Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Législatives - La liste de la Liberté voit le jour au Metn Nassib Lahoud expose son programme-réquisitoire(photo)

Pas de promesses pompeuses, de slogans creux, de rhétorique insipide. Nassib Lahoud s’est simplement fait l’écho des aspirations d’une large frange de la population libanaise, à travers son programme électoral qu’il a annoncé en même temps que la composition de sa liste qui croisera le fer avec celle de Michel Murr aux élections du Metn, dans 10 jours, soit le 27 août. Il ne l’a peut-être pas dit directement, mais chaque phrase du programme électoral – qui s’assimilait davantage à un discours politique – l’a répercuté : il serait illusoire de songer à résoudre les nombreux problèmes du Liban sans s’attaquer à l’essentiel : instituer l’État de droit, éliminer les anomalies qui entachent le système politique et qui faussent le jeu politique, et surtout, rétablir la liberté de décision libanaise, faire en sorte que les Libanais soient, de nouveau, maîtres de leur destin. Sensibles à ce point, précis les Libanais le sont sans doute. Le tonnerre d’applaudissements qui a ponctué l’appel à un rééquilibrage des relations libano-syriennes en atteste. Il n’est pas étonnant dès lors que M. Lahoud et ses colistiers aient choisi de donner à leur liste le nom de «Liberté». Celle-ci est composée, outre M. Lahoud de MM. Michel Samaha (grec-catholique), Auguste Bakhos (maronite), Riyad Abou Fadel (grec-orthodoxe), Walid Khoury (maronite) et Rafi Madayan (arménien-orthodoxe). Il s’agit d’une liste incomplète en l’absence d’un quatrième candidat maronite et d’un deuxième candidat grec-orthodoxe, qui n’ont pas été désignés exprès. «Nous ne nommerons pas de candidat maronite pour laisser la voie libre à une coordination électorale avec cheikh Pierre Gemayel», a expliqué M. Lahoud, confirmant ainsi l’existence d’une entente tacite avec le fils de l’ancien chef de l’État, cheikh Amine Gemayel. L’affaire de la deuxième candidature grecque-orthodoxe est tout autre. La liste Lahoud n’a toujours pas décidé si elle nommera ou non un deuxième candidat appartenant à cette communauté. L’important pour elle est d’assurer la victoire de M. Riyad Aboufadel et c’est cet objectif qui déterminera en définitive sa décision finale. Une bataille inégale La liste de la Liberté est consciente que la bataille qu’elle mènera contre celle du ministre de l’Intérieur est inégale, dans la mesure où elle ne possède pas les mêmes moyens dont ses rivaux sont dotés. «Si les législatives se déroulaient dans un climat libre et régulier, comme les responsables au pouvoir s’étaient engagés à les organiser, notre liste pourrait remporter une victoire éclatante. Compte tenu des circonstances actuelles, je considère que c’est la volonté et le courage des Metniotes face aux pressions exercées sur eux qui donneront à notre liste une chance de succès. C’est sur les Metniotes que nous comptons», a ajouté M. Lahoud. En 1996, ces derniers ne l’avaient pas déçu. Il avait été toutefois le seul à percer la liste Murr, en dépit de toutes les tentatives de barrer la route devant son accession à la Chambre. Ses électeurs avaient prouvé qu’ils étaient sensibles à son discours politique, à ses prises de position et peut-être, surtout, à sa constance. Égal à lui-même, M. Lahoud défend depuis des années les mêmes valeurs qu’il a d’ailleurs exposées dans son programme électoral. Un programme-réquisitoire dans lequel la liste de la Liberté dresse un triste bilan de l’action de l’État. C’est M. Lahoud qui a donné lecture du texte, après avoir posé avec ses colistiers pour la traditionnelle photo-souvenir. La composition de la liste de la Liberté a été annoncée au bureau du député à Horch Tabet en présence d’une foule enthousiaste qui a accueilli par un tonnerre d’applaudissements, les six candidats aux élections. «Ce sera la victoire totale, si Dieu le veut». Ce cri lancé par un partisan de M. Lahoud est couvert par les acclamations. M. Lahoud présente un à un ses colistiers qui sont à leur tour ovationnés, mais la salle explose pratiquement lorsque le député ironise en commentant les propos de M. Murr qui, la veille, avait affirmé s’attendre à ce que le candidat de sa liste le moins bien placé devance de 10 000 voix le candidat le mieux placé de la liste adverse : «Contrairement à ce que pense le ministre de l’Intérieur, les législatives donnent aux électeurs l’occasion d’exprimer leur point de vue et nous, nous faisons partie de ces personnes qui attendent le résultat des élections à partir du moment où elles prennent fin et qui ne les annoncent pas avant même qu’elles ne soient organisées. Nous comprenons toutefois que le ministre de l’Intérieur ait besoin de relever le moral de ses partisans». Les relations libano-syriennes M. Lahoud est encore plus ovationné lorsqu’il aborde le volet libano-syrien. «Rétablir la souveraineté (libanaise) commande une révision, en profondeur et avec sincérité et courage, de tous les dossiers liés aux rapports libano-syriens, de manière à consolider l’indépendance et la souveraineté des deux pays, sur base du respect réciproque et de l’établissement de relations solides et sincères entre eux». La liste de la Liberté estime que Beyrouth et Damas doivent s’attaquer à trois dossiers : – «La présence syrienne : déterminer si elle est encore nécessaire sur le double plan stratégique et de sécurité et (fixer) sa durée. – «Le déséquilibre qui caractérise la vie politique au Liban et qui est dû aussi bien à l’immixtion syrienne dans des affaires purement libanaises qu’à l’exploitation par certains politiciens de la présence syrienne qu’ils mettent à profit pour influer sur l’équilibre interne. – Les relations économiques entre les deux pays, le déséquilibre au niveau des échanges commerciaux, l’affluence de la main-d’œuvre syrienne (au Liban) ainsi que les perspectives de complémentarité fructueuse pour les deux pays». Mais les six candidats qui plaident en faveur d’un déploiement de l’armée au Liban-Sud insistent plus particulièrement sur l’établissement de l’État de droit, dans un chapitre intitulé La réforme de la réforme et l’édification de l’État inexistant. Le ton est ainsi donné. Il est poli, mais tellement sévère, voire accusateur. Une série de reproches Dans son programme-réquisitoire, la liste Lahoud fait éclater toute sa déception. Elle ne lésine pas sur les détails. «Chaque jour qui passe, nous sentons à quel point l’État de droit est loin d’être établi et à quel point le fossé entre la parole et l’action est large et menace le principe même de l’État». Affirmant leur détermination à continuer de lutter contre «toutes les tentatives visant à dénaturer la réforme et à miner l’édification de l’État de droit», les six candidats notent que «ce n’est pas en éliminant une des trois autorités ou en mettant une autre au service d’une institution ou de personnes, aussi haut placées soient-elles, qu’on règle l’anomalie que représente la complicité entre les pouvoirs». Ils déplorent «le clientélisme pratiqué par quelques personnes influentes», «la politisation de la justice», «l’ouverture discrétionnaires de dossiers» judiciaires, «les règlements de comptes politiques pour dompter les opposants et apprivoiser la vie politique», «la répression des manifestations après avoir prétendu les avoir autorisées», «les atteintes aux libertés publiques et personnelles», «la surveillance des lignes téléphoniques», «l’interdiction de la distribution de la presse étrangère» et «l’ingérence des services dans la vie politique et administrative ainsi que dans la vie privée de la population». C’est contre toutes ces anomalies que la liste de la Liberté entend lutter. M. Lahoud se défend toutefois de désavouer le discours d’investiture du président Émile Lahoud. «Nous considérons que ce texte constitue une bonne base pour lancer le processus de réforme, mais notre communiqué reconnaît que ce qui se passe sur le terrain actuellement va à l’encontre du discours d’investiture. Notre but est d’obtenir l’application des slogans brandis par le président Lahoud». Il rejoint M. Walid Joumblatt dans son appel à la formation d’un gouvernement d’entente nationale et présente sa liste comme étant celle de «l’opposition par excellence». Tel un leitmotiv, la question de la réforme est de nouveau soulevée et c’est en réaffirmant son engagement à œuvrer pour «réformer la réforme – qui s’est soldée jusqu’à présent par un échec – dans un sens qui garantisse la réussite du mandat du président Lahoud» que M. Lahoud clôture sa conférence de presse. À dix jours des élections, le programme électoral de sa liste donne à l’électorat metniote une nouvelle matière à réflexion.
Pas de promesses pompeuses, de slogans creux, de rhétorique insipide. Nassib Lahoud s’est simplement fait l’écho des aspirations d’une large frange de la population libanaise, à travers son programme électoral qu’il a annoncé en même temps que la composition de sa liste qui croisera le fer avec celle de Michel Murr aux élections du Metn, dans 10 jours, soit le 27 août....