Grande-Bretagne - Un député propose de marquer électroniquement les délinquants sexuels Après l'enterrement de la petite Sarah, le débat sur les pédophiles relancé

Le débat sur les pédophiles en Grande-Bretagne, mis entre parenthèses samedi le temps d’un hommage émouvant à la petite Sarah Payne tuée par un maniaque, a repris dès hier avec les propositions du leader conservateur William Hague de durcir la loi contre les délinquants sexuels. Le chef de l’opposition a préconisé des peines de prison à vie systématiques pour les pédophiles récidivistes. Dans une lettre publiée par The Sunday Times, il explique qu’après avoir purgé leur peine, ces délinquants devraient être empêchés de retourner vivre à proximité de leurs victimes. M. Hague a aussi souhaité que les pédophiles relâchés soient astreints à un contrôle draconien, tant qu’ils sont susceptibles de réitérer leurs crimes. Ils pourraient par exemple, a-t-il proposé, être «marqués» électroniquement de façon indéfinie, afin d’être suivis à la trace. L’intervention du leader des Tories montre que le débat sur les pédophiles n’en finit en Grande-Bretagne, depuis que le corps dénudé de la petite Sarah a été retrouvé mi-juillet dans un champ. Le tabloïd News of the World avait ensuite pris l’initiative de «nommer et couvrir de honte» les délinquants sexuels recensés par la police en publiant leur nom et leur ville de résidence. La controverse et les dérapages qui ont suivi ont été tacitement oubliés samedi pour une cérémonie en hommage à la fillette de huit ans, qui a fédéré les cœurs des Britanniques. Ils étaient 800 à la cathédrale de Guildford (sud de l’Angleterre) et des dizaines de milliers devant leur écran de télévision pour suivre en direct l’office religieux à la mémoire de l’écolière. Son meurtre avait vivement choqué l’opinion publique qui s’était mobilisée pour la retrouver, tandis qu’une enquête policière d’ampleur exceptionnelle peine toujours à trouver son assassin. À la messe pleine d’émotion, parents, amis et beaucoup d’anonymes ont écouté les témoignages, relayés par des haut-parleurs autour de l’église, évoquer de façon poignante la fillette. «D’une façon extraordinaire, la mort de Sarah a touché des centaines de personnes et est devenue le centre d’un épanchement de compassion et de chagrin public», a commenté depuis son pupitre le révérend Ian Brackley. Cette remarque vérifiée chaque jour explique la sensibilité du débat qui secoue le pays depuis bientôt un mois et demi, entre pression de la presse populaire pour l’adoption d’une «loi Sarah» contre les pédophiles et accusations de récupération. La mère de Sarah a ainsi menacé vendredi d’organiser une manifestation à Londres si le gouvernement ne changeait pas la législation sur les crimes d’enfants d’ici à six mois. Cette femme respectée pour sa douleur et son courage avait défendu la campagne de News of the World, qui a pourtant débouché sur des manifestations parfois violentes et le suicide d’un homme harcelé par ses voisins. Le gouvernement, dans cette tourmente, a souvent été accusé d’immobilisme. «M. Hague sera sans aucun doute taxé de populisme», pronostique The Sunday Times, en ajoutant que ses propositions «valent (pourtant) la peine d’être étudiées». «Le lynchage n’est pas la solution, mais le discours ambigu ministériel non plus», ajoute le journal. Le ministre des Transports John Prescott, numéro 2 du gouvernement, a réagi dimanche, soucieux que son parti ne donne pas l’image d’être pris de vitesse par les Tories. «Nous accueillons favorablement beaucoup de propositions de M. Hague», a déclaré le ministre sur la BBC télévision, tout en affirmant que son gouvernement avait déjà entamé la réflexion sur la plupart d’entre elles.