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Actualités - REPORTAGES

Ecologie - La nature libanaise défigurée par les incendies de forêt Plus de 7500 hectares de terrains boisés ravagés par les flammes entre 1996 et 1999 (photos)

La Suisse de l’Orient a perdu ses couleurs. Défigurée de tous côtés par des carrières de sable et de pierres, elle est aussi envahie par le monstre du béton. Les incendies de forêt viennent aggraver davantage encore cette catastrophe écologique. Formant moins de 7 % de la superficie totale du pays, les pins et les chênes sont dévorés par les flammes de mai jusqu’à novembre. Un plan de lutte contre les incendies est devenu impératif pour que le Liban puisse sauvegarder ce qui reste de sa nature. «Les plus forts incendies de forêt ont eu lieu en 1998, souligne l’ingénieur Michel Bassil, chef du service de reboisement au ministère de l’Agriculture. D’après les statistiques, 7 587 hectares de forêts denses et moins denses ont été victimes des flammes de 1996 à 1999». Selon M. Bassil, qui se montre optimiste malgré tout concernant la couverture végétale au Liban, 70 000 hectares constituent encore des forêts denses couvrant plus de 10 % du territoire libanais. Par contre, les forêts moins denses qui couvrent moins que 10 % du territoire constituent 60 000 hectares. Les forêts du Mont-Liban sont les plus attaquées, avec 62 incendies recensés en 1999. Elles sont talonnées par celles du Liban-Nord, victimes de 58 incendies durant cette même année. «Les incendies sont pour la plupart dus à la négligence, à la malveillance et à une absence totale de conscience», déclare amèrement un membre du corps des sapeurs-pompiers de Beyrouth, qui ajoute à ce sujet : «Pour combattre ces incendies ravageurs, il faudra organiser des programmes de lutte commune avec les municipalités et les ministères de l’Intérieur, de l’Environnement et de l’Agriculture, ce qui n’est nullement le cas actuellement». Le ministère de l’Agriculture a proposé un plan d’action pour la lutte et la prévention des incendies dont le coût s’élève à 3 638 millions de livres. Mais avec un budget minime (0.05 % du Budget global est consacré au ministère de l’Agriculture), un tel plan a peu de chance d’aboutir. Des véhicules pour intervention rapide À défaut d’un plan global, des mesures ponctuelles sont envisagées. «Nous avons reçu de la France 26 voitures pour intervention rapide qui seront réparties entre les postes d’observation, indique à ce propos M. Ghattas Akl, directeur du développement rural et des ressources naturelles au ministère de l’Agriculture. Ces postes devront être réhabilités et équipés de tours de contrôle pour recevoir des gardes forestiers dans toutes les régions», précise-t-il. La tâche principale de ces véhicules consiste à effectuer des tournées d’inspection quotidiennes. Elles ne sont utilisées que pour la première demi-heure d’intervention contre les incendies puisqu’elle ne peuvent transporter que 600 litres d’eau seulement. Les citernes des sapeurs-pompiers doivent par la suite prendre la relève, avec des réservoirs de 10 000 litres chacun. Les municipalités devraient également aménager des réservoirs alimentés par la pluie pour faciliter le remplissage des citernes en forêt. Ces recommandations résumant la mission de M. Didier Dumay, chef de projet à l’Office national des forêts (ONF) en France et travaillant en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture, n’ont pu être appliquées en raison d’obstacles d’ordre administratif. Durant sa mission de trois ans, terminée en mai 2000, M. Dumay, envoyé en sa qualité d’expert par le gouvernement français, a entrepris la formation de 150 gardes forestiers et 16 ingénieurs pour la prévention des incendies forestiers. M. Kozhaya Hanna, ingénieur agronome et spécialiste en lutte biologique, a suivi de près l’entraînement dans un site expérimental pour l’aménagement des forêts. «À Hardine, au Liban-Nord, un site de 100 hectares a été élagué à hauteur d’homme, le principe consistant à séparer les branches du sol pour prévenir les incendies qui se propagent de bas en haut», a-t-il expliqué. Les pins sont plus susceptibles de brûler que les cèdres et les chênes puisque leurs aiguilles tombées au sol attirent tout de suite les flammes. L’hélicoptère plutôt que le canadair L’intervention aérienne est aussi importante, selon M. Dumay, puisqu’elle ne pose pas beaucoup d’obstacles et assure un accès rapide aux lieux. Il a toutefois déconseillé le recours aux canadair, ces avions utilisés en Europe pour ce genre de lutte. Le canadair, affirme-t-il, nécessite un espace vaste pour atterrir. Il doit être approvisionné en eau de mer et ne peut pas lutter contre un incendie de forêt s’il y a beaucoup de vent. Par contre, l’hélicoptère est plus adapté au relief accidenté des montagnes libanaises et peut voler en période de vents forts. Il est toutefois recommandé d’équiper l’hélicoptère d’un réservoir inhérent pour économiser l’eau et lutter contre les flammes d’une manière plus efficace au lieu d’y attacher un seau conformément à la méthode du «Bambi Bucket». Les forêts du Liban ont besoin de l’application d’un plan de gestion à long terme. Ce plan a été présenté par l’ONF dans le cadre du Projet européen d’assistance à la protection de la couverture végétale au Liban (PAPCVL) de l’Union européenne. Il consiste à améliorer le pastoralisme pour le respect de la forêt et vise à trouver de nouveaux sites adaptés à plusieurs genres de reboisement. Il ne sert à rien de pleurer ce qui a été détruit. Il faudrait mieux, plutôt, penser à rétablir la beauté de nos collines. Nous n’avons pas su sauvegarder l’héritage de nos ancêtres, mais nous pouvons encore faire de ce pays un véritable paradis suisse. Encore faut-il que les Libanais se mettent à la tâche pour redonner un peu de vie à nos sites naturels.
La Suisse de l’Orient a perdu ses couleurs. Défigurée de tous côtés par des carrières de sable et de pierres, elle est aussi envahie par le monstre du béton. Les incendies de forêt viennent aggraver davantage encore cette catastrophe écologique. Formant moins de 7 % de la superficie totale du pays, les pins et les chênes sont dévorés par les flammes de mai jusqu’à...