapprochement nationaliste, puisqu’il emporte la partie haut la main, même en dehors de son fief personnel. Il reste que, répétons-le, tout n’est pas joué, tant s’en faut. Et politiquement, le bras de fer de dimanche prochain à Beyrouth sera d’une importance capitale (c’est le mot) puisqu’il décidera en principe de l’attribution de la présidence du Conseil. Quoi qu’il en soit, le test de la première phase peut être considéré comme positif. Il aura représenté un élan, une pulsion des Libanais vers l’autonomie de décision, vers la liberté, vers la démocratie, vers une vie publique assainie. Ce qui rejoint, est-il besoin de le souligner, les assurances du chef de l’État concernant la concrétisation coûte que coûte des engagements pris dans son discours historique d’investiture. Pour la mise en place d’un État des institutions.
Bien sûr, la messe n’est pas dite. Et, sauf peut-être à Beyrouth, la seconde manche devrait apporter moins de surprises que la première. Mais il n’en reste pas moins que sur le plan politique de fond, le changement qui s’annonce à la Chambre n’est pas du tout celui auquel l’on s’attendait. En gros, les professionnels de la politique s’accordaient pour prévoir que...