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Actualités - ANALYSE

Législatives - Selon nombre de professionnels Le pouvoir serait prêt à intervenir pour faire respecter les quotas

Maintenant que les listes, proclamées ou pas encore, complètes ou pas, sont connues, il devient possible d’établir la carte de la bataille électorale. Et de se livrer à des pronostics assez pointus concernant la configuration de la prochaine Chambre. Les professionnels relèvent que des leaders déterminés espèrent faire passer une liste entière, alors que d’autres ne jouent que pour tenter une percée. Dès lors, toutes sortes de surprises peuvent survenir. Comme la chute de candidats forts ou, inversement, la victoire de listes entières, malgré le fort taux de panachage prévu pour la présente édition dans la plupart des circonscriptions. Selon ces observateurs, le découpage effectué par le pouvoir avait pour but de laisser passer un large nombre de figures de proue, tout en faisant barrage à certains indésirables, du premier ou du deuxième rang. Après quoi, ajoutent ces sources, le pouvoir n’intervient que si un leader tente de faire main basse sur une part plus grande que celle qui lui a été dévolue, en marchant sur les plates-bandes d’autrui. «Ainsi, relève un de ces politiciens, Beyrouth a été découpé de manière que MM. Hariri, Hoss et Salam aient chacun une circonscription. Si l’un d’eux devait essayer de faire battre le voisin, le pouvoir utiliserait la réserve de paquets de voix qu’il a constituée, notamment dans la deuxième et dans la troisième circonscription». Autrement dit, pour protéger MM. Hoss et Salam des visées de M. Hariri, qui pour sa part se présente dans la première. Ce spécialiste ajoute qu’il n’est pas question «de laisser MM. Hoss et Salam courir à la déroute, en passant seuls sur leurs listes respectives. On repêcherait d’urgence leurs colistiers en péril, grâce au stock dont dispose le pouvoir». Un capital qui reste énigmatique : s’agit-il de voix de disparus, d’émigrés qui voteraient à leur insu ? «Pas nécessairement, répondent les professionnels. Il s’agit plutôt de voix, engrangées par des partis loyalistes, ou d’autres instances, que l’on peut mobiliser en cas de vrai besoin mais qui, autrement, feraient abstention». «En montagne, poursuit la personnalité citée, on a voulu donner le Chouf à M. Walid Joumblatt et, pour équilibrer, Aley à l’émir Talal Arslan. Cela en tenant compte que chacun d’eux peut supporter chez lui une percée de deux ou trois adversaires. S’il devait y avoir des signes de débâcle, pour l’un ou pour l’autre, le pouvoir inonderait là aussi les urnes de ses paquets de voix tout fait, pour ramener les choses aux normes décidées». Selon ces sources, «au Kesrouan-Jbeil, M. Georges Frem pense faire passer toute sa liste, avec la possibilité de la perte d’un siège ou deux. M. Farès Boueiz livre une bataille pour le succès de la moitié au moins de sa liste. Il faudra voir combien la troisième liste va prendre à chacune des deux premières, et à chaque candidat. Étant donné la dislocation des centres de force, le pouvoir semble partager ses propres poulains entre les trois groupes. Ce qui devrait lui permettre de mieux contrôler la balance et les résultats». Passant ensuite au Nord, ces scrutateurs attribuent «à M. Issam Farès le projet de faire passer toute sa liste dans la circonscription de Akkar-Bécharré-Dennyé. Tandis que la liste concurrente aurait pour but de réussir quelques percées. À Tripoli-Zghorta-Koura-Batroun, M. Sleiman Frangié espère faire élire la plupart de ses colistiers. Tandis que le président Omar Karamé et Mme Nayla Moawad ont l’intention de le contrer totalement, et de réussir de leur côté à faire passer le plus grand nombre de candidats». Au Sud, «il est vrai que la liste Berry-Hezbollah semble devoir tout écraser. Mais il n’est pas exclu qu’elle subisse la surprise d’une ou plusieurs percées», estiment ces observateurs. Pour qui le même scénario peut se produire «à Zahlé, pour la liste principale Skaff, confrontée à des “perceurs” potentiels. Idem dans la Békaa-Ouest, où les députés actuels font de nouveau équipe. Et la même chose aussi pour la liste Hezbollah-Husseini à Baalbeck-Hermel. Partout donc, les listes dominatrices sont susceptibles de perdre un siège ou deux». «En tout cas, notent enfin ces politiciens, le pouvoir a pris soin pour sa part de ne jamais mettre tous ses œufs dans un même panier. Il a réparti ses hommes entre différents groupes, outsiders compris. Par la suite, il les réunira dans un même bloc parlementaire, comme du temps du président Chehab. À moins qu’on n’adopte une formule moins voyante, les députés loyalistes restant dans des blocs régionalisés mais votant comme un seul homme aux côtés du pouvoir, quand il aura besoin d’eux».Reste à savoir si les Libanais, qui aiment autant le panachage que le panache, ne voudront pas plutôt favoriser l’opposition par leurs votes.
Maintenant que les listes, proclamées ou pas encore, complètes ou pas, sont connues, il devient possible d’établir la carte de la bataille électorale. Et de se livrer à des pronostics assez pointus concernant la configuration de la prochaine Chambre. Les professionnels relèvent que des leaders déterminés espèrent faire passer une liste entière, alors que d’autres ne...