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Actualités - ANALYSE

La bataille pour le Sérail radicalise la campagne

Le mieux est l’ennemi du bien. En abattant trop tôt ses cartes, en faisant savoir d’entrée de jeu qu’il visait le retour au Sérail, le camp haririen a permis à ses adversaires de se regrouper et de se mobiliser à fond pour le contrer. Nombre de professionnels estiment ainsi que «la propagation de bruits selon lesquels le président Hariri était de nouveau persona grata auprès des décideurs comme des hautes autorités l’a finalement desservi. Car il a provoqué le feu médiatique inouï déclenché contre lui par ses contempteurs, qui n’ont pas hésité à lancer à l’attaque des institutions publiques comme Télé-Liban. De plus, ses ennemis se sont tellement monté la tête qu’ils n’hésitent pas à affirmer que même si les 128 nouveaux députés devaient désigner M. Hariri, ils feraient en sorte de lui barrer la route, de l’empêcher de former le prochain gouvernement. C’est pratiquement une déclaration de guerre civile et qu’on en soit arrivé là montre à quel point le pays court le danger d’une grave déstabilisation politique». Ces observateurs ajoutent que «de toute évidence, décision a été prise de poursuivre l’escalade contre M. Hariri, à n’importe quel prix. Il faut y voir un message adressé à l’intérieur comme à l’extérieur. Les choses ayant quelque peu changé sur le plan régional, il semble que certains ne craignent plus de faire comprendre aux décideurs qu’ils seraient mieux avisés de ne pas favoriser le come back de M. Hariri, car cela créerait de sérieux problèmes. Il est rare que des parties locales s’aventurent ainsi à tracer des lignes rouges. Cette prise d’initiative semble cependant facilitée par la conviction, justifiée ou non, que le président de la République continue à accorder sa préférence, comme candidat au Sérail, à M. Sélim Hoss. Les partisans de ce dernier pensent, à tort ou à raison, répétons-le, que Baabda est tout à fait satisfait de la qualité des rapports et de la coopération avec l’actuel président du Conseil». Les mêmes sources ajoutent que «les gens en place qui se déchaînent contre M. Hariri, dont le retour leur porterait préjudice, sont aidés par des pôles qui n’ont rien contre lui, mais qui craignent qu’il ne puisse pas s’entendre avec le chef de l’État au sujet de la composition du nouveau Cabinet. Ce qui plongerait le pays, aussitôt après les élections, dans une grave crise de pouvoir. Ce qui provoquerait une effroyable aggravation de la crise socio-économique et mettrait en danger la monnaie nationale». Mais quelle est au juste cette position de Baabda qui conditionne la suite des événements ? En réponse à de telles interrogations, le chef de l’État indique que ce sont les circonstances qui détermineront le choix du prochain chef de gouvernement comme la composition du Cabinet. Il ajoute devant ses visiteurs qu’il est tout à fait prématuré de débattre de la question et que chaque chose doit être réglée en son temps. Mais il se hâte de préciser qu’un retour à une formule de «mazraa» (de ferme) est tout à fait exclu, ajoutant en substance, selon ses visiteurs, que «ceux qui veulent un tel retour combattent le pouvoir, qui s’abstient de leur répondre et poursuit l’exécution de ce qu’il proclame, quelles que soient les sommes que ces gens peuvent engager» contre lui. Bien entendu les contempteurs de M. Hariri sont ravis de ces propos attribués au président Lahoud car ils y voient une claire allusion à l’ancien chef de gouvernement dont le «retour» ne serait pas souhaité. Mais des loyalistes objectent qu’il ne faut pas faire dire au président ce qu’il n’a pas dit et qu’il faut retenir de ses indications deux éléments majeurs : il poursuivra dans tous les cas de figure l’application de ses principes ; et il ne fera de choix concret en ce qui concerne le Cabinet qu’au moment opportun. Autre grande question : et la Syrie dans tout cela ? Est-ce qu’elle a décidé de ne pas intervenir, de renoncer à son rôle de régulateur ou d’arbitre ? Pour le moment, elle semble laisser se dérouler le spectacle affligeant que donne la caste politique locale. Mais est-ce qu’elle resterait les bras croisés quand il s’agira de désigner un nouveau président du Conseil et de former un nouveau Cabinet ? Laisserait-elle les rancœurs se développer et permettrait-elle la mise en place d’un gouvernement qui ne serait pas à la hauteur ? Admettrait-elle une aggravation de la crise socio-économique libanaise, qui pourrait déteindre sur ses propres intérêts économiques ? Actuellement, ces interrogations restent sans réponse. Il faudra voir après les élections.
Le mieux est l’ennemi du bien. En abattant trop tôt ses cartes, en faisant savoir d’entrée de jeu qu’il visait le retour au Sérail, le camp haririen a permis à ses adversaires de se regrouper et de se mobiliser à fond pour le contrer. Nombre de professionnels estiment ainsi que «la propagation de bruits selon lesquels le président Hariri était de nouveau persona grata...