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Actualités - REPORTAGES

Festival de Baalbeck - L'ensemble al-Kindi dans le temple de Bacchus Splendeurs de la musique arabe (photos)

Quatre cents spectateurs ont pu assister, le temps de deux soirées, vendredi et samedi derniers, au concert donné par l’ensemble de musique classique arabo-andalouse al-Kindi. Celui-ci était accompagné par de grandes voix du chant arabe : Hamza Shakkur pour la ferveur soufie dans la première partie du programme, Sabri Moudallal et Omar Sarmini pour les chants poétiques dans la seconde. L’ensemble al-Kindi, du nom d’un des grands musicologues arabes du IXe siècle, a été fondé en 1983 par Julien Weiss. Il est au plus proche de la tradition arabe, c’est-à-dire du takht : «Je suis entièrement opposé à l’intervention des instruments modernes ou, pire, électroniques», affirme Julien Weiss, toujours vêtu de noir lors de ses apparitions sur scène. «Le violon ou le piano électrique détruisent la tradition. Pour ma part, j’ai tenu à réintroduire, non sans difficulté, le kamanja, l’ancienne vièle du takht originel». Pour retrouver la pureté de la musique arabo-andalouse, Julien Jalal Eddine Weiss, converti depuis son immersion dans l’Orient à l’islam, a complètement changé de vie. Le Parisien qu’il était se dit être «sorti de sa condition de primate urbain». «J’ai ressenti peu à peu le besoin pressant de me libérer du dogmatisme occidental, qui est pour moi l’équivalent d’une pollution mentale», assure-t-il en évoquant la musique et la culture actuelles. Stakhanoviste et homéopathe Après avoir découvert avec enthousiasme, en 1977, la musique du oudiste irakien Mounir Béchir, il s’attelle à l’apprentissage de la conception orientale de la musique. «Je suis dans mon travail à la fois stakhanoviste et homéopathe, confie-t-il. Ce n’est qu’au bout de dix ans de recherches que j’ai pu fabriquer un qânoun à ma convenance. Tous les grands luthiers du monde arabe étant morts, j’ai dû me rendre en Turquie pour transformer et arabiser mon instrument». Résultat : le qânoun de Julien Jalal Eddine Weiss est plus grand que les autres, avec un angle modifié et des notes ajoutées. Sans parler du système micro tonal : «Je l’ai enrichi des vieilles intonations qu’on utilisait en Perse et qui disparaissaient peu à peu». On l’aura compris, le musicien est un puriste dans l’âme. Une qualité très appréciée par le public de Baalbeck, qui a largement réagi lors du concert, ponctuant les prouesses vocales et instrumentales de l’ensemble par des exclamations de plaisir et d’admiration. Autre innovation de Julien Jalal Eddine Weiss : il a rééquilibré la présence des instrumentistes, en tenant avant toute chose à s’entourer des meilleurs. Le public a ainsi offert d’immenses ovations au joueur de nay damascène Ziad Qadi Amin, au oudiste alépin Muhammad Qadri Dalal et au percussionniste égyptien («riqq») Adel Shams Eddine. Sans compter le respect impressionnant qu’une grande majorité des spectateurs a accordé aux virtuosités vocales des prières chantées de Hamza Shakkur, puis aux interprétations à double voix de Sabri Moudallal et d’Omar Sarmini des «muwashah» les plus connues. Les deux chanteurs n’ont pas hésité à se lever et à danser pour leur public, qui n’en attendait pas autant, surtout de la part de Sabri Moudallal, né en 1918. Le concert d’al-Kindi a clôturé en beauté et en qualité la saison des festivals. Il n’aura été troublé, comme tant d’autres, que par l’impolitesse et la goujaterie de certains éléments, qui confondent encore ce genre de manifestations avec les cocktails, les drive-in ou les kermesses, qui eux acceptent les mastications, les commentaires insipides et bruyants, les conversations téléphoniques et les déplacements aussi discrets que ceux de pachydermes. Comment peut-on avoir aussi peu de respect pour soi-même, les autres spectateurs et, plus encore, pour les artistes ? Une chose est sûre : grâce à la présence de balourds pareils, le Liban peut ramer longtemps et dur pour atteindre les cotes des pays civilisés.
Quatre cents spectateurs ont pu assister, le temps de deux soirées, vendredi et samedi derniers, au concert donné par l’ensemble de musique classique arabo-andalouse al-Kindi. Celui-ci était accompagné par de grandes voix du chant arabe : Hamza Shakkur pour la ferveur soufie dans la première partie du programme, Sabri Moudallal et Omar Sarmini pour les chants poétiques dans la...