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Actualités - ANALYSE

Le Mont-Liban, une taille standard adoptée partout ailleurs

Au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’heure H, le ton monte. C’est du reste assez normal : dans une kermesse ou une foire, les bateleurs haussent la voix, pour compléter la recette, quand le moment de la fermeture approche. Il faut donc racoler le chaland et rien de mieux comme préliminaires pour un spectacle de catch, que les surenchères dans les invectives. Mais, tout en se vilipendant les uns les autres, les candidats se retrouvent généralement d’accord pour tomber à bras raccourci sur cette entité vague que sont «les services» et sur un pouvoir dont on ne comprend jamais quels sont les véritables tenants. Est-ce le régime, est-ce Damas, est-ce le Sérail ? Pas du tout, répond par exemple un Omar Karamé qui pointe le doigt sur «un service libanais», sans vouloir préciser pour le compte de qui il travaille. Et les autres accusateurs ne le cèdent en rien, question flou artistique, à l’ancien président du Conseil. Il reste que la campagne a nettement dégagé une ligne d’attaque dirigée contre l’immixtionnisme et même des loyalistes y participent ! Selon un pôle influent «nul n’en serait arrivé là si les interventions étaient restées cantonnées dans des limites raisonnables. Mais “on” exagère : les pires moyens d’intimidation, comme les offres les plus alléchantes, sont mis en œuvre, sans aucun souci de discrétion. Comme si les bonshommes chargés de ce démarchage des candidats ou des clés électorales avaient pour véritable mission de discréditer le pouvoir». Cependant, les visiteurs de Baabda en ressortent avec une conviction absolue : si des maladresses sont commises, le régime n’y est pour rien. Car il tient à rester scrupuleusement à égale distance de tous les compétiteurs en lice. Une impartialité que mentionnent ou reconnaissent publiquement des opposants aussi en vue que MM. Walid Joumblatt, Nassib Lahoud ou Farès Boueiz. Qui se plaignent par ailleurs, tout comme M. Karamé, de parasitages persistants de la part des «services». Des protestations auxquelles le patriarche Sfeir a fait largement écho dans son sermon dominical, en déplorant le niveau peu reluisant du débat politique et le langage incorrect tenu par certains pôles. Il reste que les immixtions en question se seraient produites dans la fabrication de listes regroupant des éléments dont la présence sous la coupole est souhaitée, même si leurs inclinations personnelles ne les portent pas à s’entendre. Il y a eu ainsi, ça ou là, des «listes principales» qui ont pris corps et qui, sans être invincibles, semblent arithmétiquement assurées de réaliser d’excellents scores. En revanche, les «indésirables» ont été soit forcés à se retirer de la course, faute de listes pour les accueillir, soit contraints à faire cavalier seul, ce qui réduit leurs chances de passer. L’on a eu également recours à l’astuce de la dislocation, la multiplication des listes étant censée porter préjudice à l’opposition dans ses terres (d’élection !), comme cela s’est vu au Kesrouan-Jbeil où non moins de quatre formations s’affrontent. Une personnalité de cette région note que «le modèle adopté au Mont-Liban est étendu à d’autres régions. Les procédures d’immixtion sont expérimentées, puis perfectionnées ici avant d’être appliquées ailleurs. Dans la fabrication des listes, on s’ingénie à séparer les loyalistes souhaités des opposants qu’on veut rejeter, surtout s’ils ont électoralement tendance à s’allier, comme cela s’était fait en 1996. De la sorte, la deuxième catégorie a moins de chances de percer. Ainsi, par ce barrage savant, ce n’est plus à une élection démocratique que l’on procède, mais à un plébiscite indirect destiné à faire ratifier par les urnes les choix du pouvoir». Mais ce pouvoir, qui le détient au juste ? C’est là la grande énigme. Car aux dires d’un loyaliste proche du camp de M. Hoss, «c’est en réalité les gens de M. Rafic Hariri qui s’ingénient à faire des montages un peu partout pour que, par un jeu subtil d’alliances diversifiées, parfois avec des pôles opposés entre eux, l’ancien chef de gouvernement se retrouve à la tête d’un vaste bloc parlementaire, ou du moins au cœur d’un important front politique, après les élections. Pour reprendre le Sérail». – Toujours est-il que selon une source informée «au Mont-Liban, le pouvoir s’est vu délivrer carte blanche par les décideurs. Ainsi certains puissants ont vu d’un mauvais œil l’apparition sur la scène électorale de M. Carlos Eddé et se sont ingéniés à lui mettre des bâtons dans les roues. Ils ont voulu le placer sous contrôle. Il lui a donc été demandé de signer un engagement d’alliance politique permanente avec M. Georges Frem, dans le cadre d’un bloc parlementaire unifié. Et de signer également un document promettant de soutenir le pouvoir. Bien entendu, le nouveau Amid du Bloc national a refusé de se laisser enchaîner de la sorte et de trahir la ligne opposante de Raymond Eddé. Il a donc préféré déclarer forfait».
Au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’heure H, le ton monte. C’est du reste assez normal : dans une kermesse ou une foire, les bateleurs haussent la voix, pour compléter la recette, quand le moment de la fermeture approche. Il faut donc racoler le chaland et rien de mieux comme préliminaires pour un spectacle de catch, que les surenchères dans les invectives. Mais,...