Liban-Sud - L'Onu presse le Liban de mettre un terme aux jets de pierres à la frontière L'Etat dans l'ex-zone occupée : 1500 hommes au total

Les Nations unies ont pressé hier le Liban de mettre un terme aux jets de pierres et d’autres projectiles à la frontière contre le territoire israélien, au moment où Beyrouth annonçait le déploiement, à partir d’aujourd’hui à l’aube, de la force mixte de 1 000 hommes, composée à parts égales de militaires et de membres des FSI, dans l’ex-zone occupée par Israël. Cet envoi porte à quelque 1 500 hommes le total des effectifs des forces de l’ordre dans la bande frontalière, les 500 autres étant des gendarmes dépêchés dans les jours qui ont suivi le retrait israélien. Le ministre de l’Intérieur Michel Murr a officiellement donné l’ordre hier à la force mixte d’entamer son déploiement à partir de 03h00 ce matin. L’unité est placée sous le commandement d’un officier des FSI, le brigadier Nazih Abou Nader. L’opération doit normalement durer 24 heures tout au plus. L’annonce du déploiement de cette force, constituée le 15 juin, a été précédée d’une réunion de coordination entre le commandement militaire libanais et le commandement de la Force intérimaire de l’Onu au Liban (Finul) au siège du ministère de la Défense à Yarzé. M. Murr avait indiqué lundi que la force mixte était prête à se déployer mais que le gouvernement attendait d’être informé par l’Onu de la fin du déploiement de la Finul dans la zone frontalière d’Israël. Il avait aussi tenu à préciser que cette force serait chargée d’assurer la sécurité à l’intérieur du territoire libanais et pas la sécurité à la frontière libano-israélienne, une mission selon lui dévolue à la Finul. Selon des sources policières, la force mixte sera basée à Marjeyoun, mais devra disposer d’autres points de liaison, notamment à Bint-Jbeil. Sa mission, selon ces sources, consistera à «renforcer la sécurité des habitants dans les localités du Liban-Sud et à coopérer effectivement avec les Casques bleus de la Finul». Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, Israël et la France ont à plusieurs reprises appelé au déploiement de l’armée libanaise dans la zone évacuée par l’État hébreu. La Finul s’était déployée au cours du week-end dans 17 positions de l’ex-zone occupée, dans des régions où elle n’avait jamais eu accès, mais pas sur la frontière, ce qui a permis la poursuite d’incidents entre civils libanais et soldats israéliens. Hier, l’Onu a exprimé, dans un communiqué, son inquiétude à la suite de ces incidents et a appelé les autorités libanaises à faire cesser les jets de pierres contre les soldats de l’État hébreu. L’Onu a également annoncé son intention de déployer des Casques Bleus dans onze positions supplémentaires dans les prochains jours au Liban-Sud. «Les Nations unies ont fait part de leur inquiétude aux autorités concernées après un accrochage à la Porte de Fatma (dimanche soir) dans lequel trois civils libanais ont été blessés par des tirs provenant du côté israélien», indique le communiqué. «L’Onu a, à plusieurs reprises, exprimé aux autorités libanaises son inquiétude sur les jets de pierres et a souhaité qu’il y soit mis un terme», ajoute le texte. Le communiqué de l’Onu ajoute que la Finul «compte compléter son déploiement en installant onze nouvelles positions dans les prochains jours», sans préciser où exactement. De son côté, un proche collaborateur de l’émissaire de l’Onu Terjé Roed-Larsen, Francis Okelo, qui se trouve à Beyrouth pour superviser les opérations de la Finul, a été reçu hier par le chef du gouvernement Sélim Hoss et par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères Zouheir Hamdane. Dans une déclaration à la presse, M. Okelo a estimé que «les incidents qui se produisent à la frontière ne servent pas la cause du maintien de la paix». Israël va se plaindre auprès d’Annan Pour sa part, le vice-ministre israélien de la Défense Ephraïm Sneh a indiqué hier que l’État hébreu allait se plaindre auprès de Kofi Annan du comportement des Casques bleus au Liban pour n’avoir pas empêché des violences à la frontière libano-israélienne. «Nous allons nous adresser à lui bientôt pour garantir que la Finul accomplira bien sa mission», a affirmé M. Sneh à la radio publique israélienne. Il a averti que si rien n’était fait pour arrêter la violence, la situation à la frontière pourrait «dégénérer». Il a noté que les Casques bleus qui se sont déployés samedi dans la région onze semaines après la fin de l’occupation israélienne n’ont pas réussi à empêcher des Libanais de jeter des pierres et des bouteilles incendiaires sur des soldats israéliens. «Ils ne remplissent pas leur mission qui est de ramener l’ordre et la sécurité dans la région. C’est pour cela qu’ils sont déployés là, pas seulement pour y brandir leur drapeau», a-t-il dit en ajoutant : «Quelqu’un doit arrêter cela. Cette activité de jets de pierres peut dégénérer en violence». «Si la Syrie en avait donné l’ordre, l’armée libanaise se serait déployée dans le secteur et il n’y aurait plus aucun désordre», a souligné M. Sneh. Lors d’une conférence de presse, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Shaoul Mofaz, a quant à lui rendu «le gouvernement libanais et son armée responsables de la poursuite des accrochages le long de la frontière israélo-libanaise». «Notre intérêt est clair: nous voulons le calme le long de la frontière. Ces derniers temps nous avons fait preuve de retenue, face aux jets de pierres, attendant le déploiement de la Finul et de l’armée libanaise. Mais nous ne pourrons accepter que la vie de nos soldats soit mise en danger. Les jets de bouteilles incendiaires mettent en danger la vie de nos soldats, et dans une telle situation, nos soldats savent comment réagir», a-t-il dit.