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Actualités - REPORTAGES

Portrait - Le fils du président brigue un des sièges maronites du Metn Emile Emile Lahoud, un candidat pour les jeunes(photo)

Il a encore quelques rondeurs de l’enfance mais déjà la détermination d’un adulte. Émile Lahoud – qui affirme être fier de porter ce prénom pas seulement à cause de son père mais aussi du frère de son grand-père Jamil – se lance dans la bataille électorale avec sérieux et conviction comme il le faisait pour les compétitions sportives. Car, à 25 ans – dont dix consacrés à la natation –, ce jeune homme a acquis un grand respect de la discipline et du travail bien fait. Si, aujourd’hui, il est candidat à l’un des sièges maronites du Metn, c’est essentiellement parce qu’il croit avoir une responsabilité vis-à-vis des jeunes, selon lui non représentés au Parlement. Avec son physique de jeune premier, on le verrait mieux hantant les boîtes ou les plages à la mode. Mais Émile Lahoud estime qu’il y a un temps pour chaque chose. Si, comme la plupart des jeunes de son âge, il aime s’amuser, il est conscient que la vie est une affaire sérieuse et qu’il est important d’agir si on veut, un jour, atteindre ses objectifs. Il a d’ailleurs repris pour son compte la devise familiale : «Parle peu et agis beaucoup» et il a décidé, malgré les obstacles, les critiques et les conseils de son père, de présenter sa candidature aux législatives, estimant qu’il faut absolument permettre aux jeunes de participer à la vie politique. Les défis, un moteur pour aller de l’avant Simple et direct, il n’a pas besoin de choisir ses mots, ceux-ci venant naturellement parce qu’ils découlent de convictions solides. À 25 ans, il a déjà derrière lui une vie riche en défis et, loin de le décourager, cela ne fait que le pousser à aller de l’avant. Il ne fera pas comme les autres politiciens en essayant de se présenter comme un élève modèle. «Je parvenais tout juste à passer de classe», dit-il dans un rire qui commence par les yeux avant d’atteindre les dents très blanches. Il a dû en fait changer d’école et de système scolaire (il a accompagné son père aux États-Unis pendant que ce dernier suivait une session de formation d’état-major) et ensuite il s’est beaucoup consacré au sport, participant aux olympiades en 1988 et 1992 et au championnat arabe des nations (1992). Il a d’ailleurs obtenu plusieurs médailles et établi soixante nouveaux records du Liban. À 17 ans, il lui a fallu choisir : poursuivre une carrière de nageur professionnel et atteindre, dans le meilleur des cas, un dixième rang mondial ou se lancer dans des études universitaires et se construire une carrière classique. Émile a préféré la seconde voie, plus raisonnable. Il a donc obtenu une licence en business et marketing avant de faire une maîtrise en affaires internationales. «Le business, c’était pour pouvoir subvenir à mes besoins (avec un associé, il a ouvert une agence de pub) et les affaires internationales, c’était pour le plaisir». Car le jeune Émile est depuis son plus jeune âge plongé dans la politique. Il avait huit ans lorsque son grand-père Jamil est mort mais il en a gardé un souvenir ému. «Les deux fils de Jamil, mon père et mon oncle étant des fonctionnaires de l’État, la tradition politique de la famille s’est un peu perdue. C’est pourquoi j’ai senti qu’il fallait la préserver. D’autant que mon grand-père et avant lui son frère aîné Émile avaient une ligne d’action et une vision qui méritent d’être perpétuées…». Le sens de la famille et de l’amitié Le sens de la famille est très important chez le jeune Émile. «Chaque jour, j’apprends à mieux connaître mon grand-père et son frère. Surtout maintenant que je rencontre au cours de mes tournées électorales des personnes qui les ont connus et qui me racontent des faits qui me touchent. Je suis fier d’être leur descendant et j’estime que le bagage que ma famille m’a donné est un apport extraordinaire. C’est pour le faire fructifier que je me présente aux élections». Son père était opposé à cette initiative, affirmant à son fils qu’il serait critiqué pour s’être présenté alors que son père est président de la République. «Mais même si cet élément est un handicap, j’ai préféré me lancer dans la bataille», car 30 % de la population libanaise ne se sentent pas représentés au Parlement. «Même les jeunes députés représentent plus un “establisment” qu’une tranche d’âge. Moi, je souhaiterais parler au nom des jeunes, m’occuper de leurs problèmes, des plus simples comme le service du drapeau aux plus complexes comme la hantise de l’émigration. Certes, je n’entends pas résoudre tous leurs problèmes, j’ai besoin de leur aide, mais au moins, j’espère faire entendre leur voix». Émile Lahoud affirme qu’il aurait été candidat même si son père n’était pas président et il ne se sent nullement gêné de se présenter sur la liste Murr. «On a beau critiquer cet homme, il n’en jouit pas moins d’une grande popularité au Metn. Je le perçois nettement au cours de mes tournées électorales. Et je trouve que c’est bien pour moi de profiter de sa popularité». Émile Lahoud est d’ailleurs très proche de son beau-frère Élias Michel Murr. «Ma sœur Carine (son aînée de six ans) a tout fait pour que la cellule familiale reste très unie. Elle est un peu la dynamo de la famille». Dès qu’il évoque ses proches, son ton devient naturellement tendre. On sent que ce jeune homme a vécu entouré d’affection. «Pour moi, la famille est un tremplin pour avancer et s’améliorer. Ce n’est pas une entité rigide et je ne suis pas mû par un fanatisme conservateur. Simplement, j’estime avoir la chance de vivre dans un milieu harmonieux et je souhaite faire bénéficier les autres de cet atout». En paix avec lui-même, il veut répandre sa sérénité autour de lui. S’il aime les défis, c’est uniquement pour se dépasser lui-même, non pour vaincre d’éventuels rivaux. Un peu comme lorsqu’il participait aux compétitions sportives. «Mon objectif était de battre mon record, non de vaincre mes adversaires», précise-t-il. C’est exactement la même démarche qui le guide aujourd’hui. «Je ne veux pas couper la voie à qui que ce soit et je ne me présente pas contre quelqu’un. Je veux simplement faire en sorte que les jeunes soient représentés au Parlement. Et si je ne suis pas élu, je poursuivrai la lutte sous d’autres formes». Se voit-il assis auprès des 127 autres représentants du peuple ? «J’ai commencé à y penser il y a une semaine. Mais finalement, je crois que si je suis élu, mon travail sera essentiellement hors de l’hémicycle». Émile Lahoud confie avoir gardé un souvenir inoubliable de son service militaire qu’il a achevé avec le grade de lieutenant. «J’ai perdu 14 kilos au cours de cette période car je voulais tout le temps faire mieux que les autres afin que l’on ne m’accuse pas d’utiliser le nom de son père». Il avoue d’ailleurs avoir été tenté un moment de se lancer dans une carrière militaire. «Finalement, “Exécute puis proteste”, ce n’est pas vraiment pour moi». Il a donc préféré la politique, mais une politique loin des luttes mesquines, juste pour le triomphe des idées et des grands principes. «Dans mes tournées auprès des électeurs, je ne leur demande pas de voter pour moi, mais d’agir selon leurs convictions. Je ne veux pas ensuite circuler dans les rues et voir une partie des gens se détourner à mon passage. Qu’on me juge sur mes actes et qu’on me donne ma chance, c’est ce que je demande». Émile a aussi le sens de l’amitié. Ce sont ses copains de classe, ses camarades d’université et ses compagnons du service militaire qui forment aujourd’hui le gros de son équipe électorale. «Pour nous, c’est une belle aventure». Qui ne se terminera sans doute pas avec les élections législatives.
Il a encore quelques rondeurs de l’enfance mais déjà la détermination d’un adulte. Émile Lahoud – qui affirme être fier de porter ce prénom pas seulement à cause de son père mais aussi du frère de son grand-père Jamil – se lance dans la bataille électorale avec sérieux et conviction comme il le faisait pour les compétitions sportives. Car, à 25 ans – dont dix...