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Actualités - ANALYSE

Législatives - Le scrutin de dimanche a apporté de nouvelles donnes au Mont-Liban Timide come-back du camp chrétien sur la scène parlementaire

Ce n’est certainement pas le grand bouleversement sur le plan de la composition du nouveau Parlement ou au niveau du paysage politique libanais. Le contexte local et régional (plus précisément syrien) n’est évidemment pas encore suffisamment mûr pour permettre une modification profonde ou un rééquilibrage de la vie politique dans le pays. Mais force est de constater que les résultats de la première phase des élections législatives au Mont-Liban et au Liban-Nord ont quand même mis en relief de nouvelles donnes qui sont autant d’indices significatifs d’une possible évolution dont le contour reste difficile à cerner. Un survol rapide du bilan de cette première journée du scrutin montre un retour timide de certains partis et courants chrétiens sur la scène parlementaire. Au Metn-Nord, d’abord, l’élection de Pierre Amine Gemayel devrait avoir pour conséquence de replacer, à terme, le parti Kataëb sur l’échiquier local après une longue traversée du désert. Il paraissait évident, d’entrée de jeu, que l’un des enjeux de la bataille du Metn (au niveau de la candidature de Pierre Gemayel) était le sort du parti Kataëb. Une éventuelle élection de M. Mounir Hajj aurait donné à ce dernier une légitimité qui lui aurait permis de consolider sa position à la tête du parti. L’entrée de M. Gemayel au Parlement a incontestablement changé la donne sur ce plan. Fort du large appui populaire dont a bénéficié son fils, et qui reflète sans aucun doute un soutien indirect à son propre leadership, le président Gemayel cherchera, à plus ou moins brève échéance, à reprendre le parti Kataëb en main afin de le réunifier et de lui redonner le rôle national qu’il a toujours joué et qui constitue un facteur d’équilibre interne indéniable. L’élection du candidat Kataëb à Baabda, Antoine Ghanem, contribuera dans une certaine mesure à relancer une telle dynamique dont l’élément moteur, pour l’heure, réside dans les démarches politiques tous azimuts entreprises par le président Gemayel auprès des principaux leaders représentatifs du pays afin de tenter d’enclencher un processus de dialogue et de véritable réconciliation nationale. Cette réintroduction du parti Kataëb dans la vie politique, à la faveur du retour du président Gemayel au Liban et des résultats du scrutin de dimanche, s’accompagne parallèlement d’un timide come-back du Bloc national. Certes, le BN a perdu le contrôle du caza de Jbeil au profit des néo-destouriens Nazem Khoury et Farès Souaïd qui viennent de remporter les deux sièges de Jbeil, occupés avant la guerre par le BN. Mais dans le même temps, le BN n’était pas absent de la bataille de Baabda-Aley où trois de ses alliés les plus proches, Salah Honein, Abdallah Farhat et Fouad el-Saad, ont été élus sur la liste parrainée par M. Walid Joumblatt. Il est évidemment prématuré de parler d’un bloc parlementaire, mais la présence de MM. Honein, Farhat et Saad à la Chambre pourrait offrir au BN la possibilité de faire entendre sa voix sur des questions nationales de première importance. Pour la première fois depuis Taëf, deux grands partis chrétiens, les Kataëb et le BN, refont ainsi leur entrée sur la scène politique, apportant la preuve qu’ils continuent de bénéficier d’une large assise populaire et électorale qui n’a pas été entamée par le fait accompli imposé depuis Taëf. Le maintien, contre vents et marées, de cette assise populaire illustre à quel point l’inconscient collectif chrétien constitue un élément incontournable de la réalité libanaise. C’est cette même sensibilité chrétienne profondément ancrée dans les esprits qui expliquerait, entre autres, les percées fulgurantes enregistrées par Nassib Lahoud au Metn-Nord et Pierre Hélou à Aley. Autre caractéristique de ce scrutin du 27 août : la chute de plusieurs «symboles» prosyriens, dont notamment Élie Hobeika, Zaher el-Khatib et trois candidats du Parti syrien national social (deux à Aley et un au Akkar). Il faut, certes, relativiser la portée de cette déroute, mais il n’en reste pas moins qu’elle démontre que quelque chose semble avoir changé au niveau de la machine syrienne au Liban. Il aurait été inconcevable en 1996, du vivant de Hafez el-Assad, que de tels symboles prosyriens puissent être battus aux élections. L’un des indices perceptibles également à ce sujet est que bien de tabous sont tombés. De plus en plus de voix s’élèvent, en effet, pour réclamer un rééquilibrage des relations entre le Liban et la Syrie. À la lumière de ces nouvelles donnes, il paraît évident que le vainqueur de la consultation populaire de dimanche est non pas l’État – comme l’affirmait hier soir le ministre de l’Intérieur –, mais plutôt l’électeur qui a pu déjouer, de manière toute relative, les rouleaux compresseurs que les «décideurs» ont mis en place pour façonner un Parlement à leur mesure. Mais cela ne signifie pas pour autant que la nouvelle Chambre pourra bénéficier d’une large marge de manœuvre à l’égard de ces mêmes «décideurs». Pour l’opinion publique, la vigilance sur ce plan est de mise afin d’éviter que le peu de légitimité dont pourrait jouir le Parlement ne soit mise à profit pour faire approuver des projets susceptibles de remettre en cause les spécificités du Liban. Quant au pouvoir, il est appelé aujourd’hui plus que jamais à tirer les leçons du scrutin du Mont-Liban. Le vote de dimanche a en effet apporté la preuve qu’il est grand temps que les responsables officiels tiennent compte des attentes des électeurs et qu’ils prennent conscience de la nécessité d’associer les véritables représentants des composantes communautaires libanaises à un processus de réconciliation nationale réelle et durable.
Ce n’est certainement pas le grand bouleversement sur le plan de la composition du nouveau Parlement ou au niveau du paysage politique libanais. Le contexte local et régional (plus précisément syrien) n’est évidemment pas encore suffisamment mûr pour permettre une modification profonde ou un rééquilibrage de la vie politique dans le pays. Mais force est de constater que les...