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Actualités - REPORTAGES

Société - La philosophie de l'amour du prochain vécue dans son sens le plus absolu Le mouvement Focolare au Liban : vie communautaire et solidarité(photos)

Ils ont cette réputation d’être généreux en sourires, prodigues en amour, d’une sérénité à toute épreuve. Les Focolari ont pris de l’envergure et leur mouvement a désormais un rayonnement mondial. Présent dans 182 pays, il compte plus de 80 000 membres internes, constituant le noyau, un million et demi d’adhérents et quelques millions de sympathisants. Au Liban, près de 500 personnes, Libanais, Jordaniens, Syriens et Égyptiens, se sont réunies il y a quelques semaines pour célébrer dans la joie, l’amour et le partage les retrouvailles des membres d’une communauté pas comme les autres. Il y avait les anciens, ceux qui ont accompagné le mouvement depuis ses débuts et qui sont déjà bien familiers avec ce type d’ambiance bien particulier. Il y avait aussi les nouveaux, venus sur invitation d’un membre Focolare ou encouragés par des amis qui «en ont entendu parler». «Tu verras, c’est une ambiance extraordinaire», leur avait-on promis avant leur arrivée au couvent, qui allait abriter, 4 jours durant, les familles accompagnées de leurs enfants, des jeunes et des moins jeunes, toutes catégories sociales confondues. Ils sont venus partager un long week-end de vie en communauté, baptisé Mariapolis (la ville de Marie), un peu à la manière des saint-simoniens, ces utopistes du XIXe siècle à la recherche d’un idéal communautaire. Une fois les noms inscrits, le badge bien épinglé en haut du vêtement, une première rencontre rassemble sous une grande tente les participants, histoire de faire un peu connaissance. C’est avec le personnage central, Chiara Lubich, fondatrice du mouvement, que le public devra se familiariser en premier, par vidéo interposée. Une femme, dans les 80 ans, encore en pleine forme, apparaît sur le petit écran. Un tonnerre d’applaudissements accueille ses premières paroles. Élégante, charismatique, elle expose, un par un, les préceptes d’un mouvement dont la croissance n’a jamais été véritablement planifiée, semble-t-il. «L’amour du prochain», «l’unité», «la solidarité», des thèmes récurrents et fondateurs d’une spiritualité interprétée et vécue dans le contexte de l’Évangile. Mais là où réside toute l’originalité de ce mouvement, c’est dans sa philosophie de l’Amour, vécue dans son sens le plus absolu, celui qui va contribuer «à raviver l’unité entre les catholiques, entre chrétiens de tous bords, mais aussi avec les croyants d’autres religions, ainsi qu’avec les non-croyants», d’où la dimension universelle, multi-confessionnelle du mouvement Focolare, dont l’homme est au centre de ses préoccupations. C’est à lui que les «volontaires» et les «Focolarinis» vont s’intéresser durant ces quatre jours de vie communautaire. Contacts et témoignages Grâce à un petit jeu simple où il s’agit de retenir les noms des personnes du même groupe, les participants vont entreprendre un premier contact, qui sera nourri les jours suivants par des témoignages, des thèmes de réflexion et des activités de groupe couronnées par un spectacle final organisé par la collectivité. L’idée de l’unité et de la cohésion entre les participants ne sera à aucun moment absente de cette manifestation organisée avec et pour la communauté. On se partage les corvées, et tout le monde s’active pour le bien commun. Un noyau social s’organise en quelques heures : les plus doués font la cuisine, d’autres s’occupent des tâches ménagères, il faudra aussi prévoir quelques volontaires pour garder les plus petits. Une véritable fourmilière, gouvernée par l’Amour comme ils disent, soudée, gérée comme par une main magique. Et toujours ce sourire imperturbable, qui garnit les visages et illumine les regards. «Le sourire, c’est un don, dira Chiara Lubich. Nous l’exprimons souvent sur notre visage. Il se peut que nous nous trompions en le manifestant à certaines occasions. Il n’en reste pas moins vrai que le sourire est l’uniforme du Focolarino». Ils y croient. Ils le vivent. Ils le communiquent aux autres, et comme une contagion, le sentiment se propage au fil des heures, au fil des jours, et perce les cœurs, les âmes, envahit les esprits. Peut-on rester insensible à une ambiance aussi bienveillante, où règne l’altruisme et où chacun sans exception s’évertue à donner le meilleur de lui-même ? Il n’est pas évident que cet environnement puisse séduire tout le monde. Certains n’accrochent pas tout de suite, ou pas du tout. Ils restent un peu suspects, voire perplexes, devant cette charge spirituelle, et ce débordement d’émotions que ne peut appréhender la rationalité. Légitime. Pourtant, ils sont nombreux à témoigner de leur conviction, de leur attachement à ce mouvement, dont les enseignements ont séduit des millions de personnes aux quatre coins du monde. «J’ai parcouru tous les mouvements de gauche dans ma jeunesse, à la recherche de cet idéal de justice et d’humanisme», témoigne Pierre Baaklini, devenu aujourd’hui un Focolarino. Ce n’est que quelques années plus tard, lors d’un Genfest (festival des jeunes organisé par les Focolari) auquel il avait participé, que Pierre a trouvé la réponse à ses questionnements. Depuis, il s’est consacré au mouvement, se dévouant entièrement à sa cause. Regroupant dans ses rangs toutes les professions, le mouvement rassemble des personnes engagées dans les milieux de l’éducation, de la santé, de l’économie, de la politique, de l’art etc. Ils cherchent à traduire en actions concrètes des convictions de fraternité universelle. Loin de vivre un idéal détaché de la réalité de tous les jours, leur action s’enracine dans le quotidien et trouve son inspiration dans des œuvres de développement local. Échelle de valeurs À force de forger, on devient forgeron. En effet, petit à petit, la cohésion s’installe et les nouveaux ne se distinguent plus des anciens. Une sorte de communion humaine se crée, formant ainsi une grande famille autour d’une échelle de valeurs qui sera vite intériorisée par les nouveaux venus. Les prières viennent ponctuer les activités de théâtre, de musique, de danse, d’archéologie et autres. Durant la messe, les participants musulmans, il y en avait quatre ou cinq au cours de ce camp, viendront rejoindre les chrétiens. Chez les Focolari, les barrières religieuses sont abolies. «Alors que les structures ecclésiastiques ne laissaient aux fidèles qu’une place sur les bancs de messe du dimanche, le mouvement des Focolari a redonné aux laïcs leur poids et leur importance», notaient récemment une journaliste italienne. On pourrait même ajouter que le mouvement, d’inspiration spirituelle, a réussi à se donner une dimension terrestre à travers une large diffusion et grâce à des initiatives liées aux besoins de notre temps. Car ce qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est qu’une grande part est laissée aux nouvelles générations, placées au cœur de ce mouvement de renouveau. «Jeunes pour un monde uni», un thème central dans la pensée focolare : unité entre les générations, entre personnes de diverses ethnies, races, populations, cultures… Un idéal qui semble bien adapté à l’ère de la globalisation. Les jeunes étaient nombreux à cette Mariapolis, et leur témoignage d’une fraîcheur spontanée : «S’il existe un paradis, ce serait celui-là», clame ainsi une adolescente. Les larmes couleront abondamment le dernier jour à l’heure des adieux. Le paradis de l’Amour doit fermer ses portes, et l’heure est venue de retourner dans l’arène quotidienne là où il faudrait mener le vrai combat. Seulement maintenant, les Focolari et leurs sympathisants se sentent un peu mieux armés et prêts à reprendre la route. Il n’en reste pas moins que le défi est grand, très grand. Qu’importe, quand on porte en soi autant de foi et d’amour.
Ils ont cette réputation d’être généreux en sourires, prodigues en amour, d’une sérénité à toute épreuve. Les Focolari ont pris de l’envergure et leur mouvement a désormais un rayonnement mondial. Présent dans 182 pays, il compte plus de 80 000 membres internes, constituant le noyau, un million et demi d’adhérents et quelques millions de sympathisants. Au Liban,...