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Actualités - INTERVIEWS

P. Daccache : il faut retrouver l'unité du Liban, d'abord dans les régions (photo)

Pierre Daccache commence sa journée de travail tôt. Très tôt. Et lui aussi est tout sourire. Avec la sérénité et l’assurance d’un vieux loup de mer qui dirige son navire calmement et sûrement. Comment il explique son alliance, qui dure depuis quatre ans, avec le Hezbollah et qui peut paraître pour certains un peu contre nature ? «Il faut briser les barrières, toutes les barrières nées de la longue guerre libanaise. Cette guerre qui a été tout sauf celle des autres, ou la guerre contre les Palestiniens, rappelons-nous Kissinger, “Le Liban n’est pas une nécessité”». Pour Pierre Daccache, il n’y a rien de pire qu’«une maison qui se fissure, qui se scinde, et le résultat de tout cela, c’est la séparation entre chrétiens et musulmans, leur isolement : c’est une catastrophe, et il faut retrouver l’unité du Liban, et d’abord dans les régions». Et Pierre Daccache de rappeler qu’il a été le président de la commission politique du synode organisé pour le dialogue islamo-chrétien. Les raisons de cette alliance ne sont donc ni tactiques ni stratégiques ? «Aucunement. Cette alliance est l’assurance que les chrétiens sont capables de tendre la main à tout le monde pour reconstruire le Liban». Et Pierre Daccache de citer Jean-Paul II, «Le Liban est plus qu’une nation, c’est un message», et de rappeler qu’il jouit d’une affection certaine au sein de la communauté musulmane, chiite en particulier. «On ne peut pas me taxer de calculateur, vu que mon alliance avec le Hezbollah a eu lieu au moment où les relations islamo-chrétiennes n’étaient pas acceptées, au moment où le Hezbollah était refusé par tous les chrétiens». Et pourquoi a-t-il autant tardé à rejoindre la liste Arslane-Hélou ? Sa décision est-elle aussi dépendante de celle du parti islamique ? «Absolument pas. J’ai attendu que le Hezbollah prenne sa décision pour afficher la mienne, et chacun de nous se positionne en toute indépendance». Pourquoi donc avoir choisi d’adhérer à cette liste plutôt qu’à celle parrainée par Walid Joumblatt ? «J’ai de très bons rapports autant avec l’un qu’avec l’autre, simplement ma question a été “où va le Hezbollah ?” Je ne voulais pas qu’eux me suivent et assumer ainsi à moi seul, comme aux précédentes élections, toute la responsabilité des résultats». Nous avons interrogé Pierre Daccache sur les relations qui prévalent entre les différents colistiers. «Tous les petits problèmes de départ ont été aplanis, nous sommes maintenant une vraie équipe, une et une seule, nos relations sont très bonnes». Et comment cela se passe entre Élie Hobeika et le Hezbollah ? «Je fais de mon mieux pour créer la confiance et je pense que je vais y réussir». Et le découpage électoral ? «Il n’a pas été à la hauteur des espérances que les Libanais ont placées en lui. J’essaie de tirer le meilleur de ce qui n’est pas et de corriger autant que possible les dégâts de la loi 2000 et j’espère que sa chance sera meilleure que celle de Taëf». Quelles sont les conditions pour tenter de réduire ses effets nocifs ? «La neutralité de l’État, des cartes électorales non falsifiées et pas de préfabrication ! Les Libanais peuvent commencer à changer en votant massivement, selon leur conscience et non pas leurs intérêts». Et Pierre Daccache est pragmatique, réaliste, certains diront cynique : «Il faut voter, même si l’on ne peut pas arriver à un Parlement représentatif à 100 %». Quant aux relations syro-libanaises, Pierre Daccache demande «la bonne foi, le respect mutuel», espère simplement que «les Libanais puissent aimer les Syriens et non plus les craindre». La réconciliation nationale enfin. «Tout le monde a gouverné au nom de Taëf en le violant, notamment avec la loi électorale. Tout pouvoir qui va à l’encontre de la charte de coexistence n’a aucune légitimité et tous ceux qui ont gouverné n’en ont pas eu de légitimité. Tous les Libanais et tous les observateurs savent que la réconciliation nationale n’a pas encore eu lieu et que sa base, c’est le retour des déplacés». Et Pierre Daccache de conclure : «Il faut que l’on soit prêts lorsqu’il y aura la paix, qu’il y ait une veilleuse au sein du futur Parlement, au moins dix députés désintéressés».
Pierre Daccache commence sa journée de travail tôt. Très tôt. Et lui aussi est tout sourire. Avec la sérénité et l’assurance d’un vieux loup de mer qui dirige son navire calmement et sûrement. Comment il explique son alliance, qui dure depuis quatre ans, avec le Hezbollah et qui peut paraître pour certains un peu contre nature ? «Il faut briser les barrières, toutes les...